Manuel Valls l'opportuniste : pour ou contre la laïcité ou le TCE, c'est selon la saison




Après Nicolas Sarkozy, c'est au tour de Manuel Valls de se prononcer pour une révision de la loi de 1905. Comme le ministre de l'Intérieur, Valls se déclare "partisan de l'argent public pour la construction des mosquées" dans un livre qui vient de paraître aux Editions Desclée de Brouwer, un éditeur pas franchement connu pour son anticléricalisme... Pourquoi pas, aussi, payer des pagodes aux bouddhistes, des cabinets de voyance aux astrologues et des soucoupes volantes aux raéliens ?

Mais Valls n'est pas entièrement réductible à un Sarkozy de gauche. Alors que le bouillant autant qu'incontrôlable ministre montre une réelle constance dans son soutien au communautarisme religieux par le souhait de voir la religion s'investir dans le champ social et prendre en charge ce qui incombe à l'Etat (cf. Georges W. Bush), Valls avait au contraire montré une saine fermeté dans l'affaire du Franprix d'Evry qui ne proposait ni porc ni d'alcool. Avec son attaque récente contre la loi de 1905, le député maire d'Evry n'est finalement qu'une girouette opportuniste qui cherche à s'acoquiner avec la majorité cléricale du PS qui va de François Hollande à Martine Aubry (et sa piscine réservée aux femmes musulmanes) en passant par Jack Lang (l'artiste qui, en plus d'accords mémorables avec le père Cloupet, avait réussi le tour de prestidigitation du financement public d'une partie de la cathédrale d'Evry via un fantomatique musée d'art sacré) et Bertrand Delanoë (qui a proposé qu'un lieu porte, à Paris, le nom de Jean Paul II).

Valls est en fait un facétieux car c'est un habitué des retournements de situations (et de veste). D'abord partisan du "non" au Traité pour une Constitution Européenne, il avait ensuite rallié le "oui" et nul doute que, si l'option "peut-être" avait été permise, il l'aurait embrassée avec le même enthousiasme. Après le TCE, c'est maintenant la laïcité qui est l'objet de ses passions contradictoires. Sans grand risque de se tromper, on peut faire le pari que d'autres errements suivront, toujours dictés par le sens du vent et de la majorité du PS.


19 novembre 2005


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