Agressée parce que mariée à un non musulman




Un article de Frédéric Antoine paru dans Le Courrier de Mantes le 30 août 2006 :


LES MUREAUX
Mina 52 ans, martyrisée dans son quartier


Frappée deux fois par le " petit ami " de sa fille, qui lui a cassé la jambe, et martyrisée quotidiennement par les " caïds " du quartier notamment à cause de son remariage, Mina dénonce ceux qui ont fait de sa vie un enfer.
« Ma femme est dépressive depuis plusieurs années. C'est une personne fragile. Les jeunes du quartier s'en prennent souvent à elle. Ils lui ont volé son téléphone une vingtaine de fois, ainsi que son sac à main. Cette fois, elle a été victime d'une vengeance crapuleuse...», raconte Richard, opérateur à l’usine Peugeot de Poissy, âgé de 56 ans. L’homme semble un peu perdu et très marqué par ce qui est arrivé à sa femme au début du mois d’août.
« J'ai été agressée trois fois cette année. Le même homme m'a frappé deux fois de suite. C'est le petit ami de ma fille, il habite le même quartier que moi», explique calmement Mina. À 52 ans, clouée dans son fauteuil roulant et affaiblie par ses blessures, elle conserve la rage de dénoncer son calvaire.
Richard ouvrier à la chaîne chez Peugeot-Poissy et Mina vivent dans un HLM du quartier des Musiciens aux Mureaux, allée Frédéric Chopin, depuis sept ans.
Le 9 août, alors qu’elle marchait dans la rue, près de chez elle, Mina a eu le tibia et le péroné fracturés par un violent coup de pied envoyé de côté par son agresseur qui a pris la fuite. Une plainte a été déposée.
À l’hôpital de Meulan-Les Mureaux où elle a subi une opération de la jambe le 10 août, Mina raconte : « C'était le 9 août, vers 18 heures 30. Je marchais dans la rue avec mon mari, lorsque j'ai aperçu ce garçon. J'ai dit à Richard, ne te retourne pas. Il est passé en courant à côté de nous deux et m'a frappée à la cheville comme un karatéka. Je me suis effondrée au sol, j'ai hurlé. Il était déjà loin. J'ai dit à mon mari de prévenir les secours, ma jambe me faisait un mal atroce.»

« Une arabe musulmane mariée à un Français, ça gêne...»

Opérée le lendemain durant quatre heures, Mina a maintenant trois plaques, des vis et des agrafes tout le long de la jambe. Les jours suivants, elle dit avoir encore beaucoup souffert et n’a trouvé de répit que grâce à la morphine que lui ont administré les médecins de l’hôpital.
Cette semaine, le médecin légiste a rendu son rapport. Mina aura six semaines d’interruption temporaire de travail et devra passer par une longue période de rééducation avant de pouvoir remarcher.
La violence gratuite et la folie n’expliquent pas tout selon Mina et Richard. Ce dernier voit une raison simple qui entraîne autant de haine à leur égard : « une arabe musulmane mariée à un Français, ça gêne beaucoup dans le quartier. Les insultes que nous subissons le montrent», témoigne Richard.
« Au printemps, j'ai appelé la police tous les jours à cause du tapage devant ma porte... qui a été forcée à deux reprises. Les jeunes veulent aussi se venger de cela : je ne tolère pas le squat devant mon entrée d'appartement !», complète Mina.
Mina, qui devra encore rester quelque temps à l’hôpital, n’envisage pas de retourner dans son appartement lorsqu’elle sera rétablie. Avec son conjoint, elle espère pouvoir déménager rapidement, et vivre une vie normale.

Frédéric Antoine
Le Courrier de Mantes du 30/08/2006



22 septembre 2006


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