Obscurantisme à la mosquée de Puteaux - La Défense
Le quartier de La Défense, situé en périphérie ouest de Paris, est le grand centre d'affaire de la capitale et 160 000 personnes y travaillent dans le tertiaire (banque, assurance, services). Le quartier s'étend sur les communes de Puteaux et Courbevoie et c'est une statue de 1883 en hommage à la défense de Paris contre les Prussiens qui lui a donné son nom. La zone affiche un fort dynamisme et, dans une absurdité dont ne se soucie pas l'Établissement Public d'Aménagement de La Défense Seine Arche, de nouvelles tours y sont sans cesse en construction alors que les transports en commun sont déjà saturés.
Pour apaiser les salariés ou les détourner de la routine quotidienne, l'offre superstitieuse monothéiste est variée : une église catholique (près du CNIT), une église évangélique (place des Saisons, près de la tour First), un centre Loubavitch pour le judaïsme (59, Jardins Boieldieu, en contrebas de la tour Winterthur) et une mosquée. Cette dernière jouxte un cimetière à l'ouest de la Grande Arche et elle a la mission, provisoire, de répondre aux besoins mystiques des musulmans dans l'attente de la construction de celle située au n°32 de la rue Saulnier à Puteaux. La mosquée est un grand chapiteau rectangulaire placé au pied de la tour Granite avec la particularité que ce terrain est situé sur la commune de Nanterre mais appartient à la Mairie de Puteaux. L'installation fut faite en octobre 2011 par la maire de Puteaux Joëlle Ceccaldi-Raynaud, mais sans concertation avec Patrick Jarry, le maire de Nanterre.
Du côté du cimetière, le mur en pierre meulière a été rehaussé d'un grillage et d'une bâche. Si cela n'empêche pas le vacarme des haut-parleurs de se propager hors de l'enceinte (cf. la plainte d'une voisine), cela protège en revanche les pieux et purs musulmans des regards des sales chiens d'infidèles, au cas où ces pervers sans foi ni morale auraient la malignité de se percher dans les arbres du cimetière pour observer les prières. On n'est jamais trop prudent.
L'entrée principale de la mosquée provisoire de Puteaux. A droite, le cimetière et la bâche qui surmonte le mur, spécialement installée pour isoler la mosquée.
A gauche : photo prise en mai 2012 sans la bâche qui rehausse le mur du cimetière. A droite : avec la bâche (avril 2013).
La passerelle d'accès à la tour Granite permet d'assister au spectacle hebdomadaire de la prière du vendredi. Entre 12h et 13h une nuée de croyants affluent depuis La Défense pour s'abîmer sur les tapis de prière. Ainsi, dans un brassage social très réussi, des cadres bien rasés et bien coiffés se retrouvent, dans une fraternité virile, aux côtés de jeunes en kamis et de types dont la spiritualité se mesure à la longueur de leur barbe.
Mais le brassage est moins réussi entre les hommes et les femmes : si les premiers disposent de l'entrée principale du chapiteau et d'une autre largement ouverte, les femmes ne peuvent pénétrer dans le lieu que par l'ouverture d'une bâche discrète dans la partie arrière de la tente, juste avant le local des toilettes et des ablutions. A l'intérieur, leur espace est séparé de celui des hommes par un paravent. L'islam est la religion du respect : on ne mélange pas les torchons et les serviettes (cf. le verset 34 de la sourate 4 sur la supériorité des hommes sur les femmes). Les femmes étant placées derrière les hommes, ceux-ci n'ont à craindre aucune perturbation de leur libido par les éternelles tentatrices. Cela va sans dire mais cela va encore mieux en le disant, toutes les femmes qui viennent prier dissimulent évidemment leurs cheveux sous un voile.
La discrète entrée des femmes à l'arrière de la mosquée, encadrée par une bande verte et située derrière une palissade. A gauche, le local des toilettes et des ablutions ; au fond, le cimetière.
