Le diable et le bon dieu

Jean Paul Sartre, 1951




Le diable et le bon dieu c'est le silence de Dieu, son absence quand tous l'invoquent. L'Allemagne est divisée par la guerre et la mort, la famine, le malheur et le désespoir sont ses compagnes morbides. Où est Dieu ? Avec qui est-il, quelles factions ou quel chef assurera-t-il de la victoire ? Tous s'en réclament mais en vain ; tous subissent la maladie et la souffrance. Réquisitoire aussi cynique que fascinant, l'extraordinaire pièce de Sartre renvoie les humains à leur folie de croire, cette lubie qui les jette dans les bras du premier prophète venu. Le personnage principal, un chef de guerre sanguinaire, est l'incarnation du Mal et se joue de ses sujets. Suffisamment hâbleur et doté d'un autoritarisme adroit, il envoie les crédules à la mort sur le champ de bataille ou les maintient à sa merci dans sa secte. Par sa nouvelle recherche du Bien, il simule la quête de Dieu qui n'est qu'un moyen distrayant de manipulation, pour conclure sur "une espièglerie considérable : Dieu n'existe pas." Car en cette époque de misère et de destructions, Dieu brille par son absence : "Tu vois ce vide au-dessus de nos têtes ? C'est Dieu. Tu vois cette brèche dans la porte? C'est Dieu. Tu vois ce trou dans la terre ? C'est Dieu encore. Le silence, c'est Dieu. L'absence, c'est Dieu. Dieu, c'est la solitude des hommes."


1er février 2003


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