Le renouveau chiite en Irak
Le départ de Saddam Hussein du gouvernement irakien a eu pour première conséquence de voir le renouveau de la ferveur religieuse des chiites ce qui a autorisé le Canard Enchaîné à titrer, le 23 avril 2003 : "En Irak, le Coran revient plus vite que l'électricité". Si l'armée des USA s'est dispensée de protéger le musée de Bagdad des pillages préférant se réserver pour des sites plus utiles à son goût, la régulation de l'attirance pour un gouvernement islamique s'avère plus problématique que la gestion des stocks pétroliers.
Vers le 22 avril 2003 des millions de pèlerins chiites se sont rendus à Kerbela, à pied, pour célébrer la mort du martyr Hussein. Une vieille histoire qui date de 680 mais qui marque encore les esprits. Hussein est le fils d'Ali, quatrième calife de l'islam et dont se réclament les chiites. Après une procession où chacun se frappe, se blesse pour mieux expier la faute des anciens qui n'ont pas porté assistance à l'imam martyr (des sévices similaires à ceux pratiqués dans les processions catholiques en Espagne pendant la semaine sainte), les pèlerins déversent alors des litres d'effusions lacrymales. Ce pèlerinage a impressionné par sa forte popularité qui témoigne de la ferveur intacte des chiites irakiens (13 millions de personnes sur une population totale de 25 millions de personnes).
Quelques jours après, le 26 avril 2003, un entrepôt de munitions explose à une vingtaine de kilomètres au sud de Bagdad et au moins douze personnes décèdent. Des manifestations accusent alors immédiatement les américains de négligence en scandant "Non, non à l'Amérique, oui, oui à l'islam".
La perspective d'un gouvernement islamiste chiite est d'autant plus fondée que la ville de Baaqouba, à l'extrême est de l'Irak, est, depuis la disparition du parti Baas, aux mains d'un parti islamiste d'inspiration iranienne.
Sources : Libération 22, 23 et 25 avril 2003, Yahoo actualités 26 avril 2003
5 mai 2003
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