A Montreuil, le groupuscule conquis à l'islam radical "Une école pour toutes et pour tous" appelle à combattre la laïcité
Droit de réponse de Nacéra Hamouche (15 novembre 2004)
Un texte de Youssef Al Maari, paru le 17 septembre 2004 dans Respublica n°293
Le Collectif "Une école pour toutes et pour tous" poursuit sa campagne contre la loi interdisant le port de signes religieux ostensibles à l'école. Le 15 septembre, un peu moins de cent personnes se sont rassemblées à Montreuil pour une soirée de discussions sur le thème "comment s’opposer à la loi discriminatoire sur le voile". Discriminatoire mais aussi raciste, islamophobe, colonialiste, liberticide, les épithètes n'ont pas manqué pour mieux détourner l'essence de la laïcité et promouvoir le prosélytisme religieux à l'école. Le Collectif, dont la position est que "si des femmes veulent porter le foulard, alors qu'elles gardent, on respecte leur choix", mène une campagne active mais solitaire : les "grandes" organisations musulmanes ayant simulé l'abandon de la lutte contre la loi en échange de la carotte médiatique, les militants de "Une école pour toutes et pour tous" se retrouvent seuls. La mobilisation est donc faible et hétéroclite, le groupuscule n'est qu'un cloaque où se rencontrent des militants aux profils les plus opposés : des islamistes appelant à la prière aux athées anticléricaux en passant par les filles en foulard sagement regroupées ensemble.
La soirée s'annonçait bon enfant, le lieu agréable, mais dès l'entrée l'ambiance particulière de la "pudeur musulmane" se signalait à l'attention des arrivants. L'accueil est assuré par un homme souriant qui, en souhaitant la bienvenue et en remettant la propagande du Collectif (dont le responsable local est un militant de la LCR John Mullen), témoigne de sa fraternité en serrant exclusivement la main des spectateurs masculins, les femmes n'ayant droit qu'à un regard poli. Le bel et encourageant islam que voilà. L'honneur de la femme (version musulmane de l'asservissement sous couvert de respect) est donc sauf, nul contact entre l'homme et la femme ; la perversité des koufars n'entrera pas ici. La salle d'entrée réserve ensuite une autre surprise au spectateur peu au fait de la dignité musulmane : les sexes ne se mélangent pas, la vingtaine de femmes voilées s'étaient d'elles-mêmes toutes regroupées dans la même partie de la salle, les hommes occupant le reste. Ici encore, pas de risque de contact entre les tentatrices et les mâles à la virilité affaiblie par le pouvoir séducteur des pécheresses.
Le spectacle a débuté par une représentation théâtrale où, dans deux courtes pièces à l'écriture autant simpliste que mensongère, la loi a été dénoncée comme raciste, colonialiste, islamophobe, liberticide, discriminatoire, etc. (air connu). Les jeunes comédiens parviennent à faire rire un public déjà acquis qui obtenait la pitance pour laquelle il s'était déplacé. La jeune troupe a assurément plus d'avenir dans le comique que dans le théâtre à thèse. Mais avant de poursuivre la soirée, il était déjà 20h05, une pause urgente s'imposait aux croyants présents, tous de pieux républicains et laïques : c'est l'heure de la prière de Maghreb qu'aucun bon musulman n'aurait manqué à aucun prix. Une mosquée est d'ailleurs à la disposition des fidèles à deux pas du théâtre, un don du ciel. Les femmes en foulard sont sauvées et se pressent en direction de ce refuge loin de la présence malveillante des mécréants. La pause prière offre aussi l'avantage de désigner clairement les membres non musulmans du saint collectif. On imagine sans peine que plaider pour le port du voile à l'école n'est que la première étape d'autres revendications telles que le droit de faire la prière à l'école, des repas halal, séparation des sexes dans les salles de classe, etc. Changeons l'école publique et laïque en madrasa et n'en parlons plus !
