Faute à moitié avouée est complètement pardonnée



Ce 12 mars 2000 restera une date historique pour tous les chrétiens passés, présents et futurs. Le pape Jean Paul II, par sa déclaration de repentance, lave en un instant des siècles d'oppression, de discrimination, de meurtres. Malgré les apparences, cette déclaration n'est pas destinée aux victimes du catholicisme ou aux anticléricaux. Non, ces propos n'ont pour objectif que, d'une part, laver la conscience des chrétiens et, d'autre part, réaffirmer la confiance qu'il doivent avoir en leur Eglise, une église diablement respectable puisqu'elle est capable d'actes de contrition. 2000 années balayées par quelques phrases, une manipulation adroite. Et pour fortifier cette confiance, le pape s'est bien gardé d'avouer que cette prise de position tardive est plus le fait d'une opposition anticléricale soucieuse des droits élémentaires de la personne humaine que d'une réflexion menée de longue date au sein de l'Eglise.

La secte suit désormais l'histoire, elle ne l'écrit plus, elle n'est plus en mesure de lui imprimer son mouvement et ne trouve son salut que dans la mode. La récupération et la mode sont ses dernières armes pour rester dans la course. On organise des megashows JMJ, on vend des CD...

Le phénomène de repentance est une stratégie efficace qui anesthésie la contestation par le recueillement et un cérémonial solennel. La repentance est un coup de gomme donné à un passé gênant sur lequel le croyant est désormais dispensé de revenir. La repentance est une diversion qui veut convaincre de la disparition des faits et actes pour lesquels on demande le pardon, ici l'autoritarisme religieux.

Mais plutôt qu'une déclaration à l'humilité dictée par les convenances, le pape eut mieux fait de donner des garanties sur l'avenir. On aurait certainement préféré entendre que les incitations et la participation au meurtre vus au Rwanda en 1994 de la part du clergé seront les derniers, on aurait aimé moins de conservatisme chrétien face au drame qui détruit actuellement l'Afrique en proie à une épidémie de SIDA où des millions de personnes sont condamnées à la mort. Mais de ceci le pape auto-amnistié n'a pas jugé utile de parler. Ni de son soutien à Pinochet, ni de la béatification du cardinal fasciste Stepinac. Chaque chose en son temps, doit-on dire au Vatican, laissons du travail pour son successeur. Le pontife romain sait bien qu'il est plus aisé d'endormir les consciences en tirant un trait sur un passé lointain qu'en abordant de front une actualité qui varie si peu depuis deux millénaires.

Et le 23 mars 2000, de passage à Jérusalem au mémorial sur la Shoah, Jean Paul II a bien regretté la tragédie juive de la seconde guerre mondiale mais a soigneusement évité de citer nommément son prédécesseur Pie  XII.La question de sa béatification est très actuelle au Vatican...



28 mars 2000

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