Le pape à Lourdes en août 2004 pour raviver l'obscurantisme chrétien




On l'attendait de pied ferme en septembre 2004 au Parlement de Strasbourg mais c'est en août qu'il reviendra en France. Sa venue à Lourdes les 14 et 15 août 2004 a été annoncée le 22 avril par la Conférence Episcopale de France qui imagine déjà ressusciter la ferveur très passagère des JMJ de 1997 ; la jeunesse est bien difficile à fixer durablement sur des préceptes dogmatiques et misogynes bimillénaires. Jean Paul II était déjà venu à Lourdes en 1983 et la grotte de Massabielle, où la jeune Bernadette avait été l'objet d'hallucinations en 1858, lui est donc bien connue.

Si le déplacement de septembre s'inscrit dans le processus de réévangélisation de l'Europe en intimant aux parlementaires l'ordre de bannir la laïcité du champ politique, le pèlerinage lourdais visera un autre public, celui avide de mystères et de superstitions qui se délecte d'historiettes aussi niaises que stupides. Lourdes c'est d'abord un lieu de pèlerinage qui attire chaque année 6 millions de mystiques venus se jeter aveuglément dans les bras des marchands du temple, fort nombreux aux abords de la basilique et dans toute la ville. Lourdes c'est aussi la France, cette "fille aînée de l'Eglise" qui n'en finit pas de clamer son attachement historique à une séparation ferme d'avec les puissances catholiques et que la papauté affiche encore et toujours parmi ses objectifs prioritaires de reconquête.

Le déplacement papal, en plus de constituer une manne fort peu biblique pour les vendeurs d'eau bénite, commémorera en fait un anniversaire majeur de la propagande récente du catholicisme, les 150 ans de la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception. L'immaculée conception de Marie bien entendu, pas de Jésus, ne pas confondre. Comme l'imaginaire Jésus vint au monde sans que sa mère eut besoin de pécher (le sexe c'est mal, très mal) et qu'il fut donc exempt de la faute originelle, nul ne pouvait imaginer que Marie eut pu être concernée par le péché originel comme tout mortel lorsqu'il vient au monde. C'est Pie IX, dont l'antimodernisme n'avait d'égal que son antisémitisme, qui officialisa le dogme de l'Immaculée Conception (*) en affirmant que Marie était née "pure" de toute souillure. Le catholicisme n'en était plus à une idiotie près et Pie IX fut béatifié par Jean Paul II en septembre 2000.

S'agissant d'un voyage apparemment limité à la réactivation de la flamme obscure des superstitions chrétiennes, pourquoi contester la venue de Karol Wojtyla à Lourdes ? Bien que la liberté de croire, ou de ne pas croire, s'impose comme un principe de respect d'autrui, il n'est cependant pas abusif de critiquer, attaquer, ridiculiser ces croyances idiotes qui sont autant d'insultes à la raison et de dénoncer l'exploitation de la crédulité humaine par la hiérarchie vaticane. Mais le déplacement du pontife romain est aussi, et surtout, celui du dernier dictateur d'Europe, un individu dont l'influence planétaire ne cesse de combattre la régulation des naissance, les droits des femmes et les options spirituelles et philosophiques non catholiques. Sachant, en outre, que l'argent public sera abondamment gaspillé dans les préparatifs et l'organisation du voyage...


* : Bulle Ineffabilis Deus de Pie IX (8 décembre 1854)
" [...] Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine, qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière de Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu'ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles [...] ".



24 avril 2004


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