Inauguration de la statue du Chevalier de la Barre
En 1766, François Jean de La Barre est décapité et brûlé pour ne pas avoir salué une procession religieuse à Abbeville. Une statue à son effigie est érigée devant l'église du Sacré Cœur à Paris en 1905 mais elle est déplacée en 1926 dans le square proche, place moins dérangeante pour les croyants. Fondue en 1941 sous Pétain, laissant le socle vide, la statue est de retour dans le square Nadar à Montmartre: son inauguration a eu lieu le 24 février 2001 à 11 heures.
Elle a été financée par une souscription de l'Association Le Chevalier de la Barre http://perso.wanadoo.fr/pour/cb/. Néanmoins, il existe une autre association, l'Association Internationale du Chevalier de la Barre, avec des objectifs différents sur la nature de la statue. Cette dernière réclame que la statue soit refaite à l'identique, avec la représentation du bûcher et le Dictionnaire philosophique de Voltaire aux pieds du supplicié, et que le financement soit public, en réponse à la décision prise par l'état français de la fonte de la statue en 1941.
Une statue représentant le Chevalier de la Barre est de nouveau présente sur la colline de Montmartre à Paris depuis son inauguration le 24 février 2001. Elle montre François Jean de la Barre souriant, les mains dans les poches et coiffé d'un chapeau, comme un défi permanent à cette procession religieuse qu'il n'a pas salué à Abbeville en 1765. L'œuvre est cependant dépourvue de toute dimension dramatique. L'année suivante François Jean de La Barre fut décapité et brûlé pour ne pas avoir salué cette procession mais aussi pour le bris d'un crucifix. Une statue à son effigie a été érigée devant l’église du Sacré Cœur à Paris en 1905 mais elle est déplacée en 1926 dans le square Nadar proche, place moins dérangeante pour l'Eglise catholique, avant d'être fondue en 1941 sous Pétain, laissant le socle vide.
L'inauguration a donné lieu à deux discours, le premier par Anne Duthil, présidente de l'Association Le Chevalier de la Barre, et le second par Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur et maire du XVIIIème arrondissement dans lequel est situé le lieu. Anne Duthil a réaffirmé le rôle primordial que doit jouer la laïcité dans la lutte contre le despotisme religieux. Elle a rappelé une information dont il a été fait peu de publicité: un procès avait été gagné contre l'argent public dilapidé dans les Journées Mondiales de la Jeunesse catholique organisées à Paris en 1997. Elle a mis en garde contre les faveurs accordées par l'Etat pour l'installation d'un institut de théologie, toujours à Paris. En insistant sur la nature religieuse de nombreux conflits, Anne Duthil a ainsi formulé une critique équitable de toutes les religions: christianisme, islam, judaïsme et bouddhisme. Et elle n'a pas hésité à préciser que l'église du Sacré Cœur avait bien été érigée en réaction à la période de la Commune de Paris en 1871. Une église dont l'adresse est précisément "rue du Chevalier de la Barre", malgré le projet de rebaptiser la rue. Enfin, la présidente de l'association a souhaité que la statue soit un lieu de rassemblement pour la laïcité.
Daniel Vaillant a retracé la vie du supplicié et sa condamnation par l'Eglise catholique. Il a aussi évoqué son attachement à ce lieu, ayant grandi dans le quartier. Il s'est réjoui que la mairie du XVIIIème arrondissement ait soutenu l'Association Le Chevalier de la Barre et en a profité pour appeler à l'union des efforts de celle-ci et de l'Association Internationale du Chevalier de la Barre. Le ministre a conclu en souhaitant longue vie à la statue. L'inauguration s'est terminée par deux chants interprétés par Emmanuel Ball, le sculpteur de la statue.
Ce n'est pas innocemment qu'a été évoquée l'existence de cette autre association. Elle réclame, elle aussi, une statue mais poursuit des objectifs plus conformes à la réalité historique en voulant la réaliser à l'identique de celle originale et avec un financement public. François Jean de la Barre y était montré en supplicié avec le Dictionnaire Philosophique de Voltaire à ses pieds. En outre la statue était placée exactement devant l'entrée de l'église du Sacré Cœur! Si ces doléances sont justifiées, la concurrence des deux associations doit néanmoins veiller à ne pas bénéficier à la partie adverse: le catholicisme théocrate. Le débat se doit toujours d'être un facteur de progrès sans constituer une source de divisions donc d'affaiblissement.
Anne Duthil avait commencé son allocution en excusant le maire de Paris, Jean Tiberi, absent. De nombreux rires ont constitué un accueil non dupe à ces excuses... Mais si l'excommunié du Rassemblement Pour la République (RPR) était absent, d'autres avaient fait le déplacement. La laïcité a curieusement reçu de nouveaux émules en ce froid samedi matin, à trois semaines des élections municipales. Le candidat du Parti Socialiste à la mairie de Paris, Bertrand Delanoë, est venu se montrer, obéissant plus à des probables conseillers en communication aux dents longues qu'à une ardeur militante laïque. Delanoë et Vaillant ont d'ailleurs quitté la réunion dès la fin des discours sans attendre le pot fraternel. La défense de la laïcité a des limites rapidement atteintes. Du côté du RPR, le candidat Philippe Séguin n'a pas jugé sa présence utile et a délégué la potiche de service, Roxane Decorte. Ca a au moins le mérite de la clarté, Séguin n'a que faire de la laïcité.
9 mars 2001
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