La Mairie de Paris adepte du relativisme culturel pour la burka et le niqab




En plein débat sur la burka (qui masque entièrement le corps) et le niqab (qui ne laisse paraître que les yeux), alors qu'une fanatique reçoit une amende pour avoir conduit en niqab, l'Institut des Cultures d'Islam de Paris (19, rue Léon) vient d'effectuer un pas supplémentaire vers le relativisme culturel face à l'obscurantisme musulman. Ce "machin" a été créé par la Mairie de Paris dans un quartier qui gagnerait plus à être débarrassé de l'emprise islamique qu'à y développer le scoutisme musulman (vidéo de France 2, 21 mars 2010), et c'est en présence d'une chose revêtue d'un niqab noir qu'a été projeté le documentaire d'Agnès De Féo "Sous la burka" mercredi 28 avril 2010. Les deux femmes en niqab initialement prévues s'étant décommandées, c'est Karima (31 ans dont 16 ans de niqab) qui a participé au débat après le film en compagnie de la réalisatrice et du sociologue des religions Raphaël Liogier, clône de Vincent Geisser. Karima, non gantée, n'est pas une femme austère et triste : une grande robe rose apparaît amplement sous son linceul noir et, sommet de la tolérance, elle parle aux hommes de l'assistance.

Mais avant que débute la séance, dès la lecture du dossier de presse, la stupeur est à son comble : l'auteure du documentaire "réalise la complexité de ce symbole, interprété à tort en Occident comme une soumission féminine, alors qu'il est pour les femmes qui le portent une manière de s'affirmer socialement." Par quelle manipulation cérébrale s'affirme-t-on socialement en se soustrayant à la vue d'autrui, en empêchant tout rapport social avec l'autre, celui qui n'appartient pas à la tribu, en faisant perdurer un ordre machiste né de la peur, masculine, du corps féminin ? Phobie du corps et impossible relation à l'autre. Rester entre soi pour ne plus être. La présentation du film sur le site de l'ICI dit aussi : "Il révèle un autre rapport à la féminité, au corps et au regard de l’autre." La projection du film a donc permis de constater jusqu'à quel point peuvent être distordues les notions de respect, de féminisme, de sociabilité.

Trois types d'intervenant(e)s ont été sollicitées dans le documentaire pour convaincre que, finalement, la burka et le niqab ne seraient qu'une tenue vestimentaire comme une autre : les sujets de l'étude, l'observatrice compatissante et le savant. La première catégorie est constituée de femmes de 19 à 52 ans, vivant en France, portant le niqab ou la burka. L'observatrice en quête de vérité est une artiste, Bérangère Lefranc, qui pendant un mois a revêtu, en toute circonstance, un voile intégral de sa conception. Enfin, l'islamogauchiste de service est Raphaël Liogier, directeur de l'Observatoire du religieux et nourri au biberon œcuménique de Bruno Etienne.

Les femmes entièrement voilées

Pendant 52 minutes, les femmes voilées s'échinent à expliquer qu'elles ne sont soumises à aucun ordre patriarcal, que c'est leur choix, leur liberté ("je ne me suis jamais sentie aussi libre"). Pour l'une, obliger, en France, à enlever ce drap serait de la "dictature" au même titre que son imposition forcée dans les pays du Golfe. Le documentaire est un incessant détournement sémantique : "je suis une vraie, vraie, vraie, féministe." La soumission aux mâles ? Toutes assurent qu'il n'en est rien mais si l'une admet d'être soignée par un homme quand aucune femme médecin n'est disponible, une autre rejette cette possibilité. Une autre : "quand mon mari est avec ses copains, je les salue et je baisse la tête." Et quand le mari est infidèle, une seule solution : se faire belle pour le garder, ce qui entretient une culpabilisation inconsciente de la femme et donne raison au mari volage.

Mais voir le monde à travers un filtre ne suffit pas toujours et il importe parfois d'inverser les sens pour se convaincre du contraire de ce qu'on voit. Ainsi, l'une des femmes interrogées est persuadée que les filles sont réellement indépendantes et que, dans les cités, le pouvoir des frères n'est plus une réalité : rejeter l'observation lucide du réel pour lui préférer la conviction aveugle est la définition de l'acte de croire. Pour en venir aux fondements religieux, une jeune femme sait que porter le voile est imiter les habitudes des femmes de Mahomet, et, similairement, porter la barbe s'impose aux hommes pour imiter le "Prophète" lui-même. La liberté dont toutes se réclament connaît pourtant une limite radicale : "on n'a peur de rien, on n'a peur que de Dieu".

