La basilique du Sacré Cœur




La basilique du Sacré Cœur
sur la colline de Montmartre
par Ogé dans La Lanterne
Située rue du Chevalier de la Barre, sur la colline de Montmartre à Paris, l'église du Sacré Cœur est un condensé de toute la superstition et l'opposition à la laïcité exercées par la chrétienté. C'est d'abord, en entrant à gauche, une plaque commémorative qui témoigne d'une action divine: dans la nuit du 20 au 21 avril 1944 treize bombes éclatèrent dans les parages sans faire de victime. Une protection divine à n'en pas douter: la plaque atteste là d'une "intervention manifeste de la providence". Il n'est pas écrit pourquoi, en cette période agitée de l'histoire, "Dieu" choisit de procurer ses bienfaits à une église parisienne plutôt qu'aux millions de juifs enfermés dans les camps allemands...

Plus loin, du côté gauche de la nef, une plaque affiche avec fierté la déclaration d'utilité publique, par l'Assemblée Nationale le 24 juillet 1873, de la construction d'une église sur la colline de Montmartre. Ce fut l'acte de naissance de la basilique actuelle construite en réaction à la Commune de Paris de 1871. Sachant que le mouvement avait été réprimé dans le sang par Thiers, il est en fait peu surprenant que l'Etat ait poursuivi son œuvre par la construction à ses frais d'une église dans le XVIIIème arrondissement.

L'épisode de la Commune n'est à aucun endroit explicitement mentionné dans l'église alors qu'il est l'évènement moteur de sa construction. Seul le texte du vœu national au Sacré Cœur, adopté en 1872, du côté droit de la nef, y réfère de façon insidieuse:


Texte du vœu national au Sacré Cœur

En présence des malheurs qui désolent la France et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore.
En présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l'Eglise et du Saint Siège, et contre la personne sacrée du vicaire de Jésus Christ.
Nous nous humilions devant Dieu, et réunissant dans notre amour l'Eglise et notre patrie, nous reconnaissons que nous avons été coupables et justement chatiés.
Et pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l'infinie miséricorde du Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus Christ le pardon de nos fautes, ainsi que les secours extraordinaires qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France nous promettons de contribuer à l'érection, à Paris, d'un sanctuaire dédié au Sacré Cœur de Jésus.

Traduction


Pour expier les crimes de la Commune et prévenir de nouveaux troubles anticléricaux.

Pour protester contre la suppression des Etats Pontificaux à Rome.


Nous courbons l'échine pour attirer à nous les naïfs et les serviles.



Et pour faire oublier nos innombrables fautes et crimes et obtenir l'amnésie de la société, la restauration des privilèges de l'Eglise au Vatican par la chute du gouvernement italien et tuer définitivement l'esprit révolutionnaire français nous comptons fermement que l'Assemblée Nationale finance notre église où nous pourrons à loisir poursuivre notre action anti républicaine.

Le vœu national est aussi illustré sur l'immense voûte (photo): Guibert, l'archevêque de Paris, est agenouillé, il est suivi d'un député portant l'écharpe tricolore, Emile Keller, et des deux responsables ayant émis le vœu Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury.

Et, pour enfoncer le clou, une habitude dans la mystique chrétienne, il est rappelé, près de l'entrée, que "La construction de cet édifice demandé par Dieu à la France a été décidé par un vote de l'Assemblée Nationale le 23 juillet 1873 à la majorité de 244 voix." 23 juillet alors que la plaque précédemment mentionnée donnait le 24 juillet.

Le suaire

En deux endroits est entretenue la légende du suaire de Turin:

- derrière le chœur une peinture de petites dimensions montre JC cloué sur sa croix, il admire son propre portrait imprimé par l'opération du Saint Esprit sur un linge.



- une reproduction du torchon de Turin, comprenant uniquement la tête, est exposée pas très loin de là.



Superstition

Une mosaïque de grandes dimensions expose avec simplicité la meilleure médecine qui soit: le recours à la prière. Ca ne coûte pas cher et, si ça ne fait pas bien, ça ne peut pas faire de mal non plus. On peut lire dans la légende:

L'an de grâce MDCCCXXXII tandis que le choléra-morbus sévissait dans toute la France
la ville de Lyon ayant été préservée de ce fléau par la toute puissante intercession
de la bienheureuse Vierge Marie les fidèles de cette ville ont fait vœu de placer un
tableau dans la chapelle de Notre Dame de Fourvière
comme un monument de leur reconnaissance envers la mère de Dieu.



Pour la désinformation catholique, voir le site de la basilique qui propose, gratuitement (!), des indulgences.


Quelques informations supplémentaires par Dror Warschawski:

Il existe une mention insidieuse de la Commune sur le site de la basilique et il en est question aussi sur un site de la Commune de Paris qui propose la destruction virtuelle de la basilique.

C'est aussi un endroit symbolique puisque c'est le lieu du début de l'insurrection de la Commune, quartier populaire anciennement appelé le "carré des Polonais". L'Eglise du Sacré-Coeur est aussi la seule (avec une autre en Alsace, sur le Mont Sainte-Odile) à pratiquer la "prière perpétuelle", c'est à dire que des adeptes (comme on dit aussi d'une secte) se relaient 24h/24 et 365 jours par an pour y prier en permanence, et ce, depuis l'édification de la basilique, avec seulement une ou deux interruptions pendant les alertes aux bombardements de la seconde guerre mondiale. Ils en sont très fiers et on peut appeler ça de l'intégrisme, ou de la bêtise pure et simple, ou de l'endoctrinement, au choix. Ils aiment bien aussi attaquer violemment les cliniques qui pratiquent l'avortement ou faire du lobbying contre la pilule abortive.

Sa destruction est réclamée régulièrement par les "Amis de la Commune"...



25 juillet 2001, mis à jour le 9 septembre 2002

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