Aux USA, la réplique d'un athée courageux
Traduit de l'anglais, Rationalist International numéro 99, 8 juillet 2002
A une époque où l’Amérique s’habitue à une présence accrue de Dieu dans la vie publique, un athée courageux a décidé de répliquer. Michael Newdow, un médecin étudiant le droit en Californie, est déterminé à renforcer le Premier Amendement de la Constitution des USA qui garanti la séparation entre l’Eglise et l’Etat. Son procès contre la Déclaration d'Allégeance (Pledge of Allegiance) a allumé des protestations à l’échelle nationale.
Chaque matin, des millions d’écoliers aux USA regardent le drapeau étoilé, agrippant leur cœur avec la main droite en récitant la Déclaration d'Allégeance qui définit les USA comme "une nation sous la loi de Dieu". Michael Newdow qui ne voulait pas que sa fille de huit ans soit forcée à participer à aucune cérémonie religieuse, intenta un procès contre les autorités de l’école. Au tribunal, il déclara que la déclaration violait la Constitution. Il gagna, au moins pour l’espace d’une journée. Le 26 juin 2002, la Neuvième Cour d’Appel de San Francisco déclara par 2 voix contre une que la phrase "une nation sous la loi de Dieu" implique une adhésion de l’Etat à la religion. Ce qui signifie une "déclaration de croyance religieuse, c’est à dire, une croyance au monothéisme" comme l’a écrit le juge Alfred Theodore Goodwin au nom des trois juges. "Invoquer le nom de Dieu n’est pas neutre sur le plan religieux."
Suite à cette décision, une vague de critiques secoua les USA, dont une résolution du Sénat et une manifestation des Républicains. Un sondage immédiat de Newsweek montra que 87% des personnes interrogées souhaitent que Dieu reste dans la déclaration. 54% pensent que le gouvernement devrait promouvoir la religion, 60% apprécient que des politiciens expriment publiquement leur foi. Le Président Georges W Bush, alors qu’il participait au G8 au Canada, a annoncé qu'il serait bienvenu que ce "jugement ridicule" soit annulé.
"Une mention de Dieu dans la Déclaration d'Allégeance ne viole aucun droit. En fait, c’est la confirmation que nous avons reçu nos droits de Dieu, comme cela est proclamé dans notre Déclaration d’Indépendance", déclara Bush. "Nous avons besoin de juges qui comprennent que nos droits dérivent de Dieu", "Ceux-là sont le genre de juge que je prévois de mettre sur la touche."
Le ministre de la Justice John Ashcroft a annoncé que le Département de la Justice était prêt à défendre la possibilité que les enfants de la nation puisse faire allégeance au drapeau. Il estima la décision "directement contraire à des siècles de traditions américaines", oubliant que le mot Dieu fut inséré dans la déclaration de patriotisme il y a seulement 48 ans par un Acte du Congrès sous la présidence d’Eisenhower. Composé par le ministre baptiste Francis Bellamy en 1892 pour le 400ème anniversaire de la découverte de l’Amérique par Colomb, la déclaration fut d’abord célèbre sans Dieu.
Alors qu’une tempête si pieuse lui balayait le visage, le juge Goodwin âgé de 79 ans suspendit sa propre décision au jour suivant, afin de permettre que les autres membres de la cour décident si l’affaire devait être reconsidérée. Le Département de la Justice avait pendant ce temps demandé une réexamination par l’ensemble des onze membres. Il est prévisible que la décision de Goodwin ne survivra pas. Mais même s’il n’en était pas ainsi, elle devrait quand même passer par la Cour Suprême.
Quoiqu’il en soit, les écoliers américains devront continuer à penser à Dieu sous le drapeau étoilé, le procès de Michael Newdow a secoué de vieilles décisions et déclenché un immense débat sur les relations entre l’Eglise et l’Etat dans les médias et l’opinion publique. Et Newdow, malgré des menaces de mort, ne va pas s’arrêter là. Se décrivant lui-même comme un "ministre fondateur" de l’"Eglise du Premier Amendement de la Vraie Science" (First Amendment Church of True Science : FACT), il déborde d’idées et de projets, comment contrer l’influence de la religion dans la vie publique, et rempli d’énergie et de confiance. Il a déjà d’autres procès en cours. Dans l’un d’eux, il tente d’interdire au Congrès de faire des références religieuses dans ses résolutions officielles. Dans un autre, il veut interdire le Président Bush d’inclure des prières chrétiennes dans ses cérémonies d’inauguration. Il veut aussi que l’inscription "In God we trust" (Nous avons foi en Dieu) disparaisse des pièces et billets en Dollar.
A part tout cela, il est en conflit avec son ex-femme pour la garde de sa fille. Il envisage de devenir avocat en affaires familiales, domaine qu’il considère, excepté la religion, comme le "système le plus archaïque, contre productif et nocif de notre société".
20 juillet 2002
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