Le rituel obsessionnel et compulsif de la prière achevé, la projection d'un extrait du film "Un racisme à peine voilé" conforta le public que la France est réellement antimusulmane et le débat qui suivit en donna plusieurs illustrations. Au nombre de celles-ci, l'introduction effectuée par Nadia Ayad, professeure voilée de biologie dans un lycée technique, prétend que la loi antivoile n'est qu'une diversion pour masquer les vrais problèmes de discrimination (des problèmes qu'aucun laïque ne nie ni n'occulte mais l'oratrice n'aura cure de cela) et caresse son public en l'abreuvant d'une liste d'actes présentés comme islamophobes. Les fanatiques dont le voile est pathologiquement rivé sur leurs cheveux apparaissent comme des résistantes, le mot de martyr n'est pas prononcé mais, c'est sûr, tout le monde y pense. Dans un élan d'œcuménisme très intéressé, on appelle à la rescousse les cas de quelques sikhs dont la religion interdit, cette fois, la coupe des cheveux. Chacun sa phobie : le foulard pour les unes, pas de coiffeur pour certains, une calotte pour d'autres. Le débat s'orientera aussi sur quelques cas de mères d'élèves qui, en raison du port du hidjab, n'ont pas été autorisées à participer à des sorties scolaires. Il faut d'ailleurs signaler la détermination de Jean-Pierre Brard, maire de Montreuil, à rejeter cette expression du fanatisme religieux hors de l'école et des activités qui y sont associées. Une décision municipale cohérente avec la participation de Jean-Pierre Brard à la commission antisectes de l'Assemblée Nationale.
Parmi les interventions de musulmanes voilées, celle de Nacéra Hamouche (association Citoyennes femmes libres) fera froid dans le dos à quiconque connaît la personnalité, et les déclarations antérieures, de cette activiste. Contre la loi, Nacéra Hamouche appelle à l'action et propose le développement d'écoles privées islamiques. Mais auparavant, en mars 2003, dans une pseudo conférence sur les droits des femmes où on avait appris que les femmes ne connaissent pas de problèmes particuliers dans les pays musulmans, Nacéra Hamouche avait expliqué sans frémir que la burka afghane est un vêtement nécessaire du fait des conditions climatiques afin de protéger la beauté des femmes de l'aridité de la région. On cerne mieux les amitiés entretenues par ce paisible collectif "Une école pour toutes et pour tous"...
Les prises de parole du public ne seront pas avares de mensonges alarmistes pour inquiéter l'opinion : l'un prétend que le CNED refuserait les filles voilées exclues, un autre explique qu'après le voile de nouvelles lois apparaîtront pour interdire de suivre le ramadan, un autre (un converti, l'alibi gage de l'universalité de l'islam) renchérit et craint l'interdiction du jeûne. L'assistance est satisfaite, elle a ses martyrs et ses peurs, deux aliments nécessaires à la survie des mythes religieux. On se rassure en se félicitant de l'action du Comité 15 mars et libertés de Thomas Milcent, un médecin converti à l'islam au début des années 80 au contact des islamistes afghans, apôtres incompris de la paix universelle. On propose d'envoyer des représentantes voilées dans les conseils d'établissement, de développer des écoles privées, d'écrire à la FCPE qui passe ici pour une association amie. Créer des écoles privées ne reçoit pourtant pas l'aval de tous : la sensibilité athée anticléricale de quelques membres du collectif n'y est pas favorable et on mesure mieux l'équilibre fragile qui relie ces partisans contre nature du voile à l'école.
Face à la multiplicité des questions décidément très matérielles (voile ou pas voile, quel budget pour l'école, ramadan ou pas ramadan), un homme ramènera la salle à l'essentiel : la solution est "verticale" en direction d'Allah. Un djinn passe. L'homme, en signe d'une soumission sans faille à son idole, avait prudemment commencé son intervention en murmurant le tic "gloire à dieu, le tout puissant", prononcé en arabe évidemment. Faire des "invocations" est finalement la meilleure des solutions car Allah sait tout, voit tout, entend tout. Hélas pour ce pieux fils d'Allah, quelques remous vont accueillir ses propos : tout le monde n'est pas musulman dans la salle et les athées de gauche que n'effraient pas la collusion avec l'islam d'extrême droite sont quelque peu gênés par ce frère un peu encombrant...
En conclusion, le collectif pyromane appelle à manifester le samedi 18 septembre devant le Palais de justice de Mantes-la-Jolie en faveur du hidjab à l'école.
Youssef Al Maari
17 septembre 2004
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