L'extrême droite catholique manifeste contre l'avortement sous la protection de la Gendarmerie
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Après les gesticulations de Civitas sur la christianophobie, après la célébration, par les mêmes, de Jeanne d'Arc à Paris (6 janvier 2012), c'est au tour des opposants à l'avortement de polluer le pavé parisien avec leurs incantations machistes, leurs prières et leur rêve d'une société figée qui regarde dans le rétroviseur pour voir plus loin. Dimanche 22 janvier 2012, l'extrême droite catholique a défilé de la Place de la République à l'Opéra pour marteler que l'avortement serait un crime et la vie un don du concept fantaisiste de "dieu".
L'édition 2012 de cette manif-procession est en fait la huitième d'une série commencée en 2005 quand un collectif d'associations avait célébré, à sa façon, les trente ans de la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse. Un compte rendu en avait alors été fait sur atheisme.org et, sept ans plus tard, il pourrait être repris mot pour mot. Ce dimanche, emmenés par SOS Tout Petits, Renaissance catholique et d'autres groupuscules plus obscurantistes, intolérants et autoritaires les uns que les autres, les manifestants forment un cortège très pieux avec une forte proportion d'adolescents. Des cars sont venus d'un peu partout (Dijon, Vannes, Clermont-Ferrand, Nantes, Nancy, Orléans), c'est la fête. Les ados tout émoustillés gigotent sur "Vamos a la playa" avant que soit lancée une chanson qui fait fureur dans les cours de récréation : Aurélie, de Colonel Reyel, dans laquelle une jeune fille souhaite conserver son gosse malgré les avis défavorables de son entourage qui lui conseille l'avortement. En cette période de soldes, c'est une mère enfant et une mère courage pour le même prix, celui d'une propagande anti-avortement entendue sur toutes les radios pour ados niais.
Plus austères, quelques sombres ensoutanés sont disséminés dans le troupeau et montrent la voie droite du catholicisme de demain, photocopie rigoureuse en noir et blanc de celui d'hier. Quelques bérêts du meilleur goût (millésime 1940 ?) s'observent aussi parmi la cohorte des croyants. Certain(e)s trimballent des petits cercueils pour évoquer les "200 000 enfants par an" prétendument concernés par les avortements alors qu'ils seraient "des élus pour la vie". Plus surprenant, une complémentaire santé (Fidelis santé) diffuse ses prospectus où elle s'affiche comme "une complémentaire santé respectueuse de la vie, qui répond pleinement à la Doctrine Sociale de l'Église". On en rêvait en effet. Plus près du dogme, en fin de cortège, les adeptes de SOS Tout Petits ressassent des Je vous salue Marie avec une joie de corbillard. Et bien sûr, pour tous ces adeptes de la fécondation divine, "Je marche et je vote pour la vie en 2012".
Avec les ans, l'organisation s'est bien rodée, les oreillettes sont nombreuses, divers groupes sont constitués et se distinguent par les couleurs de leurs vestes : jaune (volontaires), orange (sécurité), bleu (coordinateur sécurité) et vert (logistique). Certains garçons en charge de la sécurité sont équipés de rollers pour intervenir plus rapidement. A cette panoplie d'Arlequin, il faut ajouter le service d'ordre officiel constitué de jeunes garçons à la nuque bien dégagée et équipés de brassards oranges "sécurité". Mais cette liste bariolée n'est pas complète car y manque l'essentiel : d'une part le véritable service d'ordre, c'est-à-dire celui qui assure la protection des manifestants la plus dissuasive, était assuré de façon totalement scandaleuse par la Gendarmerie, et d'autre part, quelques brutes du GUD s'étaient mêlées au troupeau des croyants en fin de cortège, juste avant SOS Tout Petits.
Protection par les gendarmes
Il faut que l'État soit en proie à de réelles inquiétudes pour gratifier l'extrême droite de ses services. La protection assurée par les gendarmes fut totale : présents aussi bien en tête de cortège devant les premières banderoles, qu'en fin avec plusieurs véhicules, les gendarmes escortaient aussi les manifestants sur les deux côtés des boulevards. Un signe clair pour les féministes et antifascistes qui habituellement répondent aux provocations de l'extrême droite par des contre-manifestations. Les catholiques ont donc pu défiler en paix, une paix bleu marine.
De gauche à droite puis de haut en bas, la protection apportée par les gendarmes au début, à la fin, à gauche et à droite du cortège.
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Le Groupe Union Défense
Dans le cas où la gendarmerie serait débordée par des éventuels militants d'extrême gauche et des anarchistes, tous ces aimables paroissiens pouvaient encore compter sur dix à quinze fachos du GUD déjà remarqués lors des manifestations contre la christianophobie et le blasphème des 29 octobre et 11 décembre 2011 à Paris. Le 29 octobre, ils s'affichaient fièrement en rangs serrés, tels une milice qui montre ses muscles, mais ont veillé à masquer leurs visages le 11 décembre, ce qui permettait de les repérer avec la même facilité ! Pour la sortie familiale du 22 janvier, le GUD a tenté une troisième stratégie : se mêler à la foule sans signe distinctif. C'est courageux. Certes, les lunettes de soleils de quelques uns étaient encore assez mal choisies pour ce jour nuageux, le GUD se cherche. Avec le temps, ils finiront bien par adopter une stratégie plus stable.
Plusieurs de ceux et celles présents ce 22 janvier sont reconnaissables sur les photos des 29 octobre et 11 décembre, ainsi que sur d'autres datant de 2010 et publiées ici.
En multipliant ses participations aux défilés parisiens, le GUD tente d'exister. Mais les brutes redoutent toujours l'exposition à la lumière du jour, d'où l'urgence à les identifier systématiquement dans les manifestations.
Quelques membres du GUD en quête d'action
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23 janvier 2012
Mis à jour le 24 janvier 2012 avec l'ajout du drapeau du Front Comtois.
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