Le Collectif "Une école pour toutes et tous" échoue à rassembler contre la
laïcité à Paris
Malgré la pluie et malgré le vent, malgré l'islamophobie galopante et le
racisme laïque, le Collectif "Une école pour toutes et tous" a rassemblé une
cinquantaine de personnes le 9 octobre devant la Sorbonne à Paris.
Cinquante, c'est bien, mais moins bien que la centaine de présents à
Montreuil le 15 septembre et juste similaire à l'échec de Mantes la Jolie le
18. A ce rythme, une cabine téléphonique ou un confessionnal suffira bientôt
pour rassembler les rares défenseurs du port du voile musulman à l'école. Ce
samedi 9 octobre on a pu noter dans la maigre assistance transie et humide
la présence de Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts, John Mullen,
militant LCR responsable de la section de Montreuil du pieux Collectif,
ainsi
que quelques militants des JCR, une organisation déjà présente aux côtés des
barbus et des musulmanes voilées lors des manifestations islamistes des 4 et
14 février et 6 mars 2004.
Pendant que la sono s'égosille désespérément à égayer une ambiance morose,
les jeunes filles en foulard s'agglutinent sagement sous les parapluies. La
jeune fille voilée est une espèce grégaire qui se mêle peu aux mâles. Elle
goûte peu la musique non musulmane qui fait se trémousser les fessiers
impies ; le décalage entre les militantes non voilées du Collectif et les
"sœurs" voilées sages et prudes est manifeste et révélateur d'intérêts
distincts, pour ne pas dire opposés. Les féministes non musulmanes et les
athées anticléricaux fourvoyés dans ce Collectif contre nature pensent
défendre la liberté individuelle et combattre le racisme alors que les
fanatiques n'ont d'autre ambition que d'afficher une soumission absolue à
leur divinité, la généralisation du port du foulard étant l'avant-garde du
fascisme vert. Quelques barbus sont là et l'un d'eux, arborant une calotte
blanche qui le signale comme un croyant plus pieux que ses voisins, se
scandalise de la musique vomie par les haut-parleurs ("Ils auraient pu
enlever la musique américaine !"), sans aller toutefois jusqu'à se demander
si le microphone des orateurs est hallal.
Quatre intervenants vont se succéder en bravant la pluie fine, une épreuve
supplémentaire envoyée par un dieu peu compréhensif envers ses martyrs.
Ndella Paye et Vincent Geisser font le pari de dénoncer par l'absurde la loi
contre les signes religieux à l'école, amusement assuré. Pourtant, user de
la métaphore, de l'analogie ou de la moquerie n'a jamais constitué une
preuve de la validité d'un propos. Geisser n'a pas été le plus mauvais dans
cet exercice et le sociologue gagnerait à s'orienter professionnellement
dans le divertissement populaire, un clown n'étant pas censé dire le vrai
ou le faux, ni justifier son propos. L'inventeur miraculeux de la notion de
"musulman islamophobe" s'est ainsi livré à de basses attaques contre Fiammeta
Venner, Caroline Fourest et Ni putes ni soumises. Afin de ramener
l'auditoire à plus de sérieux, et malgré un taux d'hygrométrie désespérément
au maximum, Pierre Tévanian, enseignant en philosophie, a fustigé les médias
qui n'ont cessé de ressasser ces récits de femmes battues ou tuées en
Algérie, en Afghanistan, en Iran. A ces histoires, comme au témoignage de
Chahdortt Djavann, Tévanian préfère les lamentations de quelques
fanatiques au foulard pathologiquement rivé sur leur tignasse. Christine
Delphy conclue cette morne après-midi en apportant la caution isolée d'une
féministe égarée...
Après 1h30 de discussions et quelques tristes applaudissements, l'heure
n'est pas à la fête. La mobilisation diminue manifestation après
manifestation et confirme la tendance observée lors des défilés pro-voile
de l'hiver 2003-2004. Combien de réunions de plus en plus boudées par le
public, combien d'impressions de tracts qui resteront sans lecteur seront
encore nécessaires aux hérauts de l'antiracisme dissimulés dans le hidjab
pour admettre cette dure réalité : les français, ainsi que les étrangers
vivant sur le sol français, d'origine arabe ou maghrébine n'ont que faire de
ce militantisme archaïque qui consiste à réclamer, au 21e siècle,
l'application de traditions machistes venues du fond des âges et prônées par
toutes les religions. Pour sa survie, il est urgent que le Collectif
délaisse la promotion, en échec, du tchador à l'école pour orienter son
action vers d'autres actions d'utilité publique : l'interruption des cours à
l'heure des cinq prières quotidiennes, la séparation dans les cantines
scolaires des croyants et des koufars et la fourniture de plateaux repas
dans les écoles (un thé, quelques dattes et un baklava suffiront) pour la
rupture du jeûne du Ramadan qui a débuté le 15 octobre.
21 octobre 2004
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