L'Opus Dei, la pieuvre catholique




L'Opus Dei (l'Œuvre de Dieu) a été créé en 1928 par le prêtre Josemaria Escriva de Balaguer dans l'esprit militant de restaurer la foi chrétienne tout en luttant contre le communisme. La publication en 1934 de "Camino" rencontra un immense succès qui afficha l'organisation naissante et la fit reconnaître, d'abord par l'Eglise espagnole puis par Rome. La vision politique du monde par Escriva de Balaguer était comparable à celle de Pie XII à savoir qu'il s'accommodait très bien du trio Mussolini, Franco, Hitler.

Caractérisée par l'effacement personnel devant l'institution, cette organisation travaillera dans l'ombre à attirer l'élite et pour ce faire prospecte dans les universités pour recruter les cadres de demain. Il s'agit là d'une tentative de récupération des étudiants en vue de leur incorporation à l'ordre en veillant bien à ne pas en alerter la famille. Ainsi en Espagne, l'université de Pampelune est un solide bastion opusien.

La force de la secte est sa hiérarchie et le secret qui l'entoure, le devoir qu'a chacun de ses membres de ne pas révéler son appartenance à la pieuvre. Un ennemi est plus difficile à éliminer s'il est moins identifiable. L'Opus Dei est un véritable groupe de pression qui agit sur les responsables politiques d'autant plus facilement qu'il a derrière lui une vraie puissance financière avec banques à l'appui.

La suprématie de cette «Sainte Mafia» apparût de manière définitive lorsqu'en 1982, le pape Jean Paul II la fit accéder au rang de «prélature personnelle». L'Opus Dei ne dépend donc plus de l'évêché du lieu considéré mais reçoit ses ordres directement du pape d'où une liberté de manœuvre beaucoup plus grande. Jean Paul II s'est ainsi constitué une garde rapprochée qui dame le pion aux Jésuites, autre congrégation à la main de fer. C'était bien la moindre des choses vue l'influence de l'Opus Dei lors de l'élection de Jean Polsky à la papauté en 1978. Mais la sollicitude du pape ne s'est pas arrêtée là puisqu'en 1992 le fondateur de l'Œuvre, décédé en 1975, a été béatifié suite à un procès qui a vu, entre autres, Raymond Barre témoigner des «signes de sainteté» du macchabée. Le pape a poursuivi l'implantation de l'Opus Dei dans les hautes sphères en s'entourant de conseillers y appartenant et en nommant quelques évêques opusien en Amérique du Sud. En retour, l'Œuvre de Dieu apporte des compétences certaines en matière de propagande et de finances, s'occupant en particulier de la diffusion du livre «Entrez dans l'espérance» (1994), un entretien avec le gourou des chrétiens. JP2 aura, pendant son règne agit en vrai despote pour armer son bras.

L'Opus ne se contente pas de l'appui du Vatican mais s'infiltre aussi dans le milieu politique et a connu son âge d'or sous Franco. A partir de 1956 des disciples d'Escriva de Balaguer accèdent à des postes de ministres dans le gouvernement franquiste. Le futur roi Juan Carlos a d'ailleurs été élevé par un membre de l'Opus. En 1969, 12 ministres espagnols sur 19 appartiennent à la «mafia de Dieu». Après la période socialiste, l'organisation retrouve le chemin du pouvoir grâce au Partido Popular de José Maria Aznar. Ce sont en effet trois personnalités politiques liées à l'Opus qui se voient confier des postes ministériels. De la même manière qu'au Vatican, le Partido Popular s'efforce de placer des membres de l'Opus dans divers postes de haute responsabilité et l'Espagne est à nouveau menacée par la mafia catholique.

La France n'est pas, on s'en doute, à l'abri de ces intrusions. En plus de Raymond Barre, déjà cité, les sympathies de certains politiciens de droite envers l'institution secrète sont connues. Ces personnages sont à rechercher parmi les militants catholiques "bien-pensants" les plus actifs. Il est assez paradoxal que l'expression "bien-pensant" soit synonyme de "pensée réactionnaire et immobiliste". Le premier gouvernement Juppé comportait deux de ces apôtres: Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat aux Finances et son épouse Clara Lejeune-Gaymard, directeur de cabinet de Colette Codaccioni. Hors des frontières françaises et espagnoles, l'organisation mafieuse offre de la sympathie aux yeux du président péruvien Alberto Fujimori, du président de la Commission Européenne de Bruxelles Jacques Santer, ainsi que pour plusieurs familles royales européennes et possède comme membre le président du Comité International Olympique Juan Antonio Samaranch-Torello.

La secte, gourmande, a su se constituer un vrai empire financier qui s'est vu sérieusement ébranlé par quelques scandales. La première banque tombée dans ses tentacules fut le Banco Popular Español dans les années 50 suivi par d'autres banques ibères. Le scandale le plus retentissant eut lieu en 1969 avec l'affaire Matesa: 700 millions de francs disparurent par l'opération du Saint Esprit. Une banque française a même été contactée par l'entremise du père de l'ex-président Valéry Giscard d'Estaing

L'Opus Dei aura donc grandement bénéficié de l'accession à la papauté de Karol Wojtyla , un ami de longue date. La secte contient tous les traits caractéristiques de l'organisation mafieuse: puissance financière, secret, infiltration dans la vie politique. Ce n'est que par une vigilance de tous les instants que nous pourrons anéantir la bête immonde.


Josemaria Escriva de Balaguer a été canonisé le 6 octobre 2002.

Sélection d'articles du Monde Diplomatique pour plus d'informations sur l'Opus Dei.



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