Le PS et la laïcité : oui, mais...
Un lecteur fidèle de la lettre électronique Respublica, Pierre Montagnon, a interpellé Jean Glavany, responsable au PS du secteur laïcité, sur les renoncements actuels à la laïcité observés à profusion. A la remarque de ce lecteur que, d'une part, les processions se déroulent dans Paris au prétexte fallacieux d'une liberté d'expression que les religieux ont toujours refusée aux incroyants et que, d'autre part, Bertrand Delanoë n'est d'aucun secours pour défendre la laïcité, Jean Glavany oppose cette réponse étonnante : "je crains que vos idées vous mènent trop loin d'une part, vous ne pouvez pas ignorer l'histoire de France : elle est marquée par des siècles de christianisme. Ça existe et ça fait partie de notre identité. La laïcité ne consiste pas à gommer tout cela, à l'expurger autoritairement. Ensuite, la liberté de manifester sur la voie publique existe dans notre pays ! Vous voulez y mettre un terme pour les seules religions ? Attention !! la laïcité n'est pas un combat contre les religions mais contre les intégrismes et Bertrand Delanoë sait cela mieux que quiconque."
Fin 2005, lors du centenaire de la loi de 1905, Jean Glavany avait, sans scrupule, précisé sa pensée en établissant la liste des astuces qui s'offrent aux collectivités publiques pour détourner le principe de non subventionnement des cultes afin de faciliter la construction des mosquées. Bref, ne surtout pas être trop méchant envers les gentilles religions, déformées par les intégristes, fondamentalistes ou extrémistes (on ne sait plus derrière quel terme se réfugier pour disculper les monothéismes de leur haine intrinsèque de l'altérité).
La réponse de Glavany n'est finalement qu'un agenouillement supplémentaire d'un Parti Socialiste qui n'en finit pas de multiplier les égards envers les religions. C'est en effet Lionel Jospin, qu'on ne saurait suspecter d'une spiritualité envahissante, qui avait officialisé le dialogue de l'Etat avec l'Eglise. Jack Lang n'y avait bien sûr pas vu malice, lui qui s'était fait un nouveau pote en la personne du père Cloupet en 1992, un Jack Lang aussi très apprécié du côté d'Evry avec le pseudo musée d'art sacré et la vraie cathédrale qu'il a fait financer sur deniers publics. Martine Aubry avait joué la carte de l'œcuménisme en décidant d'aménager, dans une piscine, des horaires pour les musulmanes voilées alors que son père est un des représentants du catholicisme de gauche. François Hollande avait agi en équilibriste lors du décès de Jean Paul II : plutôt que de dénoncer la marée de bondieuseries qui a submergé les médias et le monde politique, Hollande s'était contenté de propos consensuels. Un qui n'avait pas fait tant de manières est Bertrand Delanoë qui alla même jusqu'à proposer qu'une place prenne, à Paris, le nom de l'ancien pontife. Auparavant, en 2001, un responsable du Parti Socialiste avait honoré de sa présence le congrès de l'Union des Organisations Islamiques de France au Bourget. Du haut de sa tribune, Alain Chenal n'avait pas eu un mot sur le placement sexiste observé dans l'assistance : hommes et femmes étaient séparés. Quant à la girouette Manuel Valls, elle s'est, plus récemment, orientée en direction de La Mecque en estimant que, finalement, la loi de 1905 pouvait être modifiée pour aider à la construction des mosquées. Si le PS peine à retrouver le chemin de la séparation des sectes et de l'Etat avec une telle équipe de bras cassés, les défenseurs de la laïcité sauront, eux, ne pas trouver le bulletin socialiste en 2007.
2 mai 2006
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