La dernière tentation du Christ
Martin Scorsese
1988, fiche technique
Un film de plus sur la vie de JC ? Eh bien non, Scorsese a eu l'idée
lumineuse de ne pas chercher à donner une retranscription littérale de la vie de l'hypothétique gourou basée sur les Evangiles (un travail qui
serait voué à l'échec par les très nombreuses contradictions entre ces
quatre récits) mais de proposer sa propre vision de ce personnage
mythologique. Scorsese nous montre un JC beaucoup plus humain avec ses
doutes, ses peurs, ses trahisons (il collabore avec l'occupant romain en lui fournissant des croix-potences pour les condamnés) et surtout ses pulsions sexuelles refoulées pour la belle prostituée Marie Madeleine. Après les péripéties que l'on sait, après avoir vu un JC exalté et violent, Scorcese en arrive à la tentation ultime. Cloué sur la croix, tenté par le diable lui apparaissant sous la forme d'un
ange, JC cède à l'envie d'être un homme comme les autres. C'est alors la belle vie qui commence, mariage avec Marie Madeleine, gamins
avec elle puis avec les sœurs Marie et Marthe. Une vie bien rangée à peine troublée par la sublime rencontre avec le charlatan Paul. Si tout cela ne parait pas très chrétien, Scorcese revient à plus d'orthodoxie en dévoilant à JC le stratagème démoniaque. Tout rentre donc très rapidement dans l'ordre, JC abandonne cette vie trop humaine et retourne à son poste sur la croix et meurt en martyr. Une fin qui signe donc la véritable intention du film : une subtile propagande chrétienne. Excellente car Scorsese imagine un JC beaucoup plus humain et éloigné de la figure dogmatique qui prévaut depuis des siècles, une interprétation qui aurait du ravir les chrétiens en bute à une foi très dirigée. Mais les fanatiques de la Fraternité Saint Pie X en ont décidé autrement en incendiant le cinéma Espace Saint-Michel à Paris.
20 mai 2000
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