La consultation des musulmans de France initiée par M. Jean Pierre Chevènement en octobre 1999 se poursuit actuellement sous la tutelle de M. Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur, qui tente de sauver ce qui peut l'être en se heurtant à des interlocuteurs aux aspirations contraires. L'activité de cette consultation est divisée en plusieurs commissions dont l'objet est de dresser un état des lieux de la situation puis de proposer des orientations futures. Les thèmes étudiés dans les groupes de travail sont: lieux de cultes, structures associatives, ministres du culte, aumôneries en milieu carcéral, abattage rituel de l'Aïd el Kebir. Deux groupes de travail supplémentaires ont été créés récemment: communication audiovisuelle (numéro 6) et organisation du pèlerinage aux Lieux Saints (numéro 7).

Si le premier fait face à une situation inextricable requérant une réponse qui ne peut être éludée (à qui confier la gestion de l'émission dominicale porte voix de l'islam sur France2?), le second n'est, par contre, pas du ressort de l'État. Arguant des conditions parfois aventureuses dans lesquelles s'effectue le pèlerinage annuel de 20000 croyants à La Mecque et Médine (Arabie Saoudite) - agences de voyages douteuses, vaccinations, faible présence française sur place - le gouvernement estime que sa préparation entre aussi dans ses attributions comme indiqué en avril 2001 dans le numéro 5 du Journal de la consultation des musulmans de France, et rappelé par M. Alain Billon lors du congrès 2001 de l'UOIF.

Le ministère de l'Intérieur souhaite ainsi la création d'une Mission du pèlerinage "placée sous la responsabilité des musulmans" est-il précisé à des fins rassurantes. Les croyants sont naturellement libres de fonder une structure pour assurer la bonne organisation du voyage mais cette entreprise ne doit relever que d'une initiative privée où l'État n'a pas sa place. Le respect par l'État des principes fondamentaux de la laïcité est une tâche suffisamment consommatrice en temps et en énergie pour ne pas le laisser s'abandonner, entre ingérence et complaisance, à des activités cultuelles qui lui sont étrangères.