Solidarité chrétienne : la nuit de la Saint Barthélemy ne serait que l'intolérance d'une époque
Entre chrétiens, on sait s'entraider. La solidarité chrétienne triomphe du temps, surtout si on s'est entretué quelques siècles auparavant. Protestants et catholiques avaient coutume de trancher leur différends théologiques à coup de haches et de hallebardes; aujourd'hui ces temps anciens sont considérés avec indulgence, leur barbarie est rejetée sur le contexte de l'époque afin d'alimenter le mensonge d'un christianisme (toutes sectes confondues) religion d'amour et de paix.
A Paris, le temple protestant de l'Oratoire du Louvre, en face du musée éponyme, possède un monument à la mémoire de l'Amiral de Coligny, première victime des chamailleries intrachrétiennes en 1572. A sa suite, lors de la nuit de la Saint Barthélemy (23 au 24 août), ceux qui rejettent l'autorité du pape (soit plus de 3000 huguenots) seront massacrés par ceux qui s'y soumettent avec joie, massacrés dans une preuve d'amour chrétien à l'image du sacrifice sur la croix du fiston par son père. Une plaque récente placée à côté du monument cultive le souvenir de l'Amiral dont la fin, certes tragique, lui permet néanmoins d'accéder à la gloire éternelle par le statut fort prisé de martyr.
Ne pouvant, bien sûr, éviter l'évocation de l'amour chrétien qui faisaient se déchirer protestants et catholiques, le texte absout cependant la sauvagerie chrétienne en rejetant l'intolérance qui le constitue comme une simple caractéristique de l'époque :
"CE MONUMENT A ETE ERIGE EN 1889 A LA MEMOIRE DE L'AMIRAL DE COLIGNY, TRES HAUTE FIGURE PROTESTANTE DU XVIE SIECLE, VICTIME DE L'INTOLERANCE QUI ETAIT CELLE DE SON TEMPS LORS DE LA NUIT DE LA SAINT BARTHELEMY."
L'intolérance serait donc "celle de son temps" et non de nature religieuse, inscrite dans les textes, mais le trait banal d'une époque révolue.
La religion, étant intemporelle, ne saurait s'y réduire et seuls les individus ont fauté, utilisant à mauvais escient le libre arbitre conféré paternellement par un dieu impuissant. A l'image des réunions prétendument œcuméniques impulsées par les monothéismes, protestants et catholiques savent que l'heure n'est plus aux dissertations sans fin sur les incompatibilités entre leurs diverses superstitions. Il importe alors de nier le passé, dont la violence fut pourtant conforme aux fables bibliques. L'activité majeure des sectes monothéistes consiste, aujourd'hui, à tenter de parler d'une même voix, bien que fausse et hypocrite, faire de leur passé sanglant table rase et rejeter sur l'Histoire les perversions inhérentes à l'essence des religions.
Voir aussi : Catholicisme contre protestantisme : un monument bien particulier au Musée Carnavalet à Paris
24 août 2006
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