Le Département d'Etat américain critique

la France pour ses activités anti-sectes



Le Département d'Etat américain a publié le 9 septembre 1999 son rapport annuel sur la liberté religieuse dans le monde (voir le texte en anglais). Première constatation: les USA ne figurent pas dans ce rapport. Le ton est donc donné, ce texte est un cours de liberté religieuse que les USA entendent donner au reste du monde. En examinant ensuite la description qui est donnée de la situation française, les groupes mystiques américains peuvent être rassurés sur la pérennité de leur liberté d'embrigadement sur le sol outre-atlantique. La France est en effet affichée comme une terre de persécution des groupes religieux minoritaires.

Après un survol très bref de la loi de 1905, le rapport s'appesantit sur les mesures anti-sectes prises par le gouvernement français depuis 1995. C'est d'abord la commission Guyard qui est la cible des critiques américaines. Cette commission identifia en 1996 173 groupes comme sectes (voir le texte sur le site de l'Assemblée Nationale). Le texte prend soin de préciser que les Témoins de Jéhovah et l'Eglise Scientologie figurent parmi les victimes, groupes puissants aux USA tant en matière de manipulation qu'en masse financière. Le rapport américain reproche à la France de ne pas avoir informé ces groupes de leur classification comme sectes et des raisons qui y ont conduit. Il regrette aussi qu'aucune procédure ne permette à ces groupes de contester cette appellation. Les pratiques américaines consistent peut-être à demander aux groupes concernés l'autorisation de les classifier comme sectes... Le rapport déplore ensuite les pseudo-persécutions subies par ces sectes: "La publicité qui en est résultée contribua à une atmosphère d'intolérance et de partialité contre les religions minoritaires". Et pour montrer qu'il n'est pas seul, le texte se réfère à la Fédération Internationale Helsinki des Droits de l'Homme (FIHDH) qui avait adopté la même attitude en 1998.

La création de la mission interministérielle de lutte contre les sectes en octobre 1998 attise les critiques US qui accusent cette commission de "s'attaquer à des groupes non pas sur la base de leur activités illégales mais sur la base de leurs croyances religieuses ou autres."

Le chapitre chrétien est clos avec des considérations financières: les taxes infligées aux sectes à la hauteur de 60%. Avec, là encore, la précision que les Témoins de Jéhovah et l'Eglise de Scientologie sont les plus durement touchés. L'hypocrisie US n'a pas de limite quand elle se montre compatissante envers l'Eglise de Scientologie Internationale qu'elle qualifie d'organisation à but non lucratif (l'Eglise de Scientologie est maîtresse chez elle à Los Angeles où elle dispose d'une puissance financière considérable). On est ici en plein système américain où l'argent est un critère de notoriété et la taxation passe pour une atteinte à la liberté de faire du dollar comme on l'entend. Naturellement, l'avis hasardeux, en juillet 1997, de la Cour d'appel de Lyon permettant à l'Eglise de Scientologie de se prévaloir du titre de religion n'a pas échappé au rédacteurs du rapport qui aiguisent là une nouvelle arme contre le ministère de l'Intérieur.

Enfin, l'administration américaine transforme en discrimination religieuse de la part de la France l'incivilité de quelques uns, musulmans et sikhs, aux couvre-chefs inamovibles.

A trop vouloir jouer les défenseurs de la liberté religieuse, les Etats Unis pensent faire oublier leur laxisme voire leur complicité dans le développement des croyances les plus aberrantes et oppressives aux financements suspects, toujours basées sur un christ très rentable. Rien dans ce rapport volumineux sur le harcèlement des télévangélistes, sur les messes à grand spectacle où l'individu se fond dans un flot de fanatiques à la gloire du gourou, où sur les drames personnels engendrés par des sectes expertes dans l'art d'enfermer ses adeptes dans une soumission absolue.



21 septembre 1999


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