1/ Condamnation à mort pour adultère

Plus de deux mille personnes ont répondu à l'appel lancé par Rationalist International en faveur de Zafran Bi Bi en écrivant au président pakistanais P. Musharraf. La jeune femme a été condamnée à mort pour adultère par la justice islamique du Pakistan. Elle a en fait été violée par son beau-frère mais celui-ci n'a pas été inquiété par la "justice".

Néanmoins, quelques espoirs sont permis. La plus haute cour religieuse du Pakistan a accepté l'appel de Zafran Bi Bi et a décidé de revoir la sentence de mort qui a été prononcée. La jeune femme âgée de 26 ans attend le verdict dans sa cellule de Kohat, une petite ville dans le nord ouest du Pakistan. Occasionnellement le seul visiteur admis est apporté par une infirmière de la prison: la fille de Zafran Bi Bi âgée maintenant d'un an, née en prison et constituant le "corps du délit". Son beau-frère n'a été considéré responsable ni d'adultère ni de viol.

Zafran Bi Bi est une des nombreuses femmes subissant la loi barbare du Coran qui exclu les relations sexuelles hors mariage, qu'elles soient consentantes ou forcées. "L'enfant illégitime n'a pas été renié par elle et est donc une preuve de zina (relation sexuelle hors mariage). Ceci n'a laissé à la cour aucune autre possibilité que la peine la plus lourde", déclara Anwar Ali Khan, le juge qui condamna la jeune femme à la mort par lapidation. Même si la condamnation à mort était annulée par le prochain verdict, Zafran devrait cependant rester en prison pendant plusieurs années d'après des défenseurs des droits des femmes. Mais il n'est pas impossible que la loi soit modifiée!

Réagissant aux protestations massives contre la condamnation de Zafran Bi Bi, le Conseil de l'idéologie islamique, le plus haut conseil religieux au Pakistan, fit une déclaration très importante. Il annonça une révision de la loi draconienne sur l'adultère dans la Shariat. Dans sa déclaration officielle, le Conseil informa que l'ordonnance, décrétée il y a 23 ans, allait être étudiée pour identifier les parties qui ne sont pas en conformité avec les enseignements du Coran et les traditions de la Sunna (la tradition de la vie de Mahomet). Le Conseil a réalisé, comme l'a expliqué M. Zaman à Lahore, que l'ordonnance pouvait comporter des erreurs humaines.

Le procès de Zafran Bi Bi a aussi soulevé de nombreuses protestations au Pakistan. Il y a eu des cris de réprobation dans une partie des médias contre le jugement. Des groupes de défense des droits humains ont organisé une immense manifestation à Islamabad au cours de laquelle 30 personnes ont été momentanément arrêtées.

Le combat pour la vie et la liberté de Zafran Bi Bi doit se poursuivre! Contactez le président Musharraf en lui demandant d'user de tout son pouvoir pour interdire les atteintes aux droits humains dans son pays. Demandez la liberté pour Zafran Bi Bi ainsi que la suppression de cette loi islamique inhumaine sur l'adultère. Rappelez au président Musharraf qu'il avait promis le 12 janvier 2002 dans sa Lettre à la nation du Pakistan de libérer son pays du fondamentalisme musulman.

e-mail du président Musharraf : CE@pak.gov.pk et envoyer une copie du message à Campaign@rationalistinternational.net.

2/ Libération de Zafran Bi Bi

La cour fédérale de la Shariat à Islamabad a acquitté Zafran Bi Bi le 7 juin 2002. La jeune femme qui avait été condamnée à mort par lapidation début mai est libre. C'est aussi une victoire pour tous les militants rationalistes, des droits humains et des droits des femmes puisque le président Musharraf a reçu près de 3000 e-mails en sa faveur. Le 2 juin il avait déclaré que la cour ne permettrait pas que la sentence soit appliquée. Effectivement, Zafran Bi Bi était acquittée quelques jours après.

Ce verdict très heureux est aussi un encouragement à poursuivre leurs actions pour les centaines de militants du Pakistan qui défendent les valeurs humanistes contre le dogmatisme religieux obscurantiste et brutal. Le procès de Zafran Bi Bi fera date mais il n'est pas encore temps de se reposer sur ses lauriers. Tant que la loi coranique hudood sur l'adultère continuera à représenter une arme pour supprimer des milliers de femmes dans le pays, cette victoire reste un succès temporaire. Des milliers de femmes sont accusées chaque année d'adultère et certaines peuvent rester en prison pendant 10 à 15 ans. Bien que la loi permette la peine de mort par jet de pierre, cette fin atroce n'a pas été appliquée depuis le début des années 80.

En réaction aux protestations massives contre la condamnation initiale de Zafran Bi Bi, le Conseil de l'Idéologie Islamique a annoncé une révision de la loi. Cette décision inhabituelle est une victoire extraordinaire. Mais cela ne suffit pas. La loi hudood ainsi que l'ensemble de la législation basée sur la religion doit être remplacé par un système judiciaire moderne si le Pakistan souhaite réellement se libérer des serres de l'obscurantisme religieux.