L'observation des lieux est une chose, l'écoute des prêches du vendredi en est une autre, au moins aussi instructive sur l'arriération de cette religion, ni moindre ni pire que celle de la concurrence monothéiste ou polythéiste. Deux imams officient mais seul le Cheikh Abou Omar s'exprime parfois en français. Sont donnés ci-dessous les meilleurs moments de ces sermons qui rappellent que, bien que l'horloge indique le XXIème siècle, l'obscurantisme évite à certains le douloureux effort de penser par eux-mêmes (cliquer sur le jour choisi pour faire apparaître ou disparaître le compte rendu du prêche) :
Vendredi 22 mars 2013 : islam et christianisme, même combat
Comme chaque semaine, très grosse affluence ce vendredi : l'intérieur du chapiteau et la partie extérieure qui le sépare, sur un côté, du mur du cimetière, et sur un autre, du grillage d'un parking pour deux roues, sont absolument bondés et les musulmans s'y pressent les uns contre les autres. Quelques retardataires ne peuvent entrer et demeurent debout à l'extérieur, sans bloquer toutefois le trottoir.
Devant l'entrée principale, des panneaux indiquent le budget de la nouvelle mosquée : 1 300 000 € dont 136 000 € ont été récoltés en janvier et février 2013. Peu après le début de son prêche, l'imam laisse apprécier l'intolérance intrinsèque à l'islam dans une mise au point sans appel :
"Trahir sa famille c'est [à propos des enfants]:
- ne pas leur apprendre l'arabe ;
- ne pas leur apprendre le Coran ;
- ne pas leur apprendre la religion."
"Trahir sa famille", rien de moins.
Un peu plus tard, la parole est donnée à un homme de l'assistance qui appelle à participer à la manifestation du 24 mars contre le mariage des homosexuels. Mais l'homme explique que c'est par "pudeur" qu'il ne peut détailler son propos, aveu implicite que son rejet ne se limite pas au mariage mais s'étend à un mode de vie qui n'est pas le sien. Puis, vers 13h30, un curieux manège est observé aux abords de la mosquée et une dizaine de personnes se disposent de façon à distribuer des tracts pour la manifestation du 24 mars. Il s'agit, admirable œcuménisme monothéiste, de catholiques venus draguer les musulmans pour grossir leurs rangs. Trois femmes catholiques sont ainsi postées devant l'entrée réservée aux musulmanes, prêtes à distribuer leur propagande aux porteuses de foulard à la sortie de la prière ! De même, leurs collègues hommes sont placés à proximité de l'entrée principale de la mosquée et dans la rampe d'accès vers La Défense. Entre l'islam et le christianisme, seul l'emballage change.
Vendredi 29 mars 2013 : l'islam, nécessaire et suffisant à l'existence
Malgré un froid glacial, l'affluence est aussi massive que le 22 mars. La séance débute par un bilan des finances pour la construction de la mosquée puis l'imam Abou Omar évoque le cas de personnes souffrant de maladies graves. C'est d'abord la situation dramatique d'un père : ses deux enfants sont atteints, pour l'un, d'une maladie génétique rare et, pour l'autre, d'autisme. La parole est ensuite donnée à un homme de l'assistance qui rapporte à son tour une situation similaire, grave et coûteuse, sans oublier d'en appeler à la générosité des musulmans. Ce genre de préambule n'est jamais inutile pour conserver les croyants dans l'affliction. Dolorisme et abattement sont les plus sûres chaines pour maintenir l'individu dans la foi. De même, les églises regorgent d'ex-voto où l'une des vedettes légendaires du panthéon catholique (dieu, vierge, saint) est invoquée ou remerciée pour une guérison. Sans malheur, pas de religion.
Les choses sérieuses peuvent ensuite commencer et l'imam assène injonction sur injonction, essentiellement en arabe mais avec de rares incursions en français. Le propos est vif, simpliste, binaire, en prenant soin de ne pas engager le croyant sur la voie de la réflexion ou de l'introspection, voire, pure folie, du doute. Au contraire, chaque phrase est une vérité absolue qui ne souffre ni contestation ni débat. Pour raffermir l'unité des croyants, quoi de mieux que les opposer au Mal éternel et absolu incarné par l'incroyant : "cette vie d'ici-bas c'est une prison pour le croyant et c'est un paradis pour le mécréant." Prison du fait des épreuves envoyées aux croyants par le concept fantaisiste de dieu, paradis car lieu de tous les excès pour les athées. Comme le croyant n'existe qu'en tant que sujet dissout dans le groupe, l'imam déplore qu'à cause de problèmes de santé des personnes soient tentées de s'éloigner du groupe, de la mosquée. Pourtant, la solution est d'une simplicité coranique : "Dans notre Coran et dans notre Sunna, il y a l'issue à toute impasse, il y a la solution à tout problème." On a compris : éviter de penser par soi-même puisque le verbiage coranique suffit. En 2003, Hani Ramadan avait tenu le même discours à la mosquée Addawa, preuve qu'il ne s'agit pas de propos éculés ou non représentatifs : l'obscurantisme est bien le cœur de l'islam.
