Répression islamique accrue après les révolutions arabes





Tunisie

En Tunisie, les lendemains de la révolution déchantent : les islamistes d'Ennahda ont conquis le pays neuf mois après que l'insurrection ait chassé Ben Ali. La répression islamique n'attendait que cela pour châtier les mal-pensants :

1/ Diffusion de Persepolis

Le patron de la chaine de télévision Nessma, Nabil Karoui, a été condamné début mai 2012 à une amende de 2400 dinars (1200 euros) "pour la diffusion au public d'un film troublant l'ordre public et portant atteinte aux bonnes mœurs" (Le Monde 3 mai 2012). Il est reconnu coupable d'avoir diffusé en octobre 2011 l'excellent dessin animé Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. L'objet du délit : le bref instant où apparaît le visage d'Allah, ce concept fantaisiste qui alimente guerres et intolérance depuis des millénaires. Les salafistes réclamaient une peine de prison.

Un technicien de la chaîne et une responsable de la version en dialecte tunisien ont aussi été condamnés à une amende inférieure de moitié à celle du patron de la chaine (Le Point et AFP, 3 mai 2012).

2/ Caricatures de Mahomet

Deux athées de Mahdia, Jaber El Majri et Ghazi El Beji, espéraient que la révolution tunisienne allait engager rapidement le pays dans la direction du progrès et de la liberté d'expression mais la justice leur a rappelé que l'islam règne. Pour avoir, officiellement, mis des caricatures de Mahomet sur Facebook, ils ont été condamnés fin mars 2012 à sept ans de prison ! D'une part, Mahomet y aurait été représenté nu, et d'autre part, El Beji est l'auteur d'un livre intitulé "L'illusion de l'islam" (disponible gratuitement en arabe) dans lequel il exprime son athéisme. La justice tunisienne a prononcé son verdict "pour atteinte à la morale, diffamation et trouble à l'ordre public". El Majri est actuellement incarcéré alors que El Beji est en fuite.

Plus d'informations sur Rue89 et nawaat.org.

Égypte

Avec le succès des Frères Musulmans du Parti de la Liberté et de la Justice et des salafistes d'Al Nour aux élections post-révolution, l'islam est encore plus du côté du manche en Égypte : le célèbre acteur égyptien Adel Imam en a fait les frais puisqu'il vient d'être condamné à trois mois de prison pour "diffamation envers l'islam". Bien sûr, le comédien, célèbre en France depuis son rôle dans le film L'Immeuble Yacoubian, nie avoir insulté l'islam dans ses prestations au théâtre et au cinéma, d'autant plus que les rôles interprétés avait passé le barrage de la censure. Il y critique, avec humour, l'autoritarisme qui sévit dans la région et le fanatisme musulman.

Condamné une première fois le 2 février, la peine a été confirmée le 24 avril après avoir fait appel.

Source : L'Express du 2 février 2012




15 mai 2012


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