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Épidémie de religiosité aux Jeux Olympiques d'Athènes
Une nageuse égyptienne voilée trône lors de la cérémonie de clôture
La cérémonie de clôture des Jeux Olympiques d'Athènes
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Ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui vont être jaloux : jamais ils n'ont été cités pour l'obtention d'une médaille d'or, d'argent ou de bronze. La vedette leur a été volée par cette idée fantaisiste de "dieu" à laquelle quantité de sportifs ont cru devoir leur victoire.
Du crucifix, cet instrument de torture pendu à leur cou, au signe de croix, ce rituel obsessionnel frénétiquement esquissé au début d'une épreuve, tout était prévu pour mettre les dieux de leur côté. Et pour nombre de vainqueurs le premier geste manifesté à l'issue de la victoire fut un signe de soumission à une illusion bimillénaire, qu'il s'agisse d'un signe de croix, du remerciement appuyé à "dieu" lors des entrevues avec les journalistes ou encore de la sacrée prosternation pour les disciples de Mahomet.
Ainsi, le 100 mètres hommes a plus relevé de la confession religieuse que de l'émancipation par le sport : le vainqueur Justin Gatlin (USA) s'est mis à prier dès l'arrivée ("Dieu c'est l'EPO du peuple", Charlie Hebdo du 25 août 2004) et ses deux suivants ont bien veillé à remercier la divinité face aux journalistes. Le vainqueur du 1500 mètres, Hicham El Guerrouj, qui est adepte d'un mythe concurrent, s'est abîmé sur le tartan à son arrivée pour mieux assurer de sa soumission à Allah, une manifestation superstitieuse identique à celle qu'il avait déjà pratiquée en août 2003 à Saint-Denis lors des championnats du monde d'athlétisme (le français Mehdi Baala, absent à Athènes, s'était lui aussi abandonné à ce spectacle en s'aplatissant par terre pour remercier son idole de sa médaille d'argent lors de cette même compétition).
L'épreuve la plus symbolique de ces Jeux grecs, le marathon, n'a pas dérogé à la sainte règle. L'états-unien arrivé second, Mebrahtom Keflezighi, s'est signé à l'arrivée, montrant ainsi sa meilleure qualité de croyant. Plus rapide que ses suivants, il parviendra au paradis avant eux, nul n'en doute. Le portugais Alberto Chaica, arrivé 8e, s'est lui aussi empressé de manifester ce tic dès la ligne d'arrivée passée.
Les signes ostensibles de religiosité ne se sont naturellement pas limité aux coureurs. Le lutteur égyptien Ibrahim Karam (lutte gréco-romaine, 84-96 kg) a fait la prière sur le tapis de combat dès sa victoire prononcée. Allah saura s'en souvenir, les vierges du paradis attendent fébrilement le vaillant combattant.
Les manifestations superstitieuses ont donc abondé pendant les épreuves sportives mais la scène la plus ahurissante et révoltante fut celle donnée par la nageuse égyptienne Rania Elwani qui a participé à la cérémonie de clôture du 29 août, en tant que membre de la commission des athlètes du CIO, enveloppée dans un voile des pieds à la tête (voir une photographie de la sportive avec son voile mauve clair). La simple vue d'une fanatique emmitouflée dans le symbole barbare de la soumission de la femme est une incroyable insulte à toutes celles qui, assignées à la domination de mâles musulmans, sont privées de cette liberté qui mettrait à bas tous les foulards de la Terre. Au milieu du stade olympique d'Athènes, cette apparition insidieuse d'une religion obscurantiste et oppressive face à un milliard de téléspectateurs a servi de second plan aux discours de clôture de Gianna Angelopoulos-Daskalaki, l'organisatrice des Jeux, et Jacques Rogge, président du Comité Olympique International. Il faut aussi noter que la nageuse puritaine n'a même pas participé aux Jeux d'Athènes mais ne rechigne pas à parader avec sa tenue de camouflage islamique ! Décider d'afficher ce cheval de Troie du fanatisme et de la haine de la liberté de la femme n'est pas le fruit du hasard. Des réponses sont nécessaires : qui a décidé de convier cette personne sur le podium central en un instant hautement symbolique ? Qui n'a pas osé s'inscrire en faux contre ce qui demeurera pour les femmes voilées un symbole fort de la pénétration de l'islam sur la scène internationale ? Pense-t-on contribuer à l'amitié entre les peuples de la Terre ainsi qu'à l'élévation des plus hauts sentiments de fraternité et de solidarité en offrant à la face du monde la figure hideuse de l'intolérance religieuse ? Le Comité Olympique et les organisateurs sont comptables de cette tribune insupportable où une nageuse ressent comme un attentat à sa pudeur le fait de se montrer tête nue hors du bassin de natation. Le port du voile musulman apparaît ici dans ce qu'il a de plus hypocrite et la bourgeoisie égyptienne n'est pas la dernière à se pâmer de plaisir avec ce nouveau snobisme qu'est devenu le port du hidjab.
3 septembre 2004
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