Bien que le malheur soit partout, le bonheur est néanmoins accessible, là aussi très facilement : "la première des clés du bonheur, si on avait compris cette clé, personne d'entre nous ne pleurera jamais, [est] la foi, la notion de la foi, qu'est-ce que la foi, connaître la foi, les piliers de la foi, les chemins de la foi, les branches de la foi". Merci l'imam, on s'en doutait un peu mais il est toujours sympathique de le rappeler. Autre version : "le vrai bonheur c'est dans l'adoration". Par contre, "le vrai malheur c'est dans le polythéisme, le vrai malheur c'est dans l'innovation dans cette religion, le vrai malheur c'est le fait de t'éloigner de cette religion". Cette opposition incessante avec le reste de l'humanité est consubstantielle à l'islam. En d'autres termes, stigmatisation et opprobre jetées sur les non-musulmans.
Vendredi 5 avril 2013 : lobotomiser pour mieux croire
L'œuvre de lobotomisation d'un public soumis se poursuit avec application. Comme à son habitude, l'imam martèle des réponses simplistes aux questions de l'existence : "un des moyens efficaces, efficaces, plus qu'efficace, si tu veux enlever tes soucis, tes anxiétés, tes problèmes, tes épreuves, supporter ces épreuves, [c'est] la prière, fais les ablutions comme il faut" ; "la prière c'est une guérison". Autrement dit : "ta guérison c'est le Coran ; si tu veux résoudre tes problèmes, c'est le Coran ; si tu veux enlever l'anxiété, c'est le Coran ; reviens vers le Coran ; lis le Coran ; médite le Coran". Prier et lire le Coran suffisent à l'existence de ces cadres, de ces barbus au front marqué du sceau des prosternations compulsives, de ces jeunes machos au jeans recouvert d'un kamis ou d'un paréo bricolé. La prière terminée, vers 13h30, une impressionnante marée de dévots satisfaits remonte alors vers La Défense.
Vendredi 12 avril 2013 : superstition toujours
Après une longue intervention entièrement en arabe, vient le moment habituel où les croyants sont plongés dans la désolation. La situation douloureuse d'un père et d'une mère qui ont perdu un enfant en bas âge permet de mieux conserver l'auditoire dans l'accablement.
Vient ensuite le clou du spectacle avec un cours d'histoire délivré par l'imam. Le sujet de son courroux : la guerre de 14-18. On apprend que la première guerre mondiale a été la cause de trois événements majeurs : elle aurait fait apparaître le communisme, détruit le califat et "fabriqué" le personnage de Mustapha Kemal Ataturk. S'ensuit une longue tirade contre l'initiateur de la laïcité turque qui culmine dans la preuve ultime de l'infréquentabilité de cet homme pour les musulmans : à sa mort, la terre aurait rejeté dix-sept fois son cadavre et ce n'est qu'à son dix-huitième enterrement qu'elle l'aurait accepté ! L'islam ne serait rien sans ce genre d'idioties.
L'entretien des superstitions les plus stupides est une chose, l'argent en est une autre qui ne doit pas faire perdre la direction de La Mecque. Un appel est lancé pour que chacun verse la confortable somme de 1000 euros pour la construction de la mosquée dans le centre de Puteaux. 1000 euros par tête : à ce prix l'enfer serait presque préférable au paradis.
