La manifestation du Parti des Musulmans de France à Téhéran sur Seine
Mohammed Latrèche a réussi un grand coup : rassembler plusieurs milliers de personnes à Paris au nom du Coran. La manifestation du 17 janvier 2004 restera un succès personnel pour le chef du Parti des Musulmans de France avec un défilé comportant une majorité d'hommes, les femmes étant reléguées au rang de potiches. Rigoureusement encadrées, elles semblaient plus des marionnettes qu'agitaient les barbus que les égales des hommes. Effroyable constat d'une population fanatisée qui rappelle les heures les plus sombres de Téhéran, Kaboul ou Alger. Jamais le bitume parisien n'a entendu autant d'"Allah akbar" qui témoignent bien de la supériorité accordée à la religion sur les lois républicaines. Des chants en arabe ont été criés pour exalter l'islam conquérant des origines, ceux-là mêmes qui ont martyrisé l'Algérie contaminée par le FIS et le GIA.
Avec l'énergie du combattant, Latrèche, debout sur le camion de tête, ne cesse de haranguer la foule, fustige l'imam d'Al Azhar, délivre un véritable satisfecit à l'Eglise catholique pour son opposition à une loi et félicite le pape ! On chercherait en vain un meilleur exemple de l'alliance des religions contre la laïcité ; Latrèche révèle là les liens autoritaires et misogynes qui unissent les monothéismes. Par contre, le judaïsme ne sera pas évoqué, l'œcuménisme a ses limites au Parti des Musulmans de France, un parti dans les manifestations duquel on a pu entendre, par le passé, des slogans tels que "mort aux juifs".
Aux "Allah akbar" du début de la manifestation a succédé des "hip hip hip Allah akbar" attestant de l'humour de ces joyeux drilles pour qui la loi de Dieu passe avant celle des hommes. C'est ce que rappellera à la fin de la manifestation un jeune imam au comportement de dément (*), un de ces fous d'Allah dont la vie n'est qu'une longue succession de prières et qui ne peuvent commencer leurs interventions sans se référer à "Dieu" : la phrase, prononcée en arabe, disant "il n'y a de dieu que dieu" serait la plus belle qui soit et demeurerait très supérieure à la devise républicaine "Liberté Egalité Fraternité". L'imam avait auparavant exhibé son fanatisme délirant en dirigeant la prière de l'Asr dans la rue Jean-Pierre Timbaud, non loin de la sinistre mosquée Omar. Tel est le public du PMF, telle est sa conception absolutiste d'un islam dominateur. D'autres groupes abîmés sur leurs tapis de prière pourront être remarqués dans des postures d'un obscurantisme ahurissant vers la fin de la manifestation pour la prière du Maghreb. Les fidèles sont plongés dans un état second, extatique.
Les "sœurs", canalisées par le service d'ordre, ont servi de décoration pour la promotion du PMF. Toutes étaient voilées mais certaines, toujours trop nombreuses, avaient poussé la récupération des valeurs laïques en se parant de hidjabs bleu-blanc-rouge ou en s'enveloppant dans le drapeau tricolore. On scande des "Ni Stasi, ni Vichy, ni islamophobie". Pourtant, des frictions apparaissent entre hommes et femmes, la fameuse "solidarité" dont feraient preuve les mâles pour le port du voile n'étant qu'une version polie du machisme habituel. Ainsi, une femme ayant eu accès au micro demande aux hommes de laisser passer les "sœurs" mais elle ne sera pas entendue, on ne bouscule pas avec facilité des habitudes pluriséculaires. La même déclare aussi son opposition au communautarisme alors qu'un groupe d'hommes brandit une banderole affirmant que celui-ci est l'avenir de la République. Plus extraordinaire, une musulmane non voilée parvenue au micro demande, dans une intervention surréaliste, que les femmes enlèvent leur voile ! A-t-on bien entendu ? Oui car des huées immenses accueillent l'intrépide proposition pendant que l'oratrice est rapidement éjectée. Interdiction de contester le port de ce voile carcéral.
