Les orphelins de Duplessis au Québec



L'affaire n'est pas nouvelle mais elle continue de secouer la société québécoise. Des années 40 au début des années 60, des milliers d'enfants orphelins ont été affectés dans des hôpitaux psychiatriques bien que ne souffrant d'aucun trouble mental. L'Etat, l'Eglise et le Collège des médecins se partagent les responsabilités de ces traitements odieux qui ont détruit tant de vies, physiquement comme psychologiquement.

Sans parents ou nés hors mariage, souvent issus de milieux socialement défavorisés, ces enfants étaient placés dans des orphelinats gérés par des religieuses qui y avaient une mission éducatrice. Mais les difficultés financières de ces institutions ont conduit l'Etat, en la personne du chef du gouvernement Maurice Duplessis, et la hiérarchie catholique, représentée par le Cardinal Léger, à procéder à leur transformation en hôpitaux psychiatriques sans autre formalité!

Ainsi l'institut pédagogique Mont Providence devenu un hôpital psychiatrique dépendant de Saint Jean de Dieu en 1954 permettait d'accorder aux religieuses 2,50 dollars par jour et par patient sachant que les enfants n'avaient de patient que le nom. L'opération fut si fructueuse que cet établissement comptait en 1000 enfants en 1961 pour un seul psychiatre. L'Eglise n'hésita donc pas à recourir à la honteuse destruction d'êtres humains pour assurer sa pérennité.

Mais si les internés n'étaient en rien sujets à des désordres mentaux les traitements qui leur ont été infligés ont par contre revêtu la plus grande violence: électrochocs, enfermements... A quoi il faut ajouter les violences sexuelles et les punitions physiques. C'est à ce cadre de vie inhumain qu'ont été contraints ceux que l'on nomme aujourd'hui les orphelins de Duplessis. En plus de la soumission à une tyrannie quotidienne, les traitements psychiatriques les privèrent d'école et de formation professionnelle, hypothéquant grandement leurs chances de réussite une fois l'institution quittée.

Aujourd'hui, 1000 à 3000 rescapés se sont regroupés dans le Comité des orphelins de Duplessis. Le gouvernement leur a accordé en 1999 une indemnisation de 3 millions de dollars soit environ 1000 dollars chacun. Une somme dérisoire qui n'est pas compensée par les excuses officielles du Premier ministre Lucien Bouchard le 4 mars 1999. En fait, l'affaire était déjà classée pour la justice: un juge avait déclaré en 1995 qu'il y avait prescription depuis longtemps. Pourtant le scandale avait été dénoncé dés le milieu des années 60.

L'insulte aux orphelins de Duplessis est parvenue à des sommets lors du refus de l'Eglise, le 15 septembre 1999, de reconnaître ses fautes et de présenter des excuses. Au contraire, Mgr Morissette, président de l'Assemblée des évêques du Québec a exprimé le mépris d'une Eglise plus despotique que jamais en rejetant la faute sur les familles des orphelins qui ont faillit à leur rôle parental, pour préférer louer la générosité des religieuses!

La mobilisation pour l'indemnisation des orphelins de Duplessis ne suit pas la voie souhaitée par l'Eglise et une pétition signée par 22000 québécois a été déposée à l'Assemblée le 30 mai 2000. Mais le soutien apporté par des personnalités politiques et juridiques continue de se heurter au bloc constitué par le gouvernement, l'Eglise et les médecins, soudés dans le refus d'assumer cette honte.


Le site des orphelins de Duplessis: http://users2.50megs.com/orphelin/accueil.html


Aspects économiques liés à la problématique des orphelins de Duplessis:
http://members.tripod.com/~rootsunknown/matique.htm



21 janvier 2001



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