Le Monde condamné pour "diffamation raciale" à propos d'un article sur Israël : l'arroseur arrosé
Article paru dans la lettre électronique Respublica 368 le 7 juillet 2005
Le Monde aime à se poser en modèle de déontologie journalistique mais cette fois le quotidien est victime de dérives qu'il a lui-même pratiquées par le passé. Le 26 mai 2005 la cour d'appel de Versailles a condamné Jean-Marie Colombani, directeur du Monde, Edgar Morin, Danielle Sallenave et Sami Naïr pour "diffamation raciale" suite à un article paru dans Le Monde sous la signature de ces trois intellectuels. L'article traitait de la situation israélo-palestinienne et ne comportait naturellement aucun caractère antisémite mais la frénésie actuelle à brandir les accusations d'antisémitisme et de racisme pour de faux motifs a conduit à ce jugement ahurissant. Jean-Marie Colombani a alors beau jeu de se lamenter de cette dérive, dans l'édition du 3 juillet, d'autant plus qu'aux Etats Unis d'Amérique enfle la rumeur que le Monde serait antisémite. En particulier, un article de Tom Gross paru dans le Wall Street Journal le 2 juin 2005 se réjouit avec force de ce jugement.
Pourtant, alors que Jean-Marie Colombani joue la partition de la victime innocente accablée par l'injustice et la rumeur malfaisante, il n'est pas inutile de rappeler que le quotidien a lui aussi participé à une cabale similaire en brandissant des accusations calomnieuses du même ordre contre Respublica l'année dernière. Le quotidien avait été contraint de reconnaître son erreur, commise par la plume de Xavier Ternisien, en publiant notre réponse peu après. Le Monde déplore aujourd'hui assez hypocritement la confusion entre la critique de la politique israélienne et l'antisémitisme alors qu'il a pratiqué celle entre la critique rationaliste du judaïsme en tant que religion et l'antisémitisme.
Nous n'aurons pas la bassesse de nous réjouir de la situation inconfortable vécue aujourd'hui par Le Monde mais nous notons simplement qu'un peu plus de modestie, de rigueur et d'honnêteté dans ses choix éditoriaux seraient les bienvenues.
28 juillet 2005
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