Au nom de Dieu

David Yallop

France Loisirs, 1984





Élu pape le 26 août 1978, Albino Luciani a pris le nom de Jean-Paul (1er) pendant seulement trente-trois jours. Qui s'en souvient aujourd'hui ? A la lecture de l'enquête de David Yallop sur cette disparition prématurée, on comprend que le Vatican souhaite oublier ce bref pontificat. Pour l'auteur, l'assassinat de Luciani ne fait aucun doute et six personnages avaient intérêt à le voir disparaître : le chef de la loge P2, deux banquiers et trois prélats très haut placés.

Selon Yallop, le pape Jean-Paul souhaitait faire un ménage de grande ampleur dans les activités bancaires du Vatican, aussi occultes que lucratives. Très lié à la Banque Ambrosiano pour des activités crapuleuses communes, l'IOR (Institut des Œuvres de la Religion, c'est-à-dire la Banque du Vatican) est dirigée par un mafieux en soutane, Mgr Marcinkus. Le matin du 29 septembre, Luciani ne se réveille pas et les prélats qu'il envisageait de démettre de leurs postes ont donc vu leurs situations personnelles sauvegardées. Jean-Paul II, qui lui succède, veille à ce que rien ne change et apporte un soutien entier à Marcinkus : Wojtyla ne fit pas seulement le bonheur de l'Opus Dei mais aussi celui de la mafia vaticane.

L'enquête, menée pendant trois années, donne rapidement le vertige tant s'y accumulent des ingrédients maintes fois vu dans les fictions policières : des sommes d'argent colossales (une perte de 1,3 milliards de dollars pour l'IOR), des transferts à profusion via des paradis fiscaux, des réseaux d'influence qui gangrènent jusqu'au plus haut niveau de l'État italien, la toute-puissance de la loge P2, des religieux hypocrites et manipulateurs, des menaces envers la justice et, bien sûr, une série de meurtres de tout individu qui gênerait la prospérité de la mafia de la finance.



7 mars 2015

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