L'artiste compatissante

Pour connaître, ressentir et vivre à l'identique des femmes voilées, Bérangère Lefranc a choisi de tenter l'expérience. Pendant un mois, elle s'est immergée dans un linceul violet foncé de sa création et son sentiment frôle l'extase : "ces femmes-là, je les admire". Négation du corps et de la beauté ? "Je me suis senti très belle plus d'une fois" avec le niqab, déclare-t-elle très fière. Et elle aussi n'aime pas les machos, bref, une autre "vraie" féministe...

La caution intellectuelle

Enfin, il convenait de dénicher une analyse sociologique pour faire de la soumission volontaire à l'obscurantisme religieux un particularisme respectable. Raphaël Liogier, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence, est ce Messie; signe de son engagement croissant auprès des musulmans militants, il est intervenu au congrès annuel de l'Union des Organisations Islamiques de France en avril 2010 sur le thème "la République est-elle compatible avec la modernité" (cf. programme). Comme il suffit de défendre une cause (n'importe quelle cause) pour être propulsé "intellectuel engagé", un Liogier professoral va délivrer sornette sur sornette pour que les adeptes du niqab et de la burka disposent d'un "idiot utile" supplémentaire. La stratégie du film résidant dans l'imposture sémantique, le sociologue commence par accuser de misogynie les opposants au voile et ne craint pas de citer Simone de Beauvoir pour garantir son propos. Le fin analyste des pensées féminines tapies sous le voile se fait plus précis, et plus coquin : il y aurait dans la burka et le niqab un "érotisme externe" qui fait fantasmer les hommes du monde extérieur, et un "érotisme interne" pour plaire et exciter le mari. On dirait du Malek Chebel. L'une, en niqab vert sombre, avoue affectionner, pour le plaisir de son mari, mini-jupes, dentelle, soie, strings, nuisettes. Sans oublier de changer souvent de parfum car "Allah aime la beauté" et il faut absolument "plaire à Dieu". Fort de cette observation intime de la femme voilée, le sociologue décrète que ces femmes ne sont pas islamistes, elles sont simplement "dans l'hypermodernité où on veut se distiguer". Rien de plus.

La thèse soutenue à l'ICI est donc que ces femmes ne sont soumises à personne et que l'acte, du simple fait de sa revendication, est l'expression d'une liberté. Pourtant, toute étude sociologique sérieuse se doit d'évaluer la validité statistique de son étude en examinant au préalable les biais méthodologiques. Et ici le biais est majeur : par définition, Agnès De Féo et Raphaël Liogier n'ont eu accès qu'à celles des voilées qui 1/ sortent de chez elles, et 2/ acceptent de s'exprimer sur leur adoption du voile. Quid de celles que le mari retient chez elles, de celles qui n'ont de vie sociale que l'expédition extradomiciliaire pour faire le marché, ou ne s'expriment pas en français et sont dépendantes linguistiquement et économiquement du mâle ? En niant, ou minimisant fortement, leur existence, De Féo et Liogier s'en font aussi les fossoyeurs. Que les femmes rencontrées, et étudiées, soient des personnes instruites, plutôt ouvertes, qui ne se déplacent pas le couteau entre les dents pour pourchasser l'infidèle n'est pas contestable; toute aliénation n'est pas nécessairement dangereuse pour autrui et il n'y a rien de plus aimable que certains allumés perdus dans des univers mystiques. On peut donc expliquer l'empathie de De Féo et Liogier pour leurs sujets mais se convaincre que ces cas ne sont pas isolés et qu'ils sont représentatifs de la dissimulation des femmes en terre islamique est une dangereuse hallucination qui occulte celles réduites au silence. On attend avec impatience leurs pieuses analyses sur les crimes d'honneurs, les mariages forcés, les châtiments corporels des femmes (verset 34, sourate 4) qui ne sont que d'autres composantes du totalitarisme masculin en milieu islamique, dont la burka est une des déclinaisons.

Cette illusion d'un féminisme islamique participe du relativisme culturel prisé par la gauche bobo ; on nie la composante psychique de la phobie du corps (son propre corps) pour la travestir en spécificité culturelle. Le socialisme parisien n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut : un bas racolage dans lequel les principes ploient devant les exigences égoïstes de chacun, où le sourire marchand de l'élu remplace la fermeté dans la défense des acquis que des générations de féministes et de laïques ont obtenus, maintenus, consolidés en défilant sur un pavé que ne fréquentent pas les snobs.

Les accusations de racisme, de stigmatisation, de discrimination, d'irrespect (quoi d'autre encore dans cet inventaire ?) sont à verser ici : .

Prochaine projection le lundi 10 mai à 20h à l'Institut des Cultures d'Islam. Il est nécessaire de réserver pour être assuré d'avoir une place. Le film est visible en grande partie (39 minutes sur une durée de 52 minutes) sur dailymotion.


29 avril 2010


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