L'offensive anti-scientifique du Vatican




La secte vaticane a mené en novembre 2005 une offensive de grande ampleur contre l'insubordination de la science. Prudente, elle ne l'attaque pas directement, l'histoire a ses leçons qui l'en dissuade, mais tente de la modeler, de la détourner pour la vider de sa substance antidogmatique. Pour cela aucune piste n'est négligée et tous les champs de la recherche scientifique sont touchés par ces intrusions spiritualistes.

Du 9 au 11 novembre a été organisé un colloque intitulé "L'infini dans les sciences, la philosophie et la théologie", financé par la Fondation Templeton, spécialisée dans ce genre d'opération hypocritement baptisée "dialogue entre science et religion". La rencontre a eu lieu à l'Université pontificale du Latran dans le cadre du projet STOQ (Science, Théologie et Quête ontologique) et s'est ouvert sous la présidence du cardinal Poupard, président du conseil pontifical de la Culture et président du projet STOQ. Religion, culture et science, le cardinal Poupard résume à lui seul la stratégie de l'Eglise : mélanger les genres pour les déposséder de leur spécificité et rendre à la théologie, cette discipline du non-sens, son ancienne notoriété. Pour le cardinal, il s'agit "de créer un nouveau climat de dialogue à l'intérieur de l'Eglise catholique entre la culture scientifique...et notre vie quotidienne". Réduire la science à la "culture scientifique" est un premier pas habile. Et c'est sans modestie que l'un des organisateurs, Rodolfo Guzzi de l'Agence spatiale italienne, a annoncé que le colloque a pour ambition d'"essayer de répondre aux questions qui naissent des différentes théories scientifiques pour offrir une vision plus unitaire possible". La superstition au secours de la science, le bel altruisme catholique.

Des représentants de nombreux domaines ont été conviés à débattre sur la notion d'infini et, incidemment, cautionner l'offensive catholique contre le rationalisme (voir la liste des intervenants sur le site du STOQ). Mathématiques, cosmologie, anthropologie, philosophie et théologie, autant de thèmes abordés par quelques scientifiques, certes, mais aussi, et surtout, par des ensoutanés et des rabbins. L'antidogmatisme qui fonde la recherche scientifique est insupportable à l'Eglise et il convient d'y injecter les superstitions chrétiennes pour l'adoucir. Mêler élucubrations sur l'infini en théologie et la théorie du Big Bang ou l'infini mathématique n'est pas seulement élever une montagne d'absurdité sur la pensée libre, c'est aussi une étonnante cécité de la part de certains scientifiques qui acceptent, par naïveté, désinvolture ou goût des honneurs, de jouer contre leur camp.

Ces errements infinis étaient à peine terminés qu'un autre détournement de la science, biologique cette fois, s'est tenu au Vatican les 17 et 18 novembre sous la houlette du conseil pontifical pour la Pastorale de la santé. La cible a été l'autre grand combat de l'Eglise contre la modernité : le génome humain. Parmi les intervenants, des curés bien sûr mais aussi deux professeurs de l’université catholique du Sacré-Cœur de Rome, l'une de bioéthique et l'autre de génétique humaine.


Sources : Vatican information Service 3 novembre 2005, Zenit 1er, 3 et 10 novembre 2005


19 novembre 2005


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