Déchristianisation à Québec par l'affectation d'églises à des utilisations non religieuses




A Québec, le christianisme fait partie des murs jusqu'au plus profond des fondations. Si le premier européen à fréquenter les lieux fut Jacques Cartier en 1535, les premiers colons s'y installèrent à la suite de l'expédition de Samuel de Champlain qui fonda la ville en 1608. L'Eglise catholique les accompagnait : tentatives d'évangélisation par les Recollets dès 1615, arrivée des Jésuites en 1625 (puis fondation d'une mission dans le Saguenay en 1641 pour la conversion des Montagnais), installation des Augustines hospitalières en 1640, construction du monastère des Ursulines en 1641, édification d'une église en 1650 qui allait devenir la cathédrale, fondation du séminaire en 1663, etc. Aujourd'hui, les bâtiments chrétiens, surtout catholiques mais aussi anglicans, pullulent dans la ville et on ne manque pas d'y rappeler l'évangélisation des Amérindiens (Hurons, Algonquins, Iroquois, Montagnais).

Cependant, au Québec comme en Europe, les superstitions et l'autoritarisme chrétiens font fuir les fidèles et croître la masse des mécréants. En témoigne un ouvrage paru en 1973 aux Editions Fides (Montréal), L'incroyance au Québec, approches phénoménologiques, théologiques et pastorales, où des auteurs catholiques (prêtres, sociologues) se lamentent sur la progression de l'incroyance.

En témoigne aussi l'affectation d'églises à des utilisations non religieuses. Plusieurs églises catholiques à Québec et une anglicane à Lévis (sur l'autre rive du Saint-Laurent, face à Québec) ont été débarrassées de la tristesse et du dolorisme cultivés par les adorateurs du légendaire Jésus :


L'ancienne chapelle catholique du séminaire de Québec
1/ Le Séminaire de Québec a été fondé en 1663 et il abrite encore actuellement quelques prêtres bien qu'une grande partie du bâtiment soit devenue une école d'architecture. La chapelle du séminaire, dite extérieure, construite entre 1888 et 1900, a perdu ses fonctions cultuelles en 1992, les prêtres ayant jugé que les coûts d'entretien étaient trop élevés. La chapelle appartient désormais au Musée de l'Amérique française et est utilisée pour des concerts et des réceptions. Construite en 1900, une particularité est le recours à des plaques d'acier galvanisé peintes de façon à simuler, sur les piliers, l'aspect du marbre et, au plafond, des figures en plâtre. A noter aussi la très grande abondance de reliques, minuscules morceaux de carcasses de bons chrétiens dont le quatrième pape, Saint Clément (1er siècle), ou supposé tel.

2/ A l'extérieur des remparts de Québec, au numéro 530 de la Grande Allée, l'église Saint-Cœur-de-Marie a eu une histoire religieuse plus brève. Construite en 1919, elle a perdu sa fonction cultuelle en 1987. Achetée en 2002 par un homme d'affaire étatsunien, des travaux entrepris en 2006 pour un coût de 300 000 dollars canadiens (200 000 euros) la destinent à une activité culturelle encore non définie (Le Soleil 17 août 2006).


L'ancienne église catholique Saint-Cœur-de-Marie
3/ Sur l'autre rive du Saint-Laurent, la ville de Lévis n'échappe pas à la transformation des églises. Ainsi, au numéro 31 de la rue Wolfe, une église anglicane est devenue une salle de spectacle, les messes n'y étant plus dites depuis vingt cinq ans. L'aménagement du lieu a ajouté, en contrebas de l'édifice désormais connu comme L'Anglicane, une structure métallique dont la couleur et les parois vitrées s'accordent avec la pierre grise de l'église. Et pour compléter l'ensemble, dans le presbytère, la galerie Louise-Carrier présente des expositions.


L'ancienne église anglicane de Lévis
4/ D'autres églises catholiques ont perdu leur fonction religieuse et le Comité diocésain du patrimoine religieux du diocèse de Québec en a dressé une liste dans un Mémoire sur le patrimoine religieux à la Commission de la culture : depuis 1997, huit églises ont été fermées au culte dont six ont été vendues. Une liste qui ne demande qu'à être allongée.


22 septembre 2006


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