Le maire communiste d'Ivry inaugure une église avec l'évêque de Créteil

Peppone et Don Camillo réconciliés dans l'église de la rue Lenine





Le discours du maire d'Ivry
dans l'église Sainte-Croix du Port
La main tendue par Thorez aux chrétiens en 1936 n'est pas seulement entrée dans l'histoire, elle est aussi entrée dans les habitudes. Pierre Gosnat, maire communiste d'Ivry sur Seine près de Paris, a inauguré le 17 septembre 2005 l'église Sainte-Croix du Port en compagnie de l'évêque de Créteil, Daniel Labille. L'église précédente avait été détruite par un incendie accidentel en 2000 et la construction a été financée par les Chantiers du Cardinal.

Les discours d'inauguration ont été prononcés à l'intérieur du nouveau temple de la superstition, situé rue Lénine, et le maire a participé de la mode très actuelle du tout religieux : la construction d'une église nous concernerait tous, croyants et incroyants. L'imposition d'un environnement religieux aux rationalistes n'est pas chose nouvelle mais le fait qu'un communiste s'en fasse le défenseur est caractéristique de la déroute du PCF. Le public qui remplissait l'église a montré une pyramide des âges assez déséquilibrée : très peu de brebis de moins de cinquante ans sont venues écouter la bonne parole de la faucille, du marteau et du goupillon. Quant à l'évêque de Créteil, il a annoncé que les reliques de la bienheureuse Marie Acarie seront conservées dans l'église, une vieille carcasse pour régénérer le catholicisme.

Si on peut reprocher au maire sa curieuse conception de la séparation des cultes et de l'Etat, ce serait une erreur de n'y voir qu'un enthousiasme de circonstance. Dans la revue éditée par Les Chantiers du Cardinal (n° 166 juin 2004), Pierre Gosnat en appelait aux symboles pour justifier la reconstruction de la maison de l'obscurantisme : " L'église : un symbole fort dans ce quartier en pleine mutation." Le symbolisme irrationnel est aussi une dérobade facile pour éviter la confrontation avec un réel moins aisé à manipuler que la crédulité humaine.

La ferveur du maire ne se limite d'ailleurs pas à de pieuses envolées; elle s'est accompagnée d'une participation déguisée au financement de l'opération. L'alibi a été le même que pour le fantomatique musée d'art sacré d'Evry et le couvent des Bernardins à Paris : la sauvegarde de la culture. Et ici, la culture c'est l'orgue. Un instrument a été offert par une communauté religieuse et Pierre Gosnat explique la tromperie sans dissimulation dans le même numéro des Chantiers du Cardinal (page 8) : "notre commune ne pouvait pas faire moins que de participer à ce projet culturel en prenant en charge le démontage, l'entreposage et le remontage de l'orgue". Bien joué. On peut féliciter le maire pour ce joli miracle de détournement du principe de non financement des cultes grâce à cette page qui donne son adresse de messagerie.

Il est loin le temps où on nommait à Ivry des rues Blanqui, Marat, Descartes, Francisco Ferrer, Galilée, Ernest Renan, Saint Just, une avenue Spinoza, un rond point Dombrowski et des places Voltaire, Jaurès, Danton et Robespierre. Aujourd'hui, les communistes s'affichent aux côtés des curés et les voiles musulmans comme les commerces halal peuplent la commune.


Le programme des festivités des 17 et 18 septembre 2005 pour l'inauguration de l'église Sainte-Croix du Port a été joyeusement annoncé sur le site internet de la municipalité et dans le mensuel imprimé à l'eau bénite Ivry-ma-ville de septembre 2005


20 septembre 2005


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