26% de sans religion en France




Un sondage CSA/La Vie/Le Monde a été réalisé par téléphone le 21 mars 2003 auprès de 1000 personnes sur le thème Les français et leurs croyances. Il fait suite à un sondage similaire effectué en 1994 et conserve les mêmes questions.

Il apparaît de cette enquête que l'incroyance est très largement répandue et se place en deuxième position en matière d'opinion philosophique sur les religions, la première étant occupée par le catholicisme (62%). L'islam ne constitue que 6% des confessions et le judaïsme 1%. Mais l'adhésion aux religions ne signifie pas l'acceptation systématique de leurs dogmes et du fatras superstitieux qui les accompagne.

Le détail du sondage est disponible dans un fichier pdf de 770 Ko. Dans les résultats suivants qui en sont extraits, les proportions de 1994 sont données entre parenthèses.

A la question de savoir quels sont les facteurs qui influencent la vie, 68% (53%) des personnes interrogées optent pour des raisons économiques, sociales ou personnelles et rejettent donc des causes surnaturelles.

73% (63%) des sondés estiment n'avoir jamais été en contact avec quelque chose de surnaturel.

53% (43%) pensent que les prières ne sont jamais exaucées, 58% (41%) ne croient pas aux miracles, 63% (37%) rejettent l'astrologie, 77% (52%) ne font pas confiance pas aux voyantes (le sondage ne précise pas pourquoi le féminin est employé pour cette classe de charlatans...), 78% (67%) ne croient pas à l'efficacité du recours aux objets sacrés et 79% (57%) rejettent la sorcellerie et les envoûtements. 62% (37%) pensent qu'il est rigoureusement impossible de communiquer avec les morts. Si les croyances irrationnelles restent partagées par une part encore non négligeable de la population, leur rejet a fortement augmenté depuis 1994.

Sur les questions plus spécifiques aux religions, 26% (23%) sont absolument convaincus que plus la science progresse, plus il est difficile de croire en Dieu. 21% (26%) sont aussi plutôt d'accord avec cette opinion. Globalement, aucun progrès n'est donc observé depuis 1994 sur l'opinion des rapports entre science et religion. 39% pensent qu'il n'y a strictement rien après la mort. L'existence de Dieu est exclue pour 22% (18%) des personnes interrogées et improbable pour 19% (17%) d'entre elles. L'idée de péché ne signifie absolument rien pour 21% (33%) et 20% (24%) sont aussi plutôt d'accord avec cela.

37% (33%) nient que Jésus Christ soit le fils de Dieu, 46% (34%) ne croient pas à la résurrection du Christ, 46% rejettent la nature prophétique de Mahomet (la question n'avait pas été posée en 1994), 52% (43%) ne croient pas au jugement dernier, 65% (50%) ne croient pas à la Trinité (Dieu en trois personnes), pour 66% (48%) le diable n'existe pas et une proportion similaire ne croit pas à l'enfer (67% et 48%). En fait, les proportions d'incroyance sont plus élevées que ces chiffres si on y inclut les opinions "plutôt d'accord" avec ces questions.

Sur la nature de l'incroyance de chacun, 28% (24%) rejettent le qualificatif de croyant pour eux-mêmes et 18% (13%) se déclarent réellement athées. On compte de plus 5% (2%) d'agnostiques. Là encore la proportion de personnes détachées des religions est en augmentation depuis 1994.

Enfin, la question de l'appartenance à une religion reçoit les résultats suivants :
- catholique : 62% (67%)
- musulmane : 6% (2%)
- protestante : 2% (2%)
- juive : 1% (1%)
- autre religion : 2% (3%)
- sans religion : 26% (23%)
- ne se prononcent pas : 1% (2%)

Et, parmi les sans religion, 46% (45%) déclarent en avoir abandonné une.

Deux enseignements peuvent être déduits de cette étude : l'incroyance est très fortement répandue dans la population, beaucoup plus que ne voudraient le faire accroire les chefs religieux, et son importance augmente avec le temps. Il est donc permis d'être très optimiste pour l'avenir. L'éloignement vis-à-vis des absurdités des religions est un phénomène lent mais qui se poursuit sans faiblir depuis des siècles.


21 avril 2003


Article paru dans la revue de l'AFIS Science et pseudo-sciences n°259 octobre 2003


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