Les interventions se succèdent au cours du défilé qui a mené les manifestants de la place de la République à la place de la Nation, deux notions inconnues aux fondamentalistes. On y attaque avec haine l'islamophobie qui serait le fait des "intégristes de la laïcité", une insulte à mettre au crédit de Nicolas Sarkozy, pendant que les membres du Parti Citoyenneté et Prospérité (un mouvement islamiste belge) agitent leurs drapeaux et s'égosillent dans des "Allah akbar" toujours accompagnés de la formule magique affirmant qu'"il n'y a de dieu que dieu". On notera l'incohérence de ce propos qui consiste à définir un concept à partir de lui-même, une litanie insensée qui est néanmoins considérée comme le signe de la véritable adhésion à l'islam. Les membres du PCP suivent avec application la mode musulmane en portant djellabas, calotte et barbe. Les miliciens de la Ligue Arabe Européenne ont eux aussi investi la rue parisienne pour un djihad européen.
Dans la foule des manifestants, on peut reconnaître le basketteur converti Tariq Abdul Wahad, de son vrai nom Olivier Saint Jean, donnant l'accolade à Thomas Milcent, plus connu sous le nom de Docteur Abdallah et spécialiste de la circoncision sur le site islamiste oumma.com. Le chef du Hezbollah libanais, le peu jovial cheik Sadrettin Fadlallah, est aussi de la fête, témoignant là encore des motivations fascistes de nombreux manifestants. Il a l'honneur de multiples interviews pour les
télévisions arabes. Et comme dans la manifestation du 21 décembre, certains intégristes arborent des affichettes avec des croissants jaunes accompagnés de la légende "À quand notre déportation ?" (voir photo).
Si quelques trotskistes désœuvrés ont distribué des tracts contre la "loi raciste de Chirac", les anarchistes de la CNT, venus pour une manifestation antinucléaire, n'ont, par contre, pas manqué de rappeler aux islamistes les fondements de la lutte antireligieuse. Les barbus et les femmes voilées ont donc récolté de vibrants "Ni dieu, ni maître, ni ordre moral" au travers d'un cordon de CRS.
La manifestation s'est terminée place de la Nation par un discours de Mohammed Latrèche dans la plus pure tradition du populisme. Enonçant des arguments chocs dans des phrases courtes qui accordaient adroitement des intervalles pour l'applaudir, le tribun, grisé par l'évènement, s'est abandonné à quelques confidences qui ne sauraient surprendre : "sur la question du voile, nous sommes des extrémistes", la loi "nous ne l'accepterons jamais". Ou encore, des menaces comme "nous allons vous terroriser avec les élections". Latrèche qui invoque les règles démocratiques pour faire gagner l'islam, c'est le monde à l'envers. Dans l'exubérance des fins de manifestations, avant de terminer par la lecture du Coran, Latrèche accorde le micro à qui le réclame. Bien mal lui en prit : une femme use de cette tribune pour s'insurger face aux insultes qu'il a proférées envers Chirac ! Des huées, et de maigres applaudissements, récompensent la téméraire. Les discussions vont alors bon train dans le public, le PMF ne fait visiblement pas l'unanimité parmi les présents et c'est là la véritable réussite de Latrèche : avoir récupéré, avec la complicité de l'UOIF, la venue de milliers de manifestants au profit de son parti aussi violent que groupusculaire. Il est sûr que ce Le Pen de l'islam saura utiliser cette gloire d'un jour.
21 janvier 2004
* : cet individu s'appelle Farid Benyettou, âgé d'environ 24 ans il était le gourou d'un groupe de jeunes fanatiques du 19e arrondissement de Paris partis en Irak pour le djihad (émission Pièces à conviction, France 3, 26 septembre 2005). Il dispensait ses prêches dans la mosquée Addawa de la rue de Tanger, puis dans un foyer après avoir été viré de la mosquée. Il a été arrêté par la police. La prière dirigée par Farid Benyettou le 17 janvier 2004, rue Jean-Pierre Timbaud :
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