Prières de rue à Paris : interdites
sauf pour l'extrême droite catholique près du Sénat (Civitas) et de l'Hôpital Tenon (SOS Tout-Petits)





On pensait que la question des prières de rue avait été réglée par une interdiction totale en septembre 2011 mais il semble que cette disposition dépende du prophète choisi. Les musulmans ne peuvent plus, fort heureusement, prier dans la rue mais les catholiques sont toujours autorisés à s'y exhiber. Pour les juifs, les raéliens et les hindous, on ne sait pas encore. Les prières de catholiques d'extrême droite ont ainsi souvent été observées à Paris récemment, aussi bien celles des fanatiques de Civitas contre le mariage des homosexuels que celle des dévots de SOS Tout-Petits contre l'avortement à l'hôpital Tenon (XXème arrondissement).

Lors de la discussion de la loi par le Sénat, les catholiques de Civitas se sont agenouillés chaque soir à 19h rue de Tournon, à quelques dizaines de mètres du Sénat. Le quartier était quasiment complètement bloqué par plusieurs dizaines de gendarmes. Pour les croisés anti-avortement à proximité de l'hôpital Tenon, la situation est quelque peu distincte car, si des CRS sont systématiquement présents, c'est plutôt pour assurer leur protection alors que les passants sont excédés par le vacarme de ces oraisons.

12 avril 2013 : Civitas prie devant le Sénat

Une soixantaine de catholiques ont entonné prières et chants face à l'entrée principale du Sénat où, le matin, a été votée la loi pour le mariage des homomsexuels. Ce fut le fatras habituel des sorties de Civitas : idéologie moyenâgeuse, puritanisme, obscurantisme, suprématie du concept fantaisiste de "dieu" sur toute action humaine, un chapelet dans la main, à genoux sur le bitume, sous la pluie, avec trois curés en soutane noire pour mettre un peu de couleur. Une anecdote amusante cependant : un homme à l'apparence aux antipodes du code vestimentaire catho réac prend des photos de ces pitres mais, ne regardant pas suffisamment où il met ses pieds, il marche dans une crotte de chien. Rigolard, il m'adresse alors ces quelques mots : "c'est tout un signe : j'ai marché dans la merde." Le seul sourire de la soirée.





Prières de Civitas devant le Sénat (12 avril 2013)


20 avril 2013 : SOS Tout-Petits prie à proximité de l'Hôpital Tenon

Fermé en juillet 2009, le centre IVG de l'Hôpital Tenon dans le XXème arrondissement de Paris a réouvert en avril 2011. Sans surprise, les militants d'extrême droite de SOS Tout-Petits en ont fait alors un lieu de prière régulier contre l'avortement, une fois par mois. Samedi 20 avril ils étaient une vingtaine à aligner les Je vous salue Marie et les Notre Père, à genoux sur le trottoir, face au métro Pelleport. A leur tête, Xavier Dor, 83 ans, distribue sa propagande et répond aux médias, avant un procès en juin. Pour ces fanatiques "la vie est un don de Dieu" et l'avortement (comme la contraception) un crime. Une photo répugnante de petits corps disloqués est brandie sur une banderole, on prie le rosaire, on se drape en croisée et on en appelle au panthéon chrétien (la Vierge, Jésus, Dieu, etc.). La caution religieuse est apportée par l'abbé Guy Pagès (du diocèse de Paris) qui débite des patenôtres au micro.

La police est omniprésente dans le quartier : en pratique elle assure la protection de la clique anti-avortement dont le rassemblement est autorisé par la Préfecture. A 300 mètres de là, un autre rassemblement est organisé par les défenseurs de l'IVG. Entre les deux, outre des dizaines de policiers, les habitants du quartier ne cachent pas leur exaspération devant les mariolâtres : en plus du rejet du monde figé défendu par SOS Tout-Petits, tout le monde est excédé par le blocage du trottoir et les nuisances sonores des hauts-parleurs qui crachent leurs prières. L'élément le plus remarquable de cette matinée est très certainement la vive contestation adressée par les passants à l'encontre de cette extrême droite très catholique. Des véhicules klaxonnent, deux motards dressent haut leur majeur, un cycliste les apostrophe depuis le trottoir d'en face, une jeune femme, accompagnée de son enfant, pousse un cri strident pour dominer le boucan de la sono, une autre admoneste les manifestants et n'obtient pour réponse qu'un "Christus vincit" rabâché mécaniquement, etc.





Prières de SOS Tout-Petits à proximité de l'Hôpital Tenon (20 avril 2013)


Intimidation policière

Mais une situation un peu plus tendue a pu être observée. Une femme, suivie par un jeune couple, interpelle avec énergie les dévots du premier rang, devant la banderole. L'irritation est totale face à la pensée et la présence imposée des anti-avortement, et Xavier Dor réclame l'intervention des policiers en civil. Trois s'avancent et l'un d'eux, dans un geste paternaliste, pose sa main sur l'épaule du caméraman de France 3 en lui demandant d'arrêter de filmer car ils vont procéder à l'éloignement des trois personnes. Images interdites quand la police protège SOS Tout-Petits ! Les policiers ne souhaitent probablement pas voir leurs exploits diffusés comme en novembre 2012 lorsque des défenseurs de l'avortement avaient été malmenés par les CRS (cf. images de Télébocal).



Pour en savoir plus, voir le site du collectif pour l'IVG à l'Hôpital Tenon.



24 avril 2013
Prières de Civitas devant le Sénat (12 avril 2013)




Alain Escada, chef de Civitas.






Prières de SOS Tout-Petits près de l'Hôpital Tenon (20 avril 2013)










Xavier Dor






Rassemblement face à l'Hôpital Tenon du Collectif pour l'IVG

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