Le rabbin Joseph Sitruk défavorable à l'interdiction du voile islamique à l'école
Comme c'est dans le besoin qu'on rencontre ses vrais amis, les musulmans ont reçu un allié inespéré, mais fort logique, en la personne du rabbin Joseph Sitruk, premier personnage du judaïsme français. Dans une entrevue au quotidien Le Monde du 16 mai 2003, qui relayait un document transmis au président de la République en avril 2003, le rabbin a déclaré qu'il n'était pas favorable à l'interdiction du voile islamique à l'école. Quand on sait que les élèves juifs aiment à porter la kippa, l'opinion de Joseph Sitruk n'en est que mieux compréhensible...
Selon la pratique déloyale qui consiste à déformer une doctrine pour mieux l'attaquer, Sitruk, en donnant sa définition de la laïcité, insinue qu'elle consiste en l'interdiction d'une pratique religieuse. L'œcuménisme antilaïque s'exprime de même dans sa compréhension, et son respect, du refus de quelques jeunes musulmanes de participer aux séances de piscine "pour des raisons de pudeur".
Mais les amabilités envers l'islam sont vite contredites, et avec abondance, par la supériorité que le rabbin croit trouver dans le judaïsme. Ainsi, le port de la kippa ne peut être, selon lui, mis sur la même plan que le foulard car "infiniment plus discret". Ce serait donc une question de centimètres carrés... Sitruk refuse aussi d'admettre la similitude entre les dispenses de piscine et l'absentéisme des juifs le samedi matin pour le shabbat. Quant à l'existence d'un équivalent du CRIF pour les musulmans, elle serait contre nature pour le rabbin car "l'islam est avant tout une foi", signifiant par là que le judaïsme est plus qu'une religiosité mais entraîne aussi une dimension historique et culturelle dont serait privé l'islam. Noter que les musulmans usent d'un argument symétrique pour justifier l'omniprésence de leur religion dans les pays soumis à sa dictature.
Source : Le Monde 16 mai 2003
26 mai 2003
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