Jérusalem, ville otage des religions



Il aura suffit d'un déplacement provocateur du chef de la droite conservatrice israélienne Sharon à l'Esplanade des Mosquées (appelée Mont du Temple par les juifs) pour relancer la guerre de religions entre juifs et musulmans le 28 septembre 2000. Et une guerre ça fait des morts, environ 120 en un mois, essentiellement palestiniens et arabes israéliens. Contrairement à ce qui a été affirmé dans les médias, l'impasse actuelle est bien un conflit religieux: elle puise ses sources dans des différends religieux et est attisée par les dignitaires juifs (voir les propos récents du rabbin Ovadia Yossef) et musulmans (prêches incendiaires dans les pays arabes).

Mais la haine de l'autre, de celui qui n'adhère pas à ses mythes, ne connaît pas de frontière et déverse sa boue nauséabonde jusqu'en France où environ 80 actes antisémites ont été recensés en octobre 2000. Incendies de synagogues, graffitis nazis, à la gloire du Hezbollah ou autre, et agressions verbales ou physiques envers des juifs rappellent que la stricte relégation de la foi dans la sphère privée constitue la seule garantie pour une coexistence pacifique. La France compte 700000 juifs et 4,5 millions de musulmans. Mais les responsables des principales religions pratiquent l'esquive et s'abritent derrière des paroles de paix sans effet plutôt que de reconnaître que la situation actuelle est la conséquence logique des injonctions discriminatoires des textes dits "sacrés".

Si la présence de l'état d'Israël a été imposée aux populations palestiniennes en 1948 sur des bases uniquement religieuses (donc portant un grand nombre de légendes au rang de vérités incontestables), la dénomination de Jérusalem comme ville sainte de l'islam n'a pas plus de fondements. L'interprétation du Coran prétend que la grande mosquée de Jérusalem constitue le troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine. Mais le mot "Jérusalem" n'apparaît jamais dans le Coran, il ne s'agit donc que d'une récupération d'un lieu symbolique préexistant, technique dont les premiers chrétiens ont aussi usé avec les mégalithes d'Europe de l'Ouest, détruits ou surmontés de croix. Israël a de son coté été fondée au mépris des populations déjà présentes en Palestine.

La colonisation religieuse aura toujours été source d'oppression qu'il s'agisse de la présence chrétienne en Afrique et en Amérique, des conquêtes musulmanes en Afrique et en Asie (voir résumé) ou de l'existence de l'état d'Israël. La présence de l'état juif au Moyen Orient est certes récente mais la course aux armements qui en est résultée ne peut constituer une garantie de stabilité. Pour vivre libres, vivons sans religion.


22 octobre 2000


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