La République finance deux mosquées à Strasbourg



La décision est déjà vieille d'un an: face au dilemme de choisir l'un des deux projets de mosquées présentés pour la capitale alsacienne, le maire Roland Ries a décidé de les soutenir à part égale. A n'en pas douter, cette fuite va pérenniser la compétition intra musulmane qui divise les croyants selon leur origine nationale, leur pratique de l'islam et leur degré de fondamentalisme. Le maintien de deux pôles de foi musulmane à Strasbourg est ainsi une entorse à la création, contestable, d'une instance représentative des musulmans de France censée au contraire les unir; une naissance sans cesse retardée par une gestation douloureuse.

Les deux parties en présence opposent le marocain Abdellah Boussouf à l'universitaire Ali Bouamama. Chacun avec des affiliations associatives concurrentes où l'invective remplace le dialogue.

Mais à cet entretien d'un communautarisme anti laïque, le Concordat napoléonien encore en vigueur en Alsace Moselle ajoute un financement public généreux. De budgets similaires, 120 millions de francs pour chacun des projets, les terrains seront offerts par la municipalité et 10% du financement des édifices seront assurés par l'Etat, soit 24 millions de francs.

Si l'existence d'un réel lieu de culte pour les 40000 musulmans strasbourgeois est non seulement un droit mais aussi une nécessité, les largesses de l'Etat sont par contre inacceptables. Des faveurs qui ne sont d'ailleurs pas spécifiques à l'islam, christianisme et judaïsme en bénéficient de même. La limite de 15% imposée à la part de financement en provenance de pays étrangers ne doit pas faire illusion. Le projet de Abdellah Boussouf se voit en effet qualifié d'intégriste par son adversaire, Ali Bouamama. Ce dernier figurait par ailleurs sur une liste candidate aux élections municipales de mars 2001.

Présenté en février 2001, le projet de mosquée de 2500 places élaboré par Abdellah Boussouf ouvrira en 2003. Mais sa réalisation repose de façon très aventureuse sur le financement à la charge des croyants eux-mêmes estimé à 10000 francs par foyer. Sachant que le budget a augmenté de 17 millions de francs en moins d'un an, la vigilance s'imposera pour empêcher une aide détournée de l'Etat.

L'extension de la loi de séparation de 1905 à tout le territoire français s'affirme avec une urgente nécessité devant les prodigalités d'un Etat en proie aux mirages électoralistes du communautarisme.


9 mars 2001


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