La Ligue des Droits de l'Homme oublie ceux de la Femme et fait le jeu du fanatisme religieux
Conférence à la Mairie du 10ème arrondissement de Paris
23 octobre 2003
La Ligue des Droits de l'Homme n'en finit pas de se renier. Devant une trentaine de personnes, un débat a été organisé à la Mairie du 10ème arrondissement le 23 octobre 2003 avec pour titre "Foulard, voile, burka : pourquoi ?". Noter que poser la question "pourquoi" n'implique pas qu'on y réponde par la négative. Et pour cause : une des intervenantes, Nadia de l'association Palestine mon amour, arborait fièrement un assortiment de fichus dont on ne doute pas que la disposition et les couleurs, rouge et noir, s'inscrivent dans une forme de coquetterie que goûteraient peu les plus soumis des musulmans.
Animé par Nicole Savy, vice-présidente de la LDH, le débat fut une honte et un fiasco pour la ligue. Une honte car la LDH persiste dans un angélisme qui ne se limite pas à une niaise compassion mais confine au dangereux : Nicole Savy considère, certes, le foulard comme symbole de l'oppression de la femme mais refuse néanmoins qu'on l'interdise à l'école. En clair, la LDH est contre le foulard mais accepte qu'il soit porté par des fillettes ; elle milite pour les droits des femmes mais se tait quand, dans leur adolescence, elles sont manipulées par les discours formatés des militants de l'islam politique... Etrange rhétorique qui insulte des années de militantisme féministe dont le travail est aujourd'hui anéanti par une clique de bien pensants lâches et couards. Mais Nicole Savy n'était pas seule dans cette entreprise et fut secondée par la responsable d'une association marocaine et, surtout, par la femme voilée de service, Nadia. Née en France, Nadia a eu la révélation du port du foulard il y a deux mois à peine, convaincue en lisant des livres. Elle est naturellement choquée par l'exclusion de deux jeunes fanatiques d'un lycée d'Aubervilliers mais affirme, en femme indépendante qu'elle veut être, que son mari devra accepter qu'elle travaille. Un souffle d'air vicié passe dans l'assistance, comme une réminiscence des temps anciens où l'activité de l'épouse était suspendue à l'avis de son mari et de temps plus récents où, dans l'Iran musulman, une épouse doit voir ses demandes de déplacements acceptées par son mari... Nadia confirmera un peu plus tard dans le débat, et à la stupeur générale, le courage de la condition féminine qu'elle revendique : porter le foulard est le signe de sa soumission à Dieu et à son mari. Et la prescription coranique (ou obligation, allez savoir...) du port du voile est à ses yeux parfaitement naturelle : quoi de plus normal que la dissimulation de son corps aux yeux masculins quand on sait qu'une femme n'a pas le droit de regarder un homme. Effectivement, il y a dans cela une logique admirable. Ces propos aberrants seront confirmés par l'intervention d'une autre jeune femme voilée dans le public qui maintiendra que le foulard est la soumission à Dieu.
À la honte a succédé le fiasco : le public, majoritairement féminin et proche de la LDH, n'a pas ménagé les trois intervenantes et c'est une volée de bois vert qu'a reçu la tribune ! Plusieurs femmes du public, musulmanes ou pas, se sont exprimées pour clamer leur opposition au foulard et Nadia, timide car apparemment néophyte dans le propagandisme islamique, n'a pu opposer que des propos approximatifs, limités, appris bien sagement dans quelques livres. C'est avec conviction mais sans heurts que s'est faite entendre plusieurs fois, dans l'assistance, la voix de l'émancipation féminine : Nicole Savy évacue le débat par des réactions très désagréables mettant en cause la prétendue "agressivité" des intervenantes ; diaboliser son adversaire n'a jamais résolu quelque problème que ce soit. La LDH est tombée bien bas. Un homme dans le public s'adresse alors à Nadia : le port du foulard présenté comme un symbole de la pudeur est aussi une insulte faite aux hommes. Il signifie que la vue des cheveux féminins provoque chez l'homme une excitation incontrôlable, une attirance sexuelle dont la femme est seule responsable des conséquences. Cette image d'un homme réduit à un sexe malade est une ignominie. Et la curée n'a pas cessé quand une enseignante s'est exprimée à son tour avec le calme et la pondération qui reviennent à sa charge : le port de couvre-chefs est un vrai problème dans les établissements scolaires et, pire, les garçons musulmans manifestent un machisme ahurissant envers les enseignantes.
Le malaise s'est installé à la tribune, Nadia est figée, Nicole Savy tente de conserver son calme et la troisième intervenante mûrit sa réponse. Mais la colère n'est pas moins grande dans le public qui, bien que réduit, n'en est pas moins actif. La Ligue des Droits de l'Homme a oublié ceux de la Femme et est prise à son propre piège. Seule échappatoire, détourner le débat, le porter sur un autre terrain où le mensonge et des accusations irresponsables tenteront de discréditer l'adversaire laïque. Dans une ultime bassesse, la vice présidente de la LDH prononce une sentence expéditive qui conclut cette soirée calamiteuse : les laïques font le jeu du Front National ! L'insulte est trop forte et quelques personnes quittent la salle.
Face à tant de cécité, il y urgence à procéder à un renouvellement des instances dirigeantes de la Ligue des Droits de l'Homme. La ligne adoptée par les dirigeants occulte le débat interne sur le foulard musulman qui agite actuellement le mouvement. On méprise la laïcité pour mieux complaire à l'islam et ne pas éveiller le tabou de sa critique. L'islam, comme les autres monothéismes, n'a jamais garanti, ni souhaité, le respect des droits humains.
26 octobre 2003
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