Debout les athées de la terre !

Pour une place légale de l’athéisme

Jean-Yves Méreau

L'Harmattan, 2014





Parce que les religions sont omniprésentes, parce que leur modèle de société est toujours aussi réactionnaire, parce que l'État leur accorde une importance imméritée, Jean-Yves Méreau a décidé, dans un pamphlet vigoureux, de les flageller sans retenue et d'affirmer la nécessité d'un athéisme plus visible et pugnace.

Dans un premier temps, on assiste à un dézinguage des discours religieux, leurs dogmes, leur obscurantisme. La vie éternelle, la résurrection et l'âme apparaissent comme des idioties sans fond et la situation des femmes, des non croyants, et de quiconque n'entre pas dans le cadre étroit de la foi déclarée vraie se révèle être des plus dramatiques. Le style est alerte et, il faut bien l'avouer, il entraine parfois un rire salutaire contre les stupidités proférées par les religions.

Passée la clarification sur la nocivité des religions, Jean-Yves Méreau observe que l'athéisme est quasiment inaudible dans le débat public alors que les croyants disposent d'interlocuteurs auprès du gouvernement français et qu'ils jouissent d'une couverture médiatique excessive par rapport à leur importance réelle. Il en appelle donc à un sursaut des athées pour contrecarrer leur propagande en notant que "seule la faiblesse actuelle de l’expression athée permet le retour visible du fait religieux".

L'auteur introduit alors, et c'est le point essentiel de son texte, une proposition qui peut surprendre : l'athéisme de l'État. Il prend soin d'expliquer que cela ne consiste absolument pas en une imposition de l'incroyance mais plus simplement en une mesure de protection de l'État de toute intrusion religieuse. Déclarer l'État athée n'est pas déclarer ses citoyens athées. On peut faire une analogie simple, non exprimée dans l'ouvrage mais qui semble adéquate, avec la France qui, bien que républicaine, n'impose pas à l'ensemble de sa population à se déclarer républicaine (les monarchistes et les anarchistes ne se reconnaissent pas dans ce système).

Un État officiellement athée, selon la compréhension de l'auteur, serait imunisé contre le poison religieux en étant purgé de tout reste historique de religiosité, ce qui garantirait une laïcité rigoureuse sans aucune complaisance pour les monothéismes. Dans ce système, l'adhésion à une religion et la pratique d'un culte demeureraient évidemment possibles mais ne seraient plus le résultat passif d'un conformisme social alimenté par un État imprégné de religiosité.



17 juillet 2014

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