L'imposture du "retour du religieux"




Le Monde des Religions a publié un dossier intitulé "Pourquoi le XXI siècle est religieux" dans son numéro de septembre-octobre 2005. L'imposture du "retour du religieux" n'est, comme les hypocrites réunions œcuméniques, qu'une tentative de fédération des superstitions contre la laïcité. J'ai donc adressé le message suivant à la revue le 18 septembre 2005 :


Dans son numéro de septembre 2005, Le Monde des religions prophétise que le XXIe siècle sera religieux. Le thème de la spiritualité au présent siècle est un marronnier qui occupe les rédactions de presse en période calme, au même titre que les prix de l'immobilier, les salaires des cadres ou les dossiers minceur. Un sujet dont on est sûr qu'il fera vendre malgré le peu d'informations nouvelles qui y sont délivrées.

Pourtant, certes, le XXIe siècle sera effectivement religieux, mais un peu moins que le XXe, encore moins que le XIXe, etc. La progression d'un athéisme, sinon théorique, du moins pratique, et, de façon plus générale, l'indifférence et l'éloignement vis-à-vis des monothéismes sont des faits contre lesquels la propagande religieuse ne peut rien, hormis s'époumoner en vœux pieux, précisément. Contre la désertion des églises en France (et bientôt des mosquées), l'effondrement de la pratique du culte et du nombre des mariages à l'église, l'Eglise catholique s'entête dans une comptabilité qui, en pratique, assigne pour l'éternité à un individu la religion décidée à sa naissance. Sur le site internet de la Conférence des Evêques de France sont comptabilisés comme chrétiens tous les individus baptisés sans prendre en considération l'état réel de leur foi quand, parvenus à l'âge de raison, ils disposent des outils qui permettent d'évacuer ces chimères.

Mais quand la chute du catholicisme en Europe est admise par les religieux, c'est le tiers monde qui est convoqué comme illustration de sa gloire. Au-delà de l'indécence à considérer les peuples non chrétiens comme une part de marché ouvrant une prospérité religieuse nouvelle, c'est l'occultation et le mépris des spiritualités non chrétiennes. Avant d'embrasser le christianisme ou l'islam ces populations avaient déjà leurs croyances, leurs mythes et leurs ministres du culte. Evacuer ces croyances locales pour leur substituer celles de Jésus ou Mahomet ne constitue donc pas un accroissement de la spiritualité à l'échelle planétaire mais n'est qu'un transfert, une réorganisation de croyances déjà existantes. L'histoire des religions est une longue succession de tels brassages, forcés ou pas, pratiqués au gré des missions et des guerres coloniales.

Désormais, l'Europe et les pays industrialisés n'ont plus, pour tout miroir aux alouettes, que l'organisation des Journées Mondiales de la Jeunesse (Catholique). Les JMJC ne sont qu'un fétu de paille qui brille l'espace de quelques jours comme tout phénomène médiatique basé sur l'instant et l'émotion. Ces rencontres ne sont pas suivies par une réévangélisation effective, aucune régression vers plus de religiosité n'étant impulsée à la société de façon durable.

Cordialement.




23 octobre 2005

    Contact