Le début du mois de Ramadan
Après Pâques, l'Ascension, l'Assomption et avant Noël, le mois de Ramadan s'est invité, le 13 septembre, dans un calendrier bien peu laïque. Depuis quelques années, le neuvième mois du calendrier musulman est de plus en plus fêté dans des cercles non musulmans et ces amabilités préparent un accueil favorable à toute revendication musulmane qui serait placée frauduleusement sous le signe de la culture. En 2006, les responsables politiques, ministres et élus locaux, ont multiplié les prosternations devant cette nouvelle mode : le maire de Paris Bertrand Delanoë avait réquisitionné le stade Charléty pour offrir un repas halal à de nombreux veinards, Georges Sarre avait gratifié de sa présence le repas de la rupture du jeûne servi dans une église (un régal à 5 euros) et la ministre Michèle Alliot-Marie, après Nicolas Sarkozy, avait été reçue à la Mosquée de Paris par un Dalil Boubakeur tout content de compléter sa collection de photos avec des célébrités.
Alors que, paraît-il, le mois "sacré" aurait pour fonction d'appeler le croyant à être meilleur envers les autres et à compatir aux malheurs du monde, les célébrations du ramadan sont souvent l'occasion de grandes fêtes. Le mot français "ramdam" signifie d'ailleurs "boucan", "vacarme"... Quelques borborygmes en guise de prière, un peu de flotte aspergée sur les mains, les pieds, voire ailleurs selon le degré de puritanisme du théologien consulté, une bonne bouffe, des chants et des danses, voilà qui va assurément réconforter les malades, les pauvres, les oubliés, tous condamnés à remercier les bien portants de penser à eux.
Plus distrayantes sont les chamailleries habituelles qui déchirent les aspirants chefs de l'islam de France quand est venu le moment de décider du commencement du "saint" mois. A chaque édition ou presque, on trépigne d'impatience pour découvrir quel visionnaire aura le privilège d'annoncer le début du ramadan. S'agit-il de l'obscurantiste qui, le premier, a vu la Lune et dont le savoir astronomique est demeuré englué depuis dix siècles, ou de celui, plus futé, qui a consulté le calendrier des Postes ou, plus intelligemment, a sollicité le Bureau des Longitudes à Paris au risque de contracter un pacte avec l'horrible modernité non islamique ? L'avance de la date de 11 jours par rapport à l'année précédente résulte d'un autre archaïsme : l'année musulmane ne compte que 354 jours au lieu de 365, une aberration sur les plans astronomique et agricole (un calendrier sert, aussi, à régler les travaux des champs). Les Egyptiens, les Grecs, les Hébreux et les Romains utilisaient déjà une année de 365 jours, bien avant l'apparition de l'islam.
Aussi stérile que le carême chrétien, le ramadan, par l'exhibition d'une foi qui peut n'être que de façade dans certains cas, est aussi l'imposition d'un ordre moral à ceux qui n'en ont que faire. Combien de maghrébins et d'arabes athées et agnostiques sont contraints de céder aux apparences de cette mode islamiquement correcte pour ne pas être désigné du terme infamant de koufar ? Ose-t-on dire assez la violence faite au corps de lui interdire tout aliment pendant la journée ? Le problème est particulièrement alarmant dans les écoles où, par bravade ou obligation familiale, des élèves jeûnent toute la journée. Leur affaiblissement physique diminue grandement l'attention portée aux enseignements.
Entre contrainte morale et privation physique, le ramadan s'inscrit donc comme une pratique à déconseiller. La privation, le dolorisme et la soumission volontaire garantissent plus la survie de cet archaïsme que le succès de l'introspection personnelle ou l'aide effective qui serait apportée aux pauvres et aux indigents.
28 octobre 2007
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