Chaque année à Pâques, les chrétiens croient célébrer la cruci-fiction du légendaire JC. Ils en portent d'ailleurs souvent le souvenir en arborant le crucifié en pendentif, cas unique où des individus exhibent un instrument de torture en guise de parure. Pourtant, s'ils semblent persuadés que le bonhomme fut cloué sur deux planches de bois, les traductions diverses du Nouveau Testament laissent entrevoir qu'il aurait aussi pu être pendu à un poteau (Act. 5, 30 : "Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous avez mis à mort en le pendant à un gibet", traduction de Pierre de Beaumont). Interdiction de ricaner à l'idée que les chrétiens pourraient alors, aujourd'hui, porter une petite potence en collier.
Toutefois, même dans le cas d'une cruci-fiction, le doute demeure sur le mode d'accrochage : trois ou quatre clous ? L'immense majorité des cruci-fictions de JC n'ont recours qu'à trois clous mais certaines, pour un effet plus sanguinolent, en ont quatre (comme celle adoptée par Velasquez). Pour d'autres représentations plus anciennes, le support n'est pas une croix mais un T. Trois ou quatre clous, une croix, un poteau ou un T, l'essence du christianisme réside précisément dans ce genre de débat stupide et vain où l'on tente de convaincre que la vacuité et la futilité sont porteuses de sens. Mais on peut clore plus rapidement le sujet en considérant que toute réflexion sur la vie de JC n'est qu'un bavardage inutile dans la mesure où le personnage, tel qu'il est décrit dans les Évangiles, n'a pu exister (un type qui marche sur l'eau, qui ressuscite les morts et qui ressuscite lui-même, qui fait des miracles, etc.).
Ces interrogations sont sans grande importance et en auront de moins en moins : le nombre de chrétiens célébrant vraiment Pâques, autrement qu'en se goinfrant d'œufs en chocolat, n'est qu'une fraction de plus en faible de la population française. Et ne pas assister à l'office le vendredi dit saint est peut-être plus sûr quand on a un peu de mémoire parisienne : le 29 mars 1918, vendredi de Pâques, une bombe allemande tombe à Paris sur l'église Saint-Gervais-Saint-Protais pendant la messe ! Quatre-vingt-huit croyants sont expédiés illico vérifier les thèses catholiques sur l'au-delà.
Le baratin autour de la vie de JC relève donc plus de la construction postérieure que du récit historique mais la crucifixion de Brian est, au contraire, bien attestée par le cinéma (avec l'aide des Monthy Python, La vie de Brian) :