Nicolas Sarkozy force les musulmans à s'organiser
Le ministre de l'intérieur (et des cultes) Nicolas Sarkozy l'a annoncé fièrement le 9 décembre 2002 lors de sa prestation télévisée sur France 2: un accord a été signé par trois organisations musulmanes en vue de l'organisation centralisée de leur religion en France. La Mosquée de Paris (dont le budget est discuté à Alger), la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF, affinités marocaines) et l'Union des Organisations Islamistes de France (fondamentaliste) ont signé un accord en vue de la création du Conseil français du culte musulman (CFCM). Le ministre les avait réunis à la hâte au ministère le samedi 7 décembre et avait assisté le lendemain au Conseil d'administration de l'UOIF à son siège! Une victoire, mais pour qui? Pas pour la laïcité de l'Etat et cela pour deux raisons.
La première, fondamentale, rejette qu'un gouvernement s'insinue dans les affaires internes d'un culte. La séparation des religions et de l'Etat a pour seule préoccupation d'interdire l'ingérence des gourous dans les affaires publiques mais aussi de prévenir celle du pouvoir politique dans leur organisation. Contrôler une religion ne saurait être une ambition laïque. Or c'est bien là un des objectifs, inavoués, de la consultation des musulmans de France initiée à l'automne 1999 par Jean Pierre Chevènement. Par ailleurs le choix des trois interlocuteurs signataires de l'accord est très arbitraire; le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane (que le financement des mosquées françaises par de l'argent saoudien ne dérange pas) est furieux de tant d'autoritarisme. Le "grand" mufti de Marseille, Soheib Bencheikh (éloigné à Marseille en 1995 par le recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur afin de lui laisser le champ libre à Paris), est très sceptique sur l'efficacité de la démarche.
A quoi il faut ajouter que structurer l'islam est une aberration sur le plan religieux. Réunir sous un même commandement un sunnite et un chiite, un turc et un marocain, un admirateur des Frères Musulmans et un musulman autoproclamé modéré n'a aucun sens et est voué à l'échec. L'exemple du christianisme suffit a en convaincre: catholiques, protestants et orthodoxes français n'ont jamais été capables, par défaut de volonté, de se grouper dans une instance commune.
Le deuxième affront à la laïcité est d'ordre plus pratique, et plus insidieux aussi. Jean Pierre Chevènement, dans ses tentatives d'amadouer les adorateurs du gourou pédophile, avait exhumé dans la législation française toutes les ressources antilaïques permettant à l'Etat de financer le culte musulman directement ou par des voies détournées. Bail emphytéotique, financement d'associations cultuelles et dons de terrains pour la constructions de mosquées avaient constitué le cadeau de bienvenue d'un ministre qui s'affichait pourtant laïque.
Chevènement puis Vaillant, par l'intermédiaire de leur conseiller Alain Billon,
ont déployé des efforts désespérés pour que les musulmans s'organisent par
eux-mêmes mais les querelles de minarets ont eu raison de leurs espoirs, signe
de la méconnaissance de l'islam par les deux anciens ministres. Sarkozy, comme
Pasqua il y a quelques années, se montre plus ferme en imposant que le futur
conseil soit présidé, au début, par la Mosquée de Paris. Napoléon n'avait pas
agi autrement il y a deux siècles en convoquant les juifs dans le sanhédrin.
Grâce à leur nouvelle instance, les musulmans pourront donner plus de poids à
leurs revendications dogmatiques et communautaristes ce qui incitera alors
chaque citoyen à se retrancher dans d'autres chapelles, détruisant peu à peu
les acquis de la laïcité qui demeure le meilleur garant de la paix sociale.
Protocole d'accord signé au Ministère de l'Intérieur le 12 décembre 2002 entre
la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF),
l'Institut Musulman de la Mosquée de Paris (GMP)
et l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF)
pour la création du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)
11 décembre 2002
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