L'"extrémisme" musulman



Le fondamentalisme musulman a montré, en l'espace d'une vingtaine d'années, des aptitudes expansionnistes fulgurantes. Le retour de l'imam Khomeiny en Iran en 1979 avec l'instauration d'une république islamique a insufflé au terme "djihad" un nouvel élan dans l'affirmation de la foi. Cette guerre sainte s'est avéré très fructueuse, les dictatures se reposant sur l'islam se sont alors multipliées.

Depuis 1996, l'Afghanistan des Talibans n'est plus qu'une société digne du Moyen Age où la femme a perdu son statut d'être humain à respecter. Le Soudan plie sous le joug des fondamentalistes en 1989 dont la religion permet encore actuellement la survie de l'esclavage. L'Arabie Saoudite antidémocratique se voit exempte de remontrances de la part de la communauté internationale, le roi pétrole lui assurant sa respectabilité. Le jeune Bangla Desh, indépendant depuis 1971, a lui aussi succombé à l'islam à partir de 1975. Ces grands frères glorieux sont donc des exemples pour les révolutionnaires islamistes des cinq continents. Aux Philippines, des rebelles réclament l'indépendance du sud du pays pour former un état islamique. En Turquie, les islamistes exercent des pressions de plus en plus fortes trouvant dans la situation économique un terreau favorable à son populisme. Le Pakistan, à forte majorité musulmane, s'oriente peu à peu vers l'application de la loi coranique. L'Algérie est saignée à vif par les extrémistes prêts à toutes les horreurs et le Yémen compte des rebelles musulmans spécialisés dans la prise d'otages. Enfin, l'agitation musulmane n'épargne pas quelques républiques de l'ex-empire soviétique.

Ces exactions sont habituellement confortablement dénommées "extrémistes", "intégristes", insinuant qu'il s'agit là d'une déviation, du mouton noir de l'islam. Diaboliser les concurrents qui font de l'ombre n'est pas nouveau, le catholicisme n'a pas manqué d'avoir recours à ces luttes de clans entre franciscains, dominicains, jésuites... Cependant, la lecture du Coran ne laisse aucun doute sur le message originel diffusé par Mahomet: les islamistes "intégristes" ne sont que les fidèles lecteurs du Coran dont les actes sont moins des extrapolations irresponsables que l'application directe des préceptes fondamentaux de la religion musulmane.

L'atteinte la plus grave aux libertés élémentaires de toute personne est le drame de la condition féminine dans les pays musulmans. Du port du voile à l'interdiction de conduire, de la polygamie à l'absence de représentation dans la vie politique (mais pourquoi défendre les droits de personnes censées être en parfait accord avec les maris?), les femmes sont reléguées au rang d'être inférieurs. Le Coran ne laisse aucune ambiguïté sur cette hiérarchie: "Les maris sont supérieurs à leurs femmes" (II, 228) et "Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises" (IV, 38). Le port du voile connaît des pratiques variant beaucoup d'un pays à l'autre. Dans le meilleur cas, il ne recouvre que les cheveux, l'étape suivante est la dissimulation du visage en ne laissant paraître que les yeux dont l'expression ne trouble visiblement pas les mâles barbus. Pour poursuivre dans l'immonde, une invention diabolique a fait son entrée en scène: la grille devant les yeux. Enfin, le pire est atteint avec la dissimulation complète du visage par le voile. Explication officielle des docteurs de la foi: le voile protège la femme des propos et des regards masculins. Le Coran l'affirme effectivement: "O Prophète! prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, d'abaisser un voile sur leur visage. Il sera la marque de leur vertu et un frein contre les propos des hommes." (XXXIII, 57). L'oppression et le mépris de la femme trouvent une évidence supplémentaire dans la polygamie. Ainsi, dans un passage traitant du sort des orphelins, le Coran stipule: "Si vous craignez d'être injustes envers les orphelins, n'épousez que peu de femmes, deux, trois ou quatre parmi celles qui vous auront plu." (IV, 3). S'étonner que la possibilité pour une femme d'avoir plusieurs maris ne soit pas envisagée relève probablement du blasphème. Sur la question de l'héritage, le Coran fait preuve de la même clarté: "Dieu vous commande, dans le partage de vos biens entre vos enfants, de donner au fils mâle la portion de deux filles" (IV, 12). Mais le scandale atteint son apogée lors de la justification des coups qu'un mari peut et doit porter à sa femme: "Vous réprimanderez celles dont vous aurez à craindre l'inobéissance; vous les relèguerez dans des lits à part, vous les battrez; mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point querelle." (IV, 38). Quel respect avoir pour cette religion qui prône ouvertement la violence, qui relègue la femme au rang d'animal, de possession à la disposition du mâle? Le dégoût sied mieux à cette morale machiste.

