Au Trocadéro, des arrestations au faciès au prétexte de la lutte contre l'islamisme

Valls, Guéant, même combat







Après la diffusion sur internet d'extraits du film L'innocence des musulmans et la parution de caricatures dans Charlie Hebdo, le gouvernement français a interdit toute manifestation de protestation samedi 22 septembre. A Paris, c'est le Trocadéro qui avait été proposé comme point de départ et il y avait foule sur le Parvis des Droits de l'Homme : des dizaines de policiers et de gendarmes, de nombreux journalistes et des dizaines de touristes. Les seuls absents ont été les fanatiques musulmans ! Les injonctions gouvernementales et les appels diffusés dans les mosquées ont donc dissuadé les protestataires. On remarquera cependant que le gouvernement n'avait pas jugé utile d'interdire, le 13 mai 2012, la manifestation des fachos nostalgiques de Pétain, Franco et Mussolini qui, comme chaque année, a vu déambuler dans le centre de Paris la vermine fasciste. Deux poids, deux mesures.

Les adorateurs d'Allah et de Mahomet n'ayant pas montré le bout de leur barbe, les gendarmes omniprésents au Trocadéro auraient été réduits à la plus triste oisiveté s'ils ne s'étaient livrés à une activité sidérante : les arrestations au faciès. Pour s'y adonner avec plus de tranquillité, les effectifs de la Police et de la Gendarmerie étaient impressionnants :
- place du Trocadéro :
            - neuf fourgons bleus de la Gendarmerie ;
            - treize fourgons blancs de la Police ;
            - deux bus pour les personnes interpellées ;
- avenue Kléber : cinq fourgons de la Gendarmerie ;
- avenue du Président Wilson : plusieurs fourgons de la Gendarmerie ;
- place de Varsovie : neuf fourgons de la Gendarmerie .

Je suis resté sur la Place du Trocadéro pendant environ 2h30 jusqu'à 16h10 et plusieurs interpellations arbitraires ont pu être observées par les journalistes. Plusieurs personnes étaient médusées par cet inquiétant spectacle. J'ai assisté aux interpellations suivantes :

1er cas :
Au loin, une femme vocifère et est emmenée par les gendarmes. Elle porte un voile, est seule, ne semble pas très jeune : rien qui représente un danger pour la Gendarmerie, la Police, la République, la Nation, etc. Impossible d'en savoir plus.

2ème cas :
Trois jeunes femmes probablement originaires d'Afrique du Nord et une autre plus âgée (aux cheveux couverts d'un foulard) sont entourées par les gendarmes. Les dames sont toutes calmes et n'ont rien de militantes énervées contre le film ou les caricatures. Elles mangent des glaces et semblent plutôt être des touristes ou en promenade. A aucun moment elles n'insultent les gendarmes mais l'un d'eux leur intime l'ordre de quitter les lieux pour aller vers le métro. Les dames obéissent et ce convoi incroyable se met en marche entouré d'une nuée de journalistes. Mais, stupeur, au lieu d'être accompagnées au métro, c'est dans le bus de la Police qu'elles sont conduites (voir photo ci-dessus). Elles protestent sans violence, alors que celle qui a l'âge d'être leur mère ne dit mot, comme abasourdie. Scandale absolu. La dame la plus âgée est tenue par le bras par les plus jeunes, comme des filles protègeraient une mère plongée dans une situation absurde et angoissante.

3ème cas :
Deux hommes sont assis tranquillement sur des marches, face à la Tour Eiffel, comme tant d'autres personnes en ce lieu. L'un semble originaire d'Afrique du Nord, l'autre est noir. Des gendarmes les entourent et leur ordonnent de quitter les lieux après avoir rassemblé leurs trois amis, demeurés un peu plus loin pour admirer la Tour Eiffel. Eux aussi sont noirs. Seul le nord-africain semble francophone, les autres parlent anglais et tous sont stupéfaits de ce qui leur arrive. Ces cinq personnes affichent pourtant un comportement parfaitement paisible, rien à voir avec les excités qui, une semaine plus tôt, manifestaient devant l'ambassade des États-Unis d'Amérique. Ces cinq hommes sont conduits à l'extérieur du périmètre surveillé par les bleus et ne sont pas embarqués dans le bus. L'incompréhension est totale.


Arrestation d'une famille avec un bébé

4ème cas :
Une famille arabe ou nord-africaine tombe à son tour dans le piège. Il y a un homme jeune, deux femmes aux cheveux couverts par des foulards, un homme plus âgé ainsi qu'un autre homme et un bébé. Tous sont emmenés dans le bus. Scandale. Dans le même temps, deux autres hommes sont arrêtés sans que, là aussi, il soit possible d'en savoir plus (liés à la famille précédente, manifestants potentiels, touristes ?) ; l'un des deux proteste avec énergie.

5ème cas :
Parmi les personnes interpellées, une seule adopte l'allure de celles qui ont manifesté le 15 septembre devant l'ambassade des États-Unis d'Amérique : un jeune homme de 15 à 20 ans, ébauche de barbe, keffieh palestinien, djellaba.

6ème cas :
Trois adolescents dont deux semblent originaires d'Afrique du Nord sont maintenus près du bus de la Police pour contrôle d'identité. Ils sont ensuite conduits à l'entrée du métro.

7ème cas:
Dix adolescents sont maintenus près du bus pour des contrôles d'identité. Ils sont noirs mais ne semblent pas d'origine africaine. Aucun signe extérieur ne permet de penser qu'ils sont venus pour manifester contre le film et les caricatures.

Parmi cette trentaine de personnes contrôlées ou arrêtées, aucune n'avait la peau blanche.

Tous ces événements ont été observés, filmés, enregistrés par les médias (France 2, France 5, RTL et d'autres). A 17h45, France Info a annoncé que vingt et une personnes ont été interpellées à Paris et à 21h RTL a indiqué qu'il s'agissait de simples contrôles d'identité. Sans aucune mention de leur caractère arbitraire fondé sur le faciès. Des arrestations arbitraires similaires avaient été observées lors de l'inauguration de la place Jean-Paul II à Paris par Bertrand Delanoë en septembre 2006.

Honte aux commanditaires !


Au Trocadéro, le Parvis consacre les Droits de tous les Hommes (et des femmes).
Les gendarmes sont des hommes.
Donc les gendarmes ont tous les droits.


22 septembre 2012

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