Le miracle des stigmates du Père Pio, une bonne affaire pour le Vatican





Le pape Jean Paul II a réussi une bonne opération de relations publiques en béatifiant, le 2 mai 1999, le père Pio de Pietrelcina, porteur des stigmates qu'aurait présenté l'hypothétique JC il y a bien longtemps, cloué sur la croix. Ce curé italien est l'objet d'un véritable culte que ses fanatiques adorent comme une star de football. Sa béatification papale est donc tout bénéfice pour l'Eglise catholique romaine d'autant plus que le président de la république italienne Oscar Luigi Scalfaro, le président du Conseil Massimo D'Alema et plusieurs ministres et parlementaires ont assisté à la cérémonie. La république italienne au grand complet! Plusieurs centaines de milliers de supporteurs étaient aussi présents avec écrans géants pour suivre la scène et retransmission en direct par la télévision italienne. La vente de vidéos sur la vie du saint homme, d'huile d'olive, de montres, de parfums et de statuettes à sa gloire sont venus rappeler que l'Eglise catholique sait s'accommoder des marchands du temple.

Le père Pio, originaire du sud est de l'Italie, s'est rendu célèbre dès 1918 en présentant des plaies aux mains, aux pieds et au coté qui ne cicatrisent jamais, perdant ainsi du sang en permanence pendant 50 ans... Et pour preuve de la réalité du miracle, les stigmates ont disparu à la mort du padre en 1968 (réflexion bassement matérialiste: un décès a généralement pour première conséquence un arrêt de la circulation sanguine d'où la disparition du phénomène divin..., c'est le contraire qui eut été surprenant, la continuation de l'écoulement sanguin après le décès!). Environ 300 personnes ont affirmé, en 2000 ans, présenter des stigmates similaires mais l'Eglise n'a officiellement affirmé le caractère divin que pour une dizaine d'entre eux, dont Saint François d'Assise. Outre des mains sanguinolentes, le père Pio s'est aussi illustré par divers miracles, c'est le minimum à présenter pour aspirer à la place suprême à coté de Dieu. Malheureusement, il n'a pu empêcher le chimiquier Ievoli Sun de couler au large du Cotentin le 31 octobre 2000 et de déverser sa cargaison de styrène en mer: son armateur a précisé qu'il plaçait une image du padre Pio dans tous ses bateaux (Libération 29 décembre 2000).

En béatifiant le prêtre, Jean Paul II continue la tâche de l'Eglise si bien réalisé depuis 20 siècles qui consiste a maintenir la masse dans la plus parfaite ignorance en alimentant ces croyances désuètes de miracles. "Seigneur donne nous notre miracle quotidien" semblent dire les supporteurs du padre Pio. Et les miracles apparaissent d'autant plus facilement que la foule est prête à les recevoir... Alimenter le peuple de ces illusions ridicules donne à l'Eglise le moyen de redresser la tête, de se fortifier elle-même, en affirmant que le spirituel (spiritisme?) reste fondamental dans notre société matérialiste. Comme un dernier assaut désespéré contre une société qui n'a plus besoin d'elle, dont le résultat est moins une modification du cours de l'histoire qu'un ralentissement de la chute.

Mais il est vrai que l'Eglise catholique sans miracles ne serait plus l'Eglise catholique.



A lire: la canonisation du père Pio (30 juin 2002)



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