A la Mosquée de Paris, Nicolas Sarkozy oublie les soldats africains non-musulmans
L'intitulé de l'agenda de la Présidence de la République est précis. Avec un "Hommage aux combattants musulmans morts pour la France", il ne s'agit pas de rendre hommage à tous les soldats issus des colonies qui sont morts pendant la Première guerre mondiale : seuls les soldats musulmans bénéficient de l'attention présidentielle. Quid des autres soldats africains, chrétiens, juifs, agnostiques, athées ou autre, qui ont été sacrifiés pour une cause qui leur était étrangère ? En pleine campagne électorale, la Mosquée de Paris n'est qu'une étape parmi d'autres pour attirer à soi les croyants, après le déplacement chez les protestants dans les Cévennes en octobre 2011.
Au menu (halal ?) de cette escapade éclair dans le 5e arrondissement de Paris, l'inauguration d'une plaque, le dépôt d'une gerbe, une minute de silence et une discussion avec Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée, et Mohammed Moussaoui, président du CFCM, un grand machin antilaïque.
A l'extérieur de la mosquée, quelques dizaines de personnes attendent la sortie du chanoine. Neuf spahis armés de leurs FAMAS quittent, temporairement, le temple de la superstition musulmane et exhibent leurs uniformes colorés, histoire de se rappeler la douce époque des jolies colonies. Peu après, ce sont des anciens combattants qui sortent de l'édifice pour se ranger sur le trottoir.
De nombreux policiers en civil (costume, cravate, oreillette) veillent aux abords immédiats ; les collègues en uniforme sont relégués un peu plus loin, autour de la place du Puits de l'Ermite. Les uniformes variés des militaires déambulent tranquillement ; on pourrait difficilement jouir d'une meilleure représentation de la version musulmane de l'alliance du sabre et du goupillon. Le préposé à la mallette de protection est posté près de l'entrée de la mosquée, prêt à déployer son attaché-case si un contestaire lançait un projectile contre le Président, président d'un nombre de plus en plus réduit de Français. Cela ne sera pas nécessaire.
Sortie de la Mosquée de Paris
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Devant la mosquée, Nicolas Sarkozy avec Dalil Boubakeur (à sa gauche) et Mohammed Moussaoui (derrière Boubakeur)
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A 13h10 Sarkozy apparaît en haut des marches, entouré d'une cohorte de courtisans. Il est suivi à sa gauche par Dalil Boubakeur et, derrière eux, par Mohammed Moussaoui. L'un comme l'autre ont été gratifiés de la Légion d'honneur : grade d'Officier pour Boubakeur en 2004 et de Chevalier pour Moussaoui en février 2012. Le faiseur de grâces se dirige droit vers les badauds de l'autre côté de la rue. Mains serrées, sourires automatiques, rires forcés, la comédie habituelle de la séduction. Un qui ne rigole pas, c'est le policier à l'attaché-case qui accompagne à moins d'un mètre celui que le Wall Street Journal a renommé Nicolas Le Pen le 13 mars 2012. Une dizaine de musulman(e)s ivoirien(ne)s crient "merci pour la Côte d'Ivoire", en référence à l'aide de l'armée française pour l'accès au pouvoir du vainqueur de l'élection présidentielle de 2011, Alassane Ouattara. D'autres admirateurs s'aventurent à des "Sarko Président". Le temps passé à l'extérieur de la mosquée est bref, une minute. La rencontre avec le public prend fin et une voiture emmène le Président-candidat vers d'autres flatteries, d'autres terrains à conquérir, d'autres manipulations.
16 mars 2012
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