L'extrême droite catholique en pèlerinage contre l'avortement
Comme chaque année, Renaissance catholique a organisé le 16 octobre une "marche pour la vie" à Paris, une procession religieuse contre l'avortement de la basilique Notre-Dame-des-Victoires à celle du Sacré-Cœur, symbole de l'écrasement de la Commune en 1871. Pour cette quatorzième édition, 200 à 300 personnes ont défilé à la lumière des cierges pour conspuer l'interruption volontaire de grossesse, cette "culture de mort" selon Jean Paul II dont l'action a été saluée par les organisateurs. Sa déclaration antiféministe prononcée le 15 août à Lourdes est le meilleur des encouragements pour l'extrême droite catholique. Quelques curés en soutane ont aussi apporté, par leur robe noire, une caution religieuse supplémentaire au rejet de toute forme de sexualité qui n'ait pas la procréation comme finalité. Parmi les soutiens au pèlerinage, on trouve ce que l'extrême droite compte de plus représentatif : Bruno Gollnisch, Bernard Antony, Maître Tremolet de Villers (avocat de Paul Touvier), le sinistre cardinal Joos, Xavier Dor (SOS Tout-petits), sans oublier le sportif Ari Vatanen.
Avant le début de la procession, et dans une inquiétante réminiscence des départs pour les Croisades, un curé en soutane donne sa bénédiction aux bannières à l'effigie de Jeanne d'Arc ou de la légendaire Marie. Le convoi des croisés se met alors en marche et suit une croix portée par quelques nostalgiques du dolorisme catholique. L'assistance médicale est assurée par l'Ordre de Malte et un service d'ordre est bien présent mais il n'est pas, ici, confié à une société de gardiennage embauchée pour l'occasion. Les militants, identifiables par leurs oreillettes, assurent eux-mêmes le repérage des suspects. La coupe de cheveux des soldats de la réaction catholique est identique à celle des autres processionnaires masculins : très courts derrière et sur les côtés. Des cheveux trop longs ou désordonnés signalent les intrus. Pour les chaussures, privilégier les chaussures basses, de ville, aux chaussures de sport, trop désinvoltes. La veste sera, elle, dans les tons vert foncé ou bleu sombre. Enfin, pour la chemise on optera sagement pour le bleu clair et l'uniforme masculin sera complet. Les femmes disposent d'une latitude vestimentaire un peu plus grande mais, pour la coiffure, on privilégiera une queue de cheval bourgeoise, blonde de préférence.
Les pèlerins se répartissent dans des proportions similaires entre hommes et femmes mais les âges ne sont pas tous également représentés avec une sous abondance de personnes d'âge moyen. La présence de nombreux enfants et de vieux montre qu'on est d'autant plus enclin à rejeter l'avortement qu'on n'y est pas encore confronté ou que le dilemme ne se pose plus. Au passage du sombre défilé, les réactions des passants sont vives et oscillent entre la moquerie des culs bénits et la colère contre cette résurgence d'un temps, très chrétien, où la femme n'avait d'autre perspective et fonction que de se marier et procréer.
Malgré sa capacité d'action très démonstrative, l'opposition de l'extrême droite catholique à l'avortement se concentre dans un noyau très réduit. Sa prochaine action est d'ores et déjà programmée pour le 23 janvier 2005 à Paris où un collectif, dont l'importance n'est pas précisée, prévoit une manifestation nationale à l'occasion des trente ans de la loi Veil qui a légalisé l'avortement.
21 octobre 2004
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