Le sermon se poursuit par une harangue sur l'accès des cœurs purs au paradis : le propos est d'une simplification presque insultante tant il semble destiné à des enfants. C'est un discours prédigéré qui est servi à l'assistance, empli de métaphores simplistes ("un péché c'est un point noir dans le cœur") et d'injonctions banales ("il ne rentrera au paradis qu'un cœur bon"). On a compris : pour accéder au fameux paradis, mieux vaut être gentil, poli, avoir la foi, etc. Mais on a beau être bien gentil dans l'islam, on n'est pas dupe pour autant et la tolérance a des limites : "Allah pardonne à tout le monde sauf à ceux qui font le péché et le montrent et en sont fiers". Les châtiments encourus sont bien connus. Enfin, comme l'islam dicte tout de la vie des individus, des pensées aux actes, l'imam procède à un rappel de l'importance, dans la prière, de bien se prosterner et de mettre le front à terre.
La prière finie, la mosquée déverse son flot de bigots et de bigotes à l'extérieur. Deux d'entre eux entrent dans le parking voisin, contre le cimetière : le conducteur adresse un bras d'honneur à un destinataire que je n'ai pu identifier et crache par terre avant de s'engouffrer dans son véhicule. Il n'est pas sûr que cracher en sortant du culte change l'opinion de 74 % des Français qui jugent l'islam négativement (Le Monde 24 janvier 2013).
Vendredi 19 avril 2013 : appel à manifester contre le mariage des homosexuels
A l'approche de la manifestation du dimanche 21 avril contre le mariage des homosexuels, l'imam joint sa voix aux opposants et appelle à une vaste mobilisation. Comme toujours, aucune nuance dans son propos qui engage tous les musulmans comme le berger son troupeau : "tous les musulmans doivent participer à cette manifestation." Les religions ont toujours exécré les voix dissonnantes au sein de leurs troupes. Alarmiste, l'imam explique : "cette loi est très grave car on va commencer à enseigner aux enfants depuis le primaire que si tu vois un homme avec un homme, une femme avec une femme, il ne faut pas s'étonner." On ne saurait mieux avouer que la cause d'un tel courroux n'est pas tant le mariage en tant qu'acte civil que l'homosexualité elle-même. Pour convaincre du poids politique des musulmans dans la société française, l'imam rapporte les encouragements émis par un intervenant catholique dans une réunion antérieure qui regroupait les adeptes des trois sectes abrahamiques : le chrétien avait incité les musulmans à manifester contre la loi du mariage pour tous, reconnaissant ainsi que les musulmans ne sont pas (ne sont plus) tenus pour négligeables. Voilà qui réconforte l'ego.
La suite de la partie francophone de la séance du jour est l'habituelle mise en marche de la pompe à fric et le couplet récurrent sur les malheurs du monde. Sont cités en guise d'exemples des dons anonymes de 1500 € et 5000 €, et l'imam, tel un commissaire priseur, exhorte les fidèles à donner en les affublant d'un numéro après l'autre (un quatrième donneur, un cinquième, un sixième, etc.). Installer un suspens permet de faire monter la tension dans un auditoire soumis. La méthode est si efficace qu'elle est reproduite chaque vendredi. Et pour l'entretien de la nécessaire tristesse, on cite une lettre évoquant l'épreuve d'"un frère" atteint du cancer.
Vendredi 26 avril 2013 : l'islam de France c'est pour plus tard
Service minimum pour l'imam : la seule séquence en français a été celle, vitale, de l'appel aux dons. Comme d'habitude, l'homme n'hésite pas à demander des dons de 1000 euros. L'insistance mise à solliciter les fidèles sur de grosses sommes n'est pas sans rappeler celle, très fructueuse, des pentecôtistes et des évangéliques.
La fin de service rapide pour l'imam est aussi celle de la partie francophone puisqu'il laisse la parole à un cheikh qui s'exprime uniquement, et longuement, en arabe. Le prêche est vigoureux, sonore, exalté, avec un débit de paroles très rapide qui emporterait tout sur son passage si quelque contestation se présentait. Bien sûr, rien de tel ici avec un auditoire prosterné.
Avec cette séance presque exclusivement en arabe, l'islam de France débarrassé d'influences étrangères ne semble pas une priorité pour les musulmans de Puteaux.
28 avril 2013
|