Mustapha Lounes et l'islam politique en France
En juin 2003 a été diffusé sur internet un curieux appel à la "Vigilance républicaine". Sous couvert de la lutte contre le racisme, une association (combien de membres ?) souhaite lutter "contre le racisme Islamophobe, Arabophobe et Afro-Maghrébinophobe". Au-delà de l'utilisation de termes autant nouveaux qu'inutiles (le mot racisme englobe les deux derniers et est suffisant), les initiateurs de ce courrier, Mustapha Lounes (président) et Zinédine Sammari (secrétaire), usent du tremplin inattaquable de l'antiracisme pour, implicitement, que soit constituée une aura juridique protégeant l'islam de toute critique, virulente ou pas. On s'étonnera de l'invention du "racisme Islamophobe" : le racisme est, littéralement, le rejet d'un individu sur la base de caractéristiques anatomiques intrinsèques non modifiables alors que l'affiliation à une religion peut être abandonnée au profit d'une autre ou, mieux, pour aucune autre.
Les objectifs de l'association sont affichés comme suit :
- Objet : Observer, surveiller, enregistrer, analyser et dénoncer toutes les déclarations, toutes les actions
et, d'une manière générale, tous les comportements relevant du racisme Islamophobe, Arabophobe et
Afro-Maghrébinophobe, que ce soit le fait d'une personne physique ou d'une personne morale.
- Installer des "cellules de vigilance républicaine" dans chaque département de métropole et des DOM TOM chargées du recensement de ces manifestations.
- Combattre le racisme et assister les victimes de discrimination fondée sur leur origine nationale, ethnique, raciale ou religieuse dans le cadre de l'article 2-1 du code de procédure pénale.
La mission de surveillance du premier point s'inscrit dans la continuité de l'expérience de la Ligue Arabe Européenne commencée en novembre 2002 à Anvers en Belgique. En pratiquant l'amalgame entre l'islam et le rejet des personnes originaires d'Afrique, Lounes et Sammari alimentent le fantasme d'une persécution systématique de la population musulmane en France.
Suit une lettre adressée aux "Procureurs Généraux des Cour (sic) d'Appel - Procureurs de la République des Tribunaux de Grande Instance - 1èr (sic) Présidents de Cour (sic) d'Appel - Présidents des Tribunaux de Grande Instance - Magistrats du Siège et du Parquet" où les pratiques les plus basses rangent les opposants à l'islam dans la même catégorie que les auteurs du génocide rwandais de 1994 : "Au Rwanda, les atroces massacres inter ethniques avaient été le résultat d'une longue campagne de
haine véhiculée par la presse, la télévision et la radio.
Nous sommes aujourd'hui dans la même configuration car rien ne vient s'opposer à ce déferlement de racisme, de calomnies et de diffamations envers la communauté musulmane." Le mensonge et la calomnie comme seules réponses à l'incompatibilité de l'islam et de la démocratie.
La discrimination imaginaire contre l'islam en France serait "organisée, planifiée, non
seulement par des mouvements xénophobes, mais aussi par des sociétés secrètes et surtout par une
organisation politique agissant pour le compte d'une puissance étrangère." On l'aura compris, le complot judéo-maçonnique est à l'œuvre, aidé par des mouvements xénophobes. Dramatique constat de la paranoïa de certains qui, désemparés par la faillite de leur vision dogmatique du monde, s'inventent des coupables parmi les clichés habituels.
Les auteurs en appellent ensuite à la justice de la cité : "Nous en appelons donc à tous les magistrats du siège et du parquet : faites honneur aux immenses
responsabilités qui sont les vôtres et mettez en œuvre le principe de l'opportunité des poursuites contre les
penseurs et les acteurs de la discrimination." On sourira de ce recours à la justice humaine quand celle, divine, brille par son absence.
Cette déclaration de "vigilance républicaine" n'est pas le coup d'essai de Mustapha Lounes et Zinédine Sammari. En janvier 2003 avait été lancée une pétition intitulée, sans rire, "APPEL A LA RAISON" (texte de l'appel et liste des signataires). Avec la même dramatisation à outrance de la situation des musulmans sur le sol français.
Qui est Mustapha Lounes ?
Né en 1960, Mustapha Lounes a été un des innombrables candidats à la députation en juin 2002 sous l'étiquette de Génération Républicaine. Il a, pour ce faire, choisi un département où l'islam souffre probablement de discriminations abominables, où la loi coranique ne reçoit que quolibets et mépris, où les appels à la prières voient leur écho affaibli par le complot antimusulman : la quatrième circonscription du Doubs (Montbéliard).
