Après la soirée du 28 avril 2010 qui observa le port du niqab au travers du filtre du relativisme culturel, l'Institut des Cultures d'Islam (ICI) poursuit sa mission obscurantiste en organisant, conjointement avec le site oumma.com, un colloque pseudo scientifique sur le thème racoleur "science et islam" début juillet 2010. Sur la page de présentation du séminaire sur oumma.com, l'ambition revendiquée montre une réelle franchise qui devrait, peut-être, enfin, ouvrir les yeux de tous ceux et celles qui, encore, nient le caractère fondamentalement prosélyte de l'islam politique en France : il s'agit de "former une nouvelle génération d’intellectuels musulmans capables de réfléchir et de dialoguer sur cette thématique au niveau international de manière rationnelle et crédible". Des croyants qui réfléchissent "de manière rationnelle" sur la religion incline autant à l'émerveillement qu'un astrologue faisant de l'astrophysique, un homéopathe de la médecine ou un militant UMP défendant le maintien de la retraite à 60 ans. Le site musulman affirme être "désormais en mesure de créer un programme d’éducation basé sur des séminaires, des ateliers de formation, et des universités d’été, dont le but est de former des centaines d’intellectuels et d’universitaires musulmans ainsi que des cadres cultuels et associatifs, aussi bien en Europe que dans le monde musulman." Comme l'ICI est une création de la Mairie, les idiots utiles du PS parisien seront comptables du développement des superstitions musulmanes, lorsque cette dynamique aura porté ses fruits (les mêmes fruits qu'eurent à ingurgiter, et vomir, Copernic, Galilée, Buffon, Darwin). On ne soupçonne pas l'abondance de billevesées qui émanent de n'importe quel pseudo responsable autoproclamé "savant de l'islam" et, par ce titre, se trouve suivi par des troupeaux de fidèles bêlant leur soumission bienheureuse.
Mais les organisateurs du colloque, en observateurs avisés des préoccupations binaires de nombreux croyants, préviennent qu'il ne sera pas question de trancher entre concordisme et séparationisme. Conscients de l'échec de générations de chrétiens engagés dans l'impasse de décider si la science devait découvrir le concept fantaisiste de "dieu" au bout de ses équations ou si elle devait suivre une voie distincte de la religion qui ne l'en éloignerait pourtant pas, les organisateurs proposeront "un discours médian, soucieux de concilier la tradition musulmane et la rigueur méthodologique des sciences modernes". Ce ne sera donc pas fromage ou dessert mais un vague dessert au fromage qui sera servi au pieux public adroitement sélectionné (diplôme de niveau bac+3 minimum et âge inférieur à 40 ans).
Certes, le spectacle du mystique qui considère la hauteur infinie de l'obstacle à gravir pour acoquiner la science et la religion peut nous faire nous gondoler. Toutefois, la stratégie de "cette formation [qui] est donc particulièrement recommandée aux jeunes universitaires et cadres musulmans qui souhaitent harmoniser leur foi avec les connaissances modernes issues de diverses disciplines" permettra, incidemment, une nouvelle jeunesse de l'obscurantisme chrétien qui sera ainsi révigoré par les audaces de la concurrence, en vertu de la fourberie œcuménique qui vise moins à concilier des doctrines irréconciliables qu'à opposer un front commun à l'athéisme.
L'un des participants s'emploie déjà depuis plusieurs années à revigorer les incursions spiritualistes dans la science. Jean Staune est directeur de l'Université Interdisciplinaire de Paris, qui n'a d'université que le nom : le projet de ce conclave de scientifiques mystiques est une décrédibilisation du rationalisme comme instrument d'investigation. Staune a déjà pu exposer son projet de dénaturation des exigences scientifiques dans une vidéo sur oumma.com.
Le colloque des 2, 3 et 4 juillet sera assurément fort instructif pour quiconque redoute une respectabilisation des superstitions islamiques. Il n'y sera probablement pas question des djinns ou du voyage nocturne de Mahomet (à ranger dans la même catégorie des histoires pour enfants que la marche sur l'eau du légendaire Jésus) mais la classification des discussions comme un évènement culturel par la grâce de la Mairie de Paris est un premier succès pour les obscurantistes embrumés par les superstitions coraniques.
Le colloque est ainsi conçu que personne, à la tribune, ne pourra faire remarquer que chercher à rendre compatible foi et science au lieu d'examiner, d'abord, leur compatibilité, est préjuger du résultat, que mélanger le raisonnement déductif et le cheminement superstitieux rend la rigueur de la logique vaine et inutile puisque le spirituel peut s'inviter partout et à tout moment pour clore la discussion. En ayant recours, avec modération, à la science, le mystique feint l'ouverture intellectuelle mais montre une réelle ambiguïté quant à la valeur à lui accorder, oscillant entre fascination, devant sa puissance et ses résultats, et rejet, face au danger qu'elle a toujours incarné pour le dogme.
A lire sur atheisme.org : science et islam
4 juin 2010
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