Choses vues pendant le Ramadan




A Paris, dans le métro, station Monge, près de la Mosquée dans le 5ème arrondissement.
Une femme attend sur le quai, un voile négligemment posé sur la tête. Les cheveux paraissent, le foulard relève plus de l'ornement que de la phobie capillaire. Soudain, quatre jeunes se présentent sur le quai, à quelques mètres d'elle. Tous en djellaba, barbus, l'un d'eux semblent être un converti, il marmonne quelques propos en arabe, machinalement, lobotomisé par l'habitude. En un instant, dans un geste aussi discret que fugitif, la femme se retourne et réajuste son foulard qui, maintenant, vient cacher complètement tous ses cheveux. Les quatre fanatiques ne lui parlent ni ne la regardent. C'est inutile, l'oppression silencieuse suffit à inspirer la terreur.

Un centre de formation pour adultes étrangers à Paris, apprentissage de la langue française.
Comme tous les midis chacun sort son repas, qui un sandwich, qui une salade ou une pâtisserie. Mais en période de Ramadan les musulmans jeûnent et n'acceptent plus la présence des koufar (infidèles) et de leurs déglutitions. Des réflexions désobligeantes, au titre d'un respect qu'ils sont les derniers à témoigner, tentent d'éloigner leurs voisins qui se restaurent. Sans succès.

Une grande société d'assurance, quartier de La Défense à Paris.
Un informaticien, barbe prophétique, français honteux de sa nationalité et bercé par l'illusion d'un âge d'or ancien et le mirage d'un retour heureux aux sables marocains. Hors Ramadan, grand amateur d'images pornographiques transmises par messagerie électronique. Pendant le mois sacré, la vertu se dépose sur la chair faible. Un mois d'abstinence de voyeurisme où les envois de ce genre de messages illustrés deviennent sévèrement reprochés par le croyant soudain prude. On ne plaisante pas avec la foi. Le mois de pénitence terminé, nouvelle provision de pensées et d'actions dont on se repentira au Ramadan suivant. L'hypocrisie comme première nourriture des religions.

L'école.
Apparition d'une nouvelle norme non dite parmi les élèves supposés musulmans : ne pas faire le Ramadan peut entraîner l'exclusion du groupe. Des cantines se vident, de peur d'y être vu. Intolérance interne et crainte de l'insulte "mauvais musulman" comme meilleurs rassembleurs des faux croyants. Sans oublier : élèves faibles physiquement, absences aux justifications fallacieuses (demandes de dispense de cours adressées aux médecins), difficultés pour les enseignants à poursuivre leur programme normal (interrogations à décaler), revendications pour interrompre ou quitter les cours à l'heure de la rupture du jeûne.


26 octobre 2003


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