Une visite au musée encadrée par des islamistes





C'est samedi 3 juillet, la classe est finie et les vacances commencent enfin. Pour un groupe d'enfants en âge d'aller à l'école primaire, la première joie des vacances est la visite de l'aquarium de la Porte Dorée à Paris : des poissons de toutes les couleurs et toutes les formes, des gros et des petits, des brillants et des sombres, des crocodiles, des tortues, une exposition sur les requins, bref, de l'extraordinaire, du beau, du fantastique qui ravit les gamins. On va d'une vitrine à l'autre, on est ébahi, impressionné, amusé : la lobotomisation par la télévision et la publicité a trouvé son adversaire.

Pour les accompagner dans les abysses, trois femmes : deux sont âgées d'une vingtaine d'années et ont la tête pieusement enfermée dans un hidjab noir qui repose sur des vêtements eux aussi noirs. La troisième, qui semble être la responsable, est d'âge indéterminé car indéterminable : elle est totalement ensevelie dans un niqab noir qui ne laisse voir que ses yeux. La chose se déplace dans les salles telle une raie qui ondule sur les fonds marins, la grâce en moins. Pourtant, la relation entre les enfants et le fantôme abreuvé à l'obscurantisme coranique semble très naturelle; ils s'adressent à elle comme à n'importe quelle personne qui aurait le visage apparent : pas de différence, pas d'yeux exorbités devant cette négation du corps, pas de stupéfaction devant cet étrange personnage. La femme en niqab apparaît pour eux comme une autre normalité, un élément de leur quotidien qui ne choque pas; l'adulte enfermée dans son noir linceul devient le nouveau référent. Comment espérer faire progresser l'acceptation de l'égalité entre femmes et hommes et de la non subordination de l'épouse à son mari quand une telle représentation de la femme est inculquée à des enfants qui n'ont pas dix ans ?

Encadrer la visite au musée par les soldates dociles de l'islam politique est un exemple supplémentaire de la stratégie des islamistes : rendre l'islam et ses préceptes omniprésents (au sein de la famille, dans le quartier, lors les sorties), perturber les références dès le plus jeune âge pour éloigner des valeurs humanistes acquises contre le totalitarisme religieux, élever des pratiques sexistes au rang d'une nouvelle normalité. Du fait que tout adulte apparaît comme un guide auquel l'enfant aspire à ressembler, l'avenir des fillettes est tracé par ce drap noir, avec des conséquences indissociables pour celui des garçons qui sont voués à incarner l'autorité et la force. L'obligation de dissimulation de la femme s'accompagne de l'obligation de virilité pour l'homme. L'avenir ainsi proposé aux filles est celui d'une abdication de la personne par l'inculcation d'un puritanisme oppressant.

Pour ces enfants, la visite au musée, qu'on penserait facteur d'ouverture vers l'ailleurs et l'altérité, ne leur permet pas de s'affranchir des déterminismes familiaux. L'école, en relégant les parents hors de son propre territoire, assume précisément cette tâche : l'enfant reçoit un discours qui l'affranchit de ces particularismes familiaux ou communautaristes qui distordent sa vision du monde. Pour les islamistes comme dans le scoutisme catholique, inclure dans un cadre religieux une visite au musée, un événement sportif ou une activité associative, relève d'une stratégie non dissimulée de combattre la mission émancipatrice de l'école en alourdissant un peu plus le boulet du fanatisme religieux et en le rivant un peu plus solidement aux pieds des enfants.


6 juillet 2010


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