L'autorité musulmane ne se contente pas seulement d'astreindre les femmes à l'obéissance absolue mais repose aussi sur l'esclavage. Le Soudan en est un des derniers exemples. Le sud du pays connaît une guerre civile entre, d'un côté, chrétiens et animistes réclamant l'indépendance et, de l'autre côté, le pouvoir islamiste. Comme dans toutes les guerres, le peuple en fait les frais et le pays est livré à la famine depuis 1983. Massacres, destructions de villages et de cultures sont le pain quotidien d'un peuple voué à l'impuissance. Mais les razzias sont aussi parfois des expéditions destinées à ramener dans le nord des centaines de soudanais en tant qu'esclaves. Le Coran ne s'émeut pas du sort des captifs puisqu'il recommande même de puiser des femmes dans ce vivier facile: "O Prophète! il t'est permis d'épouser les femmes que tu auras dotées, les captives que Dieu aura fait tomber entre tes mains" (XXXIII, 47).

Le conflit soudanais n'est qu'un exemple de la lutte contre les infidèles, qui regroupent les monothéistes non musulmans et les polythéistes. L'islam ne laissant aucune place à la différence, à la tolérance, l'infidèle doit disparaître: "Les fidèles et les incrédules sont deux adversaires qui se disputent au sujet de Dieu; mais les vêtements des infidèles seront taillés de feu, et l'eau bouillante sera versée sur leurs têtes. Leurs entrailles et leur peau en seront consumées; ils seront frappés de gourdins de fer. Toutes les fois que, transis de douleur, ils voudront s'en évader, on les y fera rentrer et on leur criera: Subissez le supplice du feu." (XXII, 20-22). La lutte contre l'infidèle connaît ses années de gloire dans les décennies 80 et 90 avec l'extension du rayon d'action du djihad islamique. Cette guerre sainte s'exprime par la manière terroriste: détournement d'avions, prise d'otages, attentats. Les morts se comptent par centaines. Les pays commanditaires et bailleurs de fonds sont essentiellement l'Iran et l'Arabie Saoudite, les plus fidèles gardiens du message islamique. Ainsi, le Coran déclare: "Tuez les partout où vous les trouverez, et chassez-les d'où ils vous auront chassés. La tentation à l'idolâtrie est pire que le carnage à la guerre." (II, 187), et, plus loin, "Combattez-les jusqu'à ce que vous n'ayez point à craindre la tentation, et que tout culte soit celui du Dieu unique." (II, 189). L'accusation d'idolâtrie concerne les chrétiens et autres croyants qui adorent des images de leur dieux. C'est encore au nom de cette guerre sainte que des gamins iraniens étaient envoyés au massacre lors de la guerre Iran-Irak (années 80). Mais un avenir (post mortem) meilleur leur était assuré: "Si vous mourez ou si vous êtes tués en combattant dans le sentier de Dieu, l'indulgence et la miséricorde de Dieu vous attendent. Cela vaut mieux que les richesses que vous amassez." (III, 151) et, "Ne croyez pas que ceux qui ont succombés en combattant dans le sentier de Dieu soient morts: ils vivent près de Dieu, et reçoivent de lui leur nourriture." (III, 163). Le même endoctrinement valait pour les auteurs des multiples attentats suicides que connut le Liban dans les années 80 contre les intérêts occidentaux. Cette folie généralisée n'a pas épargné le Bangla Desh en 1992 lors des représailles musulmanes suite à la destruction, en Inde, d'une mosquée du 16ème siècle par un groupe de fondamentalistes hindous.