Son compère Zinédine Sammari a lui aussi tenté sa chance sous la même étiquette dans la troisième circonscription à Montbéliard (liste des candidats dans le Doubs enregistrée à l'Assemblée Nationale).
Si les résultats ne sont, certes, pas à la mesure du calvaire enduré par les musulmans bisontins, la hiérarchie au sein de Génération Républicaine fut néanmoins respectée : un brillant 0,72% (296 voix) pour Lounes contre un pitoyable 0,67% (277 voix) pour Sammari.
Des résultats aussi prometteurs ne pouvaient qu'encourager le duo à poursuivre dans la voie d'un islam politique en annonçant en mai - juin 2003 que des listes seront présentées aux prochaines élections régionales et cantonales sous le nom d'Union Française pour la Cohésion Nationale. Si l'appellation demeure banale et peu évocatrice, l'ambition reste celle de la promotion d'un islam politique en France sous couvert d'allégeance à la République. A l'heure où l'UOIF se réclame aussi de la République, cette nouvelle structure (une coquille vide ?) ne saurait surprendre. Toutefois, les rangs de cette "Union Française etc." semblent assez clairsemés étant donné le lancement d'un appel à candidatures en juin 2003...
Mais le Conseil constitutionnel, infesté de mécréants sourds à l'enseignement de Mahomet, ne l'entend pas ainsi et a déclaré Mustapha Lounes inéligible le 6 février 2003 ! Pour le non dépôt des comptes de la campagne des législatives de 2002, Lounes ne peut prétendre à aucun mandat jusqu'au 6 février 2004 (décision du Conseil constitutionnel). A cause d'une bête histoire d'argent, une broutille, l'Etat païen s'acharne sur l'islam sans laisser à Allah le soin de juger ses fidèles soumis. Et seul un malencontreux oubli a pu faire que l'inéligibilité de son président ne soit pas mentionnée dans l'appel à candidatures de l'UFCN...
15 juin 2003
Invalidation de la liste de l'UFCN aux élections régionales
L'Etat s'acharne sur Mustapha Lounes : après la sanction du Conseil constitutionnel en février 2003, c'est le préfet de région d'Ile de France qui a éliminé la liste de l'Union Française pour la Cohésion Nationale présentée pour les élections régionales du 21 mars 2004. Les infidèles sont décidément impitoyables avec les communautaristes.
C'est très dépité que Mustapha Lounes a annoncé cet épilogue larmoyant le 26 février 2004 dans sa liste de diffusion mais sa présentation de ce dénouement tragique laisse pantois. La motivation du refus est pourtant simple : sur les 225 candidats de la liste UFCN, 22 n'étaient pas inscrits sur les listes électorales. Alors qu'on ne peut qu'être étonné par tant de négligence de la part de candidats peu au fait des règles de fonctionnement du système électoral, on sera encore plus surpris des explications avancées par Lounes : "La Loi nous donne 48 heures pour compléter la liste. Cela ne pose pas de problème techniquement, nous avons d'autres candidatures prêtes. Cependant, d'intenses pressions sur des personnes de la liste rendent la démarche plus compliquée, voire même pouvant prendre une tournure très négative. Alors, au prix même de décevoir les milliers de personnes qui voyaient en notre candidature une voix pour les sans voix, la direction de l'UFCN a pris la décision de mettre un terme à cette candidature."
On l'aura compris, les grands seigneurs de l'UFCN n'abandonnent la campagne électorale que pour préserver la paix civile... Rien n'est dit sur les victimes de ce que l'UFCN souhaite faire passer comme un complot et aucune information n'est disponible sur le contenu de ces "pressions". Leurs auteurs sont vaguement désignés comme "les penseurs et les acteurs de la discrimination". Et c'est sans peur de la dramatisation à outrance que Lounes compare son sort à celui des palestiniens : "Je comprends encore plus la détresse du peuple palestinien, lâché par tous, car ce qui se passe localement ce (sic) passe pareillement au niveau international."
Pour mieux masquer une défaite qui s'annonçait très cuisante, l'UFCN a copié le Front National : jouer la carte de la victimisation pour, à défaut d'exhiber un vrai programme, attirer la compassion de l'électorat. Le Pen a lui aussi adopté cette stratégie pour le rejet de sa candidature en région PACA pour ces mêmes élections.
16 mars 2004
L'UFCN et le communautarisme musulman à l'assaut des élections européennes (juin 2004)
Fermeture du site de l'UFCN (juillet 2004)
Echec électoral supplémentaire des communautaristes musulmans de l'UFCN (octobre 2004)
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