Depuis 1997, avec l'arrivée au pouvoir de Mohammad Khatami qui passe pour un réformateur, une partie de l'Iran semble montrer un souhait de changement. En déduire un assouplissement du régime montrerait une réelle méconnaissance du quotidien iranien. En effet, en 1998, la justice iranienne a prononcé la condamnation à mort d'un citoyen allemand pour avoir eu des relations sexuelles avec une iranienne. La loi coranique l'interdit en effet si le couple n'est pas constitué de deux musulmans: "O croyants! ne formez de liaisons intimes qu'entre vous; les infidèles ne manqueraient pas de vous corrompre: ils désirent votre perte." (III 114). Le rejet du non musulman ne souffre aucune hésitation même pour une simple relation d'amitié: "O croyants! ne prenez point d'amis parmi les infidèles plutôt que parmi les croyants." (IV, 143). L'islam n'est que la religion de la haine, de l'exclusion, la différence n'y est pas permise et la mort reste la sentence la plus fréquemment envisagée, signe manifeste d'une pauvreté intellectuelle.

En Afghanistan, les Talibans donnent eux aussi chaque jour de nouvelles manifestations de leur faiblesse d'esprit. Leur monde se limite aux frontières afghanes, leur culture se résume au Coran. Ces barbares, issus de la partie sud du pays, milieu rural de l'ethnie patchoune, ont instauré la charia qui est la pire manifestation de l'islamisme. La femme reste la victime principale de cette idéologie sauvage mais les oléoducs et gazoducs qui traversent le pays effacent aisément la gène des pays industrialisés. Parmi les nombreuses absurdités émanant de ces étudiants en théologie, on note l'obligation du port de la barbe sous peine d'emprisonnement, l'obligation de prendre part aux cinq prières quotidiennes et la fermeture des commerces au même moment, l'interdiction de porter des vêtements occidentaux, la destruction de postes de télévision... Mais la bêtise a atteint des sommets en janvier 1999 quand le chef suprême des Talibans a appelé des milliers d'afghans à prier pour la venue de la pluie. La scène s'est déroulée dans le désert de Bagrami, aux abords de Kaboul. Le thème de l'eau source de vie est effectivement récurrent dans le Coran: "Il [Dieu] envoie les vents comme précurseurs de ses grâces. Nous faisons descendre du ciel l'eau pure, pour faire revivre par elle une contrée mourante; nous en désaltérons nos créatures, un nombre infini d'animaux et d'hommes." (XXV, 50-51). L'absence de précipitation pour l'année 1998 est-elle un signe que les Talibans ne sont pas en odeur de sainteté?

Un mode de pensée restreint au Coran, prétendant se suffire à lui-même, ne peut que difficilement supporter la liberté de penser, d'écrire, garantie nécessaire à l'amélioration de la condition humaine. Cette amélioration est absente des préoccupations religieuses, islam comme christianisme prêchant la résignation et la soumission. Salman Rushdie et Taslima Nasreen sont deux victimes de cette censure religieuse visant à l'imposition d'un unique cadre de pensée. Le courage de ces deux auteurs est à saluer, auteurs que les menaces musulmanes n'ont pas éloignés de leur engagement à clamer qu'aucune religion n'a le droit d'imposer sa loi à quiconque. Le refus islamique d'un savoir autre que musulman apparaît naturellement dans le Coran: "Vous dirai-je quels sont les hommes que les démons inspirent? Ils inspirent le menteur, l'homme plongé dans les péchés; les hommes qui enseignent ce qu'ils ont entendus: la plupart d'entre eux étant des menteurs. Ce sont les poètes, que les hommes égarés suivent à leur tour. (XXVI, 221-224).

Enfin, l'endoctrinement est quotidiennement utilisé pour inculquer cette religion de la violence. Que ce soit les heures interminables de lecture du Coran diffusées à la télévision ou les cours de religion, rien n'est négligé dans la greffe de la foi. Là encore, le Coran montre l'exemple. Ses 114 sourates ne sont qu'une litanie de répétitions axées autour de quelques thèmes chocs: disparition des infidèles, rappels des hauts faits de l'Ancien Testament avec les multiples colères divines toujours meurtrières, soumission du croyant dont la première manifestation de la foi doit être la crainte de ce concept appelé Dieu.

La lecture du Coran incline donc à une reformulation du terme "extrémiste". L'extrémiste est, par définition, un individu qui extrapole le sens d'un texte bien au-delà de l'intention de l'auteur. Or, les agissements des dénommés "intégristes" ne sont que la transcription en actes de l'idéologie de Mahomet. Les paraboles sont rares et le texte doit être pris dans son sens littéral, violent et intolérant. Il est temps de débarrasser ces militants musulmans du qualificatif d'extrémiste pour leur conserver leur caractère intégriste.



30 